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Je restai droite comme un i, refusant de me retourner sous le regard curieux d'Aline.

Non. Je ne voulais pas le voir. Surtout pas me confronter à ses yeux.

Pourtant, une main ferme prit mon bras. Je sursautai furieusement et me retrouvai devant lui. Je voulus m'enfuir mais sa poigne ne me quittait pas. Je jetai un regard suppliant à mon amie pour qu'elle réagisse mais elle était perdue dans ses pensées, cherchant sûrement à se remémorer ce personnage.

- Je te trouve enfin, souffla sa voix grave qui me fit frissonner.

Ça faisait si longtemps que je ne l'avais pas entendu de si près. Les émotions et les souvenirs me revenaient en pleine face. Je remuai la tête pour les chasser. Je tirai sur mon bras et il le lâcha directement, à ma grande surprise. Je frottai mon membre emprisonné plus tôt. Je n'avais pas mal, mais il y avait la sensation de ses doigts sur ma peau. Une empreinte chaude qui se répandait, longeant mon bras pour conquérir tout mon être.

C'est à ce moment-là que Nicolas se pointa, des verres à chaque main et s'exclama en nous les tendant :

- Ah, t'es déjà là, Jo !

Dès lors, le visage d'Aline s'illumina.

Elle s'en souvenait.

Elle consentit enfin à rencontrer mes orbes alors que je refusais la boisson et que l'énergumène haussait les épaules avec nonchalance. Il gardait un sourire satisfait sur le visage mais pas aussi béat que d'habitude. Il y avait quelque chose de bizarre dans son rictus et puis, il connaissait Jonathan.

Des éléments apparurent dans ma tête : le coup du numéro, mon prénom qu'il connaissait sans me dire où, l'invitation, la présence de Jonathan ici.

Et si...

Dieu du ciel.

Je tentais désespérément de transmettre toute ma détresse à mon amie à travers mon regard. Cependant, le sien se tourna vers celui de Nicolas, ils semblèrent échanger silencieusement. J'eus l'impression qu'une connexion inexplicable les liait bien qu'ils venaient juste de se rencontrer. Et là, quelque chose se passa. Ce fut fugace, un hochement de tête discret et Aline cria un peu maladroitement pour couvrir la musique et tendit son verre intacte à Jonathan :

- Je n'aime pas trop le coca. Tu n'as trouvé que ça, Nicolas ?

Ce dernier répondit non d'un air qui se voulait naturel mais qui fut presque théâtral.

Je le trouvai soudainement traître et si faux.

J'essayais inlassablement de recroiser le regard de mon amie. Alors que je m'avançais vers elle, prête à la prier de me sortir d'ici, de m'éloigner de ce lieu même si pour ça je devais affronter ce monde ayant rempli la boîte, que je sentais Jonathan effectuer un pas plus près de moi, elle annonça :

- Tu m'accompagnes au bar alors, tu me recommanderas la meilleure boisson !

L'énergumène acquiesça en lui présentant sa main. Je fronçai davantage les sourcils en agrippant mon amie qui ne fit que souffler un :

- Je sais que tu paniques grave, mais il ne te fera rien. Il est temps de régler ça, Léna. Courage et ne fuis pas.

Qu'est-ce que ?!

Elle n'était pas en train de m'abandonner, si ?

Peinant à comprendre, je m'affolai en la voyant partir, se noyant dans le décor sans un regard en arrière.

Traîtresse.

Elle disparut enfin dans la foule endiablée qui dansait sous les spots lumineux, sa petite taille ne diminuant en rien sa prestance.

InattendusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant