Inattendus

~27~

Après les exams, comme si Nicolas se faisait un sang d'encre pour organiser une soirée à chaque fois, je reçus une invitation pour une soirée au fameux Nawutaraan. Il se donna tous les moyens et argumenta bien plus qu'Aline pour que j'accepte de venir.

Ce fut dur de me faire dire oui. Je refusai, les ignorai, lui et mon amie, j'eus même à bloquer leurs numéros temporairement.

Et tout ça, juste pour la forme.

J'vous jure.

Pour tout vous dire, j'avais été encline à y aller, surexcitée même. Parce que Jonathan aussi y allait.

Je me découvrais des talents d'actrice incroyables.

L'idée que, cette fois-ci, la soirée pourrait être bien meilleure que la précédente me rendait impatiente. Les choses seraient différentes, il n'y avait pas de raison pour qu'elles ne le soient pas.

Mon amie fut surprise quand je lui proposai de s'acheter de nouvelles tenues. Alors, on se retrouva une matinée que nous avions de libre sous un abris bus en direction du centre. On s'amusa comme des petites folles à faire le tour de dizaines de boutiques, à essayer tout et n'importe quoi et discuter les prix avec les vendeurs.

Nous étions pour le moins insupportables aux yeux de certains parmi eux.

Puis devant un miroir, dans un magasin quelconque du marché, alors que j'avais sur moi la robe que je comptais porter, Aline qui était dans mon dos me fixa à travers la glace et lâcha :

- C'est magique... Je ne t'ai jamais vu aussi lumineuse...

- Oui, lui répondis-je avec un sourire, je suis si heureuse...

Elle me fit me retourner à demi et s'exclama :

- Je rêve ou tu as fait exprès de rimer ?

- Je ne l'ai pas fait exprès ! ris-je.

On éclata bêtement de rire en se prenant dans les bras l'un de l'autre. On s'éclata encore longtemps, achetant des choses ridicules ou sans importance, avant de finalement quitter le marché.

- Je ne me suis jamais autant amusée à faire des achats de ma vie, soupirai-je alors qu'on sortait définitivement du marché.

Le soleil tapait légèrement sur nos têtes et le ciel était bleu et dégagé comme jamais. Nous n'aurions pas pu trouver une meilleure journée pour notre activité d'aujourd'hui.

- J'adore faire les boutiques mais j'avoue que c'est carrément mieux avec toi, acquiesça Aline. On devrait le faire plus souvent, tu penses pas ?

- Si, j'aimerais bien.

On échangea encore un moment des banalités avant que chacune n'arrête un taxi pour retrouver sa demeure, non sans s'être données une dernière accolade.

Dans la voiture, je reçus un message de Jonathan. En tentant de réfréner le rictus niais qui voulait percer mes lèvres, j'y répondis.

Le temps avait beau passer avec une rapidité déconcertante, je ne le sentais pas vraiment. J'étais toujours dans mon petit nid de bonheur où tout se passait à merveille. Il m'arrivait parfois de m'arrêter devant le calendrier. Et en voyant la date, je recevais un énorme éclat de lucidité. Je me rendais compte que l'heure, les jours et les mois ne m'attendaient pas. Le temps n'en avait que faire de ma vie.

De mon côté, tant que tout se passait si bien, que j'avais tout ce que je désirais je ne m'en souciais point.

Je vivais ma vie.

Enfin.

J'étais épanouie et c'était tout ce qui m'importait.

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