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Je grimaçai en bougeant sur ma chaise de bureau. Je conclus une dernière hypothèse, revenant pour apporter des éclaircis sur les points qui paraissaient pas assez clairs dans mes brouillons pour enfin m'atteler à tout récrire proprement.

Il fallait que ça soit impeccable. Il était hors de question que je laisse Mr Badji prendre un malin plaisir à coller une autre mauvaise note sur ma copie.

Le dernier devoir avait été catastrophique.

Oui, j'avais eu la moyenne. Oui encore, c'était l'une des meilleures notes. Mais non, je ne pouvais me résoudre à avoir un douze dans une matière aussi déterminante.

Cette soudaine volonté de décrocher une meilleure moyenne en anatomie m'engorgea d'énergie. Je gardais le dos droit en recopiant le travail, je relus le tout avant de les mettre soigneusement dans mon sac déjà prêt pour les cours du lundi. Je révisai les autres matières et m'arrêtai exceptionnellement sur les cours de Mr Dabo.

Je m'en voulais de ne pas accorder autant de temps à cette matière que j'en donnais à celle de Mr Badji mais elle était bien moins difficile et le prof beaucoup moins ardu.

Dabo passait carrément pour un ange à côté de Badji.

Je mis un point final à mon travail puis me levai de ma chaise de bureau afin de me chercher une bouteille d'eau dont je bus la moitié en la sortant du frigo. De retour dans la chambre, je trouvai une Aline à peine réveillée, les cheveux en vrac, la trace des draps sur la joue.

Elle s'étira comme un félin avant de sortir du lit en bredouillant un "salut", rejoignant aussitôt la salle d'eau. Je tirais les rideaux pour aérer la pièce mais les rayons solaires ne m'accueillirent pas. Ce furent plutôt des nuages gris, lourds de pluies, qui me sourirent.

Il pleuvra, pensai-je.

Je consultai la météo, et effectivement, une pluie battante était en perspective et je m'en réjouissais davantage.

Aline sortit enfin de la douche, les gouttelettes tombant de ses cheveux pour longer son visage puis son cou avant de mourir dans la grande serviette d'un blanc immaculé qui couvrait son corps. Elle fouilla dans mon armoire sans scrupule puis y dégota un jogging et un de mes tee-shirts démesurés pour les enfiler, jetant la serviette dans la première chaise venue, se dévoilant ainsi en sous vêtements.

Elle n'était pas pudique.

Nan mais, du tout.

Mais je commençais à en avoir l'habitude. Mes yeux innocents ne s'en insurgeaient plus.

Dans le silence, elle traîna ensuite ses pieds derrière moi, en direction de la cuisine pour manger. Je grognai de mécontentement en ouvrant le placard au dessus da la cuisinière.

Plus de céréales.

Je pensai à aller à la supérette m'acheter mon paquet d'Everyday mais elle était à trente minutes à pied de la maison. Le temps d'y être mon ventre m'aurait déjà fait des siens. Je me résolvai donc à prendre du pain pour ce matin et activai la machine à café avant de tartiner une baguette.

- Beurre, mayonnaise ou confiture ? demandai-je à mon amie alors qu'elle se prélassait sur l'îlot central, assise sur une chaise haute et le téléphone sous le nez, visitant ses réseaux.

- Des oeufs brouillés ? marmonna-t-elle.

Je la regardai d'un air blasé avant d'aviser la tablette d'œufs.

- Tu es un ange...

Je souris face à sa bouille en acquiesçant.

Du pain et une tasse de café comme elle l'aimait sous les yeux, son air grognon du matin s'effrita rapidement. On prit le petit déjeuner en silence. Je mâchais lentement ma nourriture, buvant mon café au lait de temps à autres. Mes pensées se perdirent dans les images de la veille, me rappelant ma discussion avec Jonathan.

InattendusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant