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La grimace qui s'affichait sur le visage de Jonathan devint rapidement un sourire et instantanément, peut-être par automatisme, mes lèvres s'ourlèrent. Il me parut nettement plus détendu en répondant, passant l'entrée :

- Bonsoir, tu m'as manqué... minauda-t-il.

Je le vis prendre pour la première fois une moue mignonne, presque enfantine qui contrastait avec ses traits masculins, mais qui me plût beaucoup.

- Toi aussi tu m'as manqué, consentis-je à avouer.

Il eut un grand sourire, ce fameux sourire à fossettes diablement attirant, puis présenta sa tenue. Il portait un pull simple de couleur jaune poussin sur un jean non-troué, un T-shirt blanc, sûrement démesuré, dépassait de son haut.

- J'ai pensé à porter une chemise blanche, commença-t-il, préoccupé, mais je me suis dit que ça ferait genre entretien, aussi ce ne serait pas une bonne idée par ce froid, on se les pèle vraiment. C'était sans compter sur Nico, il critique tout et n'importe quoi ! Puis j'ai pensé à-

- Tu es beau.

Ces mots étaient sortis de ma bouche sans autorisation, coupant Jonathan dans sa tiraille et je m'étais surprise à verbaliser mes pensées sans aucun filtre. Coupable et surtout gênée, je me mordis la lèvre tandis que le jeune homme en face de moi me fixait, un sourire apparaissant soudainement au coin de ses lippes.

- Merci, souffla-t-il finalement. Tu es belle aussi, magnifique même.

- Avec cette robe qui est de loin la plus simple que j'ai dans mon armoire ? fis-je sarcastique, survolant des yeux ma robe bordeaux à fleurs.

- C'est ça justement. La simplicité ne rend ta beauté que plus pure.

Le ton qu'il avait employé me fit rapidement remonter les yeux vers les siens. À cet instant, sous la luminosité réduite de notre perron, au beau milieu de ces pots de fleurs, ils brillaient d'une lueur inconnue que j'avais du mal à définir mais pourtant si saisissante que l'on passa un temps indéfini à se fixer.

Je finis par déglutir, un sentiment étrange bougeant au fond de ma poitrine, comme réveillé par l'expression qui animait son visage à lui. Il détourna son regard pour détailler la multitude de plantes dans les alentours.

- C'est vraiment coloré ici, observa-t-il pour faire passer la tension qui envahissait l'air.

- C'est ma maman qui s'en est occupé. Elle a une obsession pour les fleurs, je crois.

Jonathan rit un peu et après quelques minutes de silence où il ficha ses orbes sur la porte d'entrée, il lança :

- On y va ? Si je dois me faire déchiqueter ce soir, autant qu'on en finisse vite.

Cette tentative tira à peine mes lèvres, de nouveau en proie à l'appréhension, et je me décalai pour me diriger vers l'intérieur. J'avançai vers la cuisine-salle à manger. Et, alors qu'elle sortait les verres du placard, maman se retourna avec une mine avenante bien que son visage soit dépouillée d'un sourire, fatiguée.

- Bonsoir, lança doucement Jonathan avec un sourire poli.

Elle répondit contrairement à Abdel qui se muait dans le silence.

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