J'étais angoissée comme je ne l'avais jamais été. L'heure filait affreusement vite et je maudis la surveillante lorsqu'elle cingla d'un ton sans appel :
- Déposez vos stylos, votre temps est écoulé. Vite !
Je me dépêchai de relire mes copies, vérifiant une dernière fois mes réponses avant d'assembler le tout dans le bon ordre et de le tendre à la dame qui faisait les rangées. Je soufflai un grand coup, le dos raide et des douleurs cervicales s'annonçant.
Après la pression accumulée et de longues heures de révisions acharnées, les partiels s'étaient enfin pointés. Mon cerveau était au bord de l'implosion sous le poids de toutes les définitions, schémas et autres que je m'étais forcée à parcœuriser. Étonnamment, malgré la fatigue je me sentais bien. Comme si déverser toutes ces définitions sur les copies avait quelque chose de libérateur. Ne restait maintenant que l'appréhension des résultats.
Je soufflai encore plus lourdement en ramassant mes brouillons, les fourrant ensuite dans mon sac que je jetai dans mon dos. J'attendis sagement comme à mon habitude que la porte soit libre pour sortir. Je traversai les couloirs ignorant les commentaires.
Je n'aimais pas ça.
Je ne voulais pas me rendre compte d'une erreur ou même que l'avis de quelqu'un puisse insuffler le doute par rapport à l'une de mes réponses. Non, mon stress frôlait son sommet et je n'avais pas besoin de pire.
Mon ventre se plaignit lorsque je passai devant le restaurant universitaire, je consultai alors le tableau d'affichage du plat du jour et je salivai en lisant le menu.
C'était un yassa (NDA: sauce au poulet accompagné de riz). Sachant que c'était assez exceptionnel, je rentrai dans le réfectoire où des étudiants faisait déjà la queue. J'achetai un ticket et en me plaçant au bout de la file, je vis un jeune homme me regarder avec un sourire qui se voulait peut-être avenant mais qui ne me provoqua qu'un froncement de sourcils. Il prit son plateau et rejoignit son groupe d'amis, enfin je suppose que c'étaient ses amis.
Je le trouvai bizarre.
Mon tour arriva. Je présentai mon ticket à la différence de certains qui disposaient d'une carte à renouveler tous les semestres. On me l'avait proposé pour éviter les longs trajets, sachant que je rentrais tous les midis, sauf les lundis, pour déjeuner à la maison et ensuite revenir à quinze heures, mais je préférais la cuisine de maman qui était bien mieux même si celle-ci n'était pas désagréable. J'avisai une table non-occupée, plateau en main.
Le restaurant était assez grand. Des tables plus ou moins longues avaient été disposées en rangées et les assises, sans dossiers, étaient de part et d'autre de la longueur. Cependant, la matière était aussi froide que le marbre et je ne m'y plaisais pas trop. J'attaquai mon repas goulûment. C'était vraiment bon, je gémis même de bonheur au goût assaisonné du poulet.
- Ow doucement quand même ! Sinon, le poulet vas fuir à force de le massacrer ainsi !
Je fermai instantanément les yeux.
Je l'avais presqu'oublié celui-là.
Je me tournai vers Nicolas dont les lèvres étaient tirées par un sourire mutin, presque fier de sa blague, qui, soit dit en passant, était des plus stupides.
Non, je n'étais pas vexée du tout.
Il prit place en face de moi. Son visage témoignait d'une fatigue dévastatrice. Je me dis que je devais faire cette même tête à peu près, mais à l'inverse de lui, je n'étais pas du tout d'humeur aux taquineries.
- Comment se sont passés les partiels ? Tu penses avoir dans quelle intervalle de moyenne ? Moi je crois que je m'en suis pas mal sorti, enchaîna-t-il.
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Inattendus
Teen FictionVide. Une fille vide, voilà ce que révèle son miroir lorsqu'elle s'affronte à son reflet. À 22 ans, Léna est différente. Elle est renfermée dans sa bulle depuis cet événement qui la marquera sûrement à vie. Chaque chose, dans sa vie, avait une place...