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Assise sur un banc public en face d'un espace enfants, je regardais le grosse boule dorée s'évanouir au dessus de la cime des arbres. Bientôt, elle laissera place à un croissant lunaire accompagné d'étoiles pour peupler le ciel. J'observais le décor, les mains agrippant fermement mes genoux.

Ces phrases, ce paragraphe, ça donnait une impression de déjà-vu, non ?

Sauf que le soleil qui disparaissait au loin, ne céderait pas sa place à la lune. L'atmosphère était chargée d'une chaleur humide qui m'avait poussé à porter une robe à bandes bleu et rose en coton et les nuages lourds de pluies menaçaient de se déverser à tout moment. Pourtant, il y avait un bon nombre de personnes dehors, sortant de chez elles malgré le temps dégradant. C'étaient pour la plupart des parents accompagnant leurs enfants, des adolescents nonchalamment assis sur un banc à discuter en groupe ou juste des personnes âgées se dégourdissant les jambes, mains croisées sur le dos, égrenant leur chapelet.

Je frottai encore mes mains moites. J'étais en proie à l'appréhension.

Je ne savais pas pourquoi j'étais là, en fait.

Ma révision étant une tentative vaine à partir du moment où j'avais reçu cette notification, j'avais passé toute la nuit à hésiter sur ma réponse, l'écran de mon smartphone allumé sous les yeux, seule source de lumière dans la pénombre de ma chambre. Je lisais et relisais son message, le fixant comme s'il y avait quelque chose à y décrypter. Je ne savais pas quoi en penser.

Mais j'avais promis cette nuit-là, à la boîte, que je ne le fuirais plus. J'avais bêtement donné ma parole. Maintenant, je regrettais amèrement.

Comment avais-je pu croire prendre la bonne décision ?

J'avais ruminé jusqu'à une heure du matin, tapotant sur mon clavier sans être satisfaite de ma réponse, avant de finir par écrire ces mots qui me semblèrent potables :

« Oui, je suis partante »

J'avais éteint le téléphone avant de le plaquer contre ma poitrine, mes battements de cœur s'étant affolés dès lors où j'avais appuyé sur la touche "envoyer".

J'avais été stressée, apeurée. J'avais pleinement conscience qu'accepter cette invitation ouvrirait une autre porte. Je devrais être confrontée au son de sa voix, à sa froideur habituelle et pire que tout, à la brûlure de ses pupilles sur ma chair.

Qu'est-ce qui me prenait tout d'un coup ?

Je n'allais vraiment pas bien ces temps-ci pour prendre de telles décisions.

Mon téléphone m'avait fait sursauter en vibrant contre moi.

C'était lui.

J'avais cliqué sur le contact puis lu :

«Ok, alors rendez-vous demain, dix-huit heures, à la place publique de Grand Yoff»

Un autre s'en était suivi :

«Bonne nuit, Léna»

La possibilité que lui aussi, avait été scotché à son mobile, à cette heure de la nuit, attendant un retour m'avait rassuré plus que de raison. J'avais ainsi réussi à m'endormir, mes paupières lâchant maintenant que j'étais fixée. Sans surprise mais avec effroi, j'avais retrouvé mes cauchemars nocturnes.

Toute la journée du vendredi, je m'étais mise à y penser, sans cesse. Je parvenais à peine à me concentrer. J'avais rencontré l'énergumène dans les couloirs de l'université, il avait eu un sourire en coin mutin accompagné d'un haussement de sourcil quand je l'avais accusé d'avoir donné mon numéro à Jonathan.

InattendusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant