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Un mois.

Quatre semaines et poussière.

Trente-et-un jours.

Combien d'heures, de minutes ? Et de secondes ? Devais-je les compter aussi ?

J'avais la flemme quand même...

Mais le temps s’écoulait cruellement vite. Un mois depuis le jour où j'avais revu ce Jonathan. Et il me semblait que ce n'était que la semaine dernière. L'angoisse s'était tassée mais il en restait des séquelles. Je me demandais incessamment quand est-ce qu'il referait son apparition pour chambouler ma vie. Ça semblait être son fort. Il avait su tenir ce rôle du grand type, chamboulant mon existence. Je lui en voulais tellement pour ça...

À part lui, il y avait quelqu'un d'autre. Nicolas, allias l'énergumène. Le fait même de penser à lui me fatiguait. Lorsqu'il avait pris mon portable, il avait effectivement composé son numéro mais il avait fait autre chose. Quelque chose que je n'avais pas du tout apprécié et que je n'avais pas manqué de lui faire remarquer.

Il avait pris mon numéro.

Ça ne m'avait pas plu, nan mais du tout. Cependant, en voyant sa mine penaude, lorsque je l'avais
apostrophé pour le lui reprocher, je ne m'étais pas étendue sur le sujet. Ce que j'avais très vite
regretté quand il avait commencé, à l'image d'Aline, à m'envoyer beaucoup de messages. Trop de messages. Là aussi j'avais laissé passer. J'étais vraiment tolérante ces temps-ci. J'avais alors changé son nom de contact. À la place de "SUPER NICO" qu'il avait pris le soin d'écrire en grands caractères,
j'avais mis "Super Énergumène".

Ma routine, comme je m’en doutais, se déréglait. Et je ne faisais rien pour empêcher cela. Même si ça me faisait affreusement peur, une part de moi le voulait. Profondément. J'avais l'impression que la perche que je désirais secrètement me parvenait enfin. L'espoir renaissait de ses cendres. Et c'était aussi effrayant que réjouissant.

– BOUH !!!

Je sursautai comme une dingue. La main sur le cœur, je me tournai vers mon amie qui riait sous mes yeux écarquillés.

– Non mais, hé ! t’es pas bien de faire ça !

Elle semblait être prise d’un fou rire, non mais clairement hilare. Sans comprendre cette seconde
réaction, je la rejoignis dans son hilarité.

– Tu vas me tuer un jour, sérieux, me plaignis-je alors qu'elle se laissait tomber sur son petit lit sur lequel j'étais moi-même installée.

– C'était trop tentant, rit-elle.

Je lui administrai une petite tape sur l’avant-bras alors que je m'attelais à discipliner les battements de mon cœur.

J'étais, en ce jeudi, dans la chambre d'Aline. Elle avait insisté pour que je lui rende visite alors je n'avais eu d'autre choix que de m'aménager pour pouvoir venir après mes cours. J’avais laissé Abdel s’occuper du dîner, Maman devait rentrer relativement tard. Il s'en était un peu plaint. Mais il s’envoulait toujours à mort de ne pas avoir donné de nouvelles le week-end où j’avais été malade alors il voulait se rattraper… Et puis, il n’allait pas du tout cuisiner ; ça je pouvais le garantir. Il allait surement commander le plus gros menu de Chez Ouly.

En arrivant chez Aline, j’avais trouvé tout un monde devant la télé dans la véranda. Un match avait l’air d’y passer et les jeunes qui le suivaient étaient si absorbés qu’ils n’avaient pas fait attention à moi. Ils étaient bruyants alors je ne savais pas trop quoi faire. Ils m’auraient entendu si j’avais salué ?

La demeure d’Aline était de celles hyper accueillantes que tous les jeunes du quartier fréquentaient. Je n’étais pas franchement à l’aise dans cette ambiance. C’était sûrement pour ça qu’Aline venait plus chez moi que je n’allais chez elle.

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