~18~

22 6 14
                                    

- Lève toi ! Je vais pas passer des plombes à te réveiller, il est sept heures passées là.

Une voix perçait mon sommeil, déchirant l'atmosphère cotonneuse sur laquelle je flottais si rarement.

Je me refusai de la quitter :

- Juste cinq minutes...

- C'est ce que t'as dit y a cinq minutes, rétorqua-t-elle, j'suis pas ta nounou, Léna.

Je grognai en bredouillant des mots tout bonnement incompréhensibles. Mais dans le bruit de l'armoire qui s'ouvrait, du grand soupir exaspéré que mon aîné venait de lâcher, je perçus une porte claquer puis une autre voix en fond qui semblait avoir dit :

- Toujours pas rév... attends je...quoi faire.

Les paroles étaient entrecoupées par des crissements, comme si le monde du songe se fissurait lentement, laissant passer une traînée de lumière qui m'aveuglait malgré mes paupières tenues désespérément closes.

Ne t'en vas pas, ô grand monde douillet !

Alors que tout se volatilisait, que les sons me paraissaient un tantinet plus clairs, des pas s'approchèrent avant que je ne sente de petites gouttes échouer sur ma joue. Je grimaçai à cette sensation désagréable, j'émis l'ébauche d'un grognement mais ça ne s'arrêta pas. Je bougeai dans les draps, cherchant à y échapper. Mais les gouttes devenaient plus grosses, me suivant malgré que je levais le bras pour m'en protéger.

C'était quoi ça ?

La pluie ? À l'intérieur de la maison ?

Quand même pas... Je délirais clairement là.

Je risquai un coup d'œil tandis que le liquide froid me faisait frissonner, descendant vers mon cou. Mon regard rencontra celui amusé de Dani, un glaçon à la main, penché au dessus de moi, et un sourire amusé collé aux lèvres. Durant un court instant, je me demandai s'il était vraiment là.

Ses gestes de figèrent lorsque je touchai la peau de son visage parfait avant qu'il ne se reprenne :

- Allez debout !!!

Il était vraiment présent alors ; son cri était bien trop perçant pour appartenir à un mirage.

Sa voix claqua, me tirant définitivement du sommeil et je le repoussai alors qu'il continuait à crier à tue-tête. Je finis par me relever, supportée par les coudes avec un regard hagard en lui faisant des reproches.

- Abdel fait quelque chose !

- Non, je n'entre pas dans vos bails, je finis toujours seul dedans, se déroba-t-il.

- T'es le pire frérot de l'univers, sache-le.

- Encore heureux.

Pourtant je vis un rictus amusé barrer ses lèvres alors qu'on se chamaillait puérilement Dani et moi, fin prêt, il lâcha en fermant la porte :

- Sept heures trente, Léna, fais vite je dois passer à l'université aujourd'hui, on y va ensemble.

J'acquiesçai silencieusement en sortant du lit, tout en lançant un coup d'œil torve à mon ami d'enfance qui restait debout en me fixant avec une mine mutine.

- T'as rien d'autre à faire ? interrogeai-je, essayant tant bien que mal de plier ma grosse couette avant de prendre mon cellulaire.

- Si, je ne sais juste plus comment on se prépare pour aller à l'école, répondit-il.

- Tu comptes venir avec moi ? fis-je, surprise.

Il hocha la tête.

- D'accord, acquiesçai-je seulement.

InattendusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant