- J'exige que tu me dises tout et dans les moindres détails, me suis-je bien faite comprendre ?
Pitié, que quelqu'un me vienne en aide.
- C'est à toi que je parle là, Léna ! s'époumona Aline.
Je vous dois des explications, je pense.
Pour commencer, le mois d'août avait filé et avait marqué sa fin avec la sortie des résultats -tardifs pour le moins- des exams du premier semestre que j'avais réussis avec brio. Durant le second et dernier semestre, je m'améliorai dans la matière de Mr Ndao ; j'arrivais à me taper une grosse note, sous son regard agacé au dessus de ses lunettes. Puis, après septembre, novembre avait sonné, ramenant avec lui tests et exams, synonymes de stress et d'épuisement.
Les résultats arrivèrent plus vite cette fois, créant un soulagement pour ceux qui ont réussi et un sentiment malheureux pour ceux ayant échoué. Mais eurent au moins le mérite de nous libérer de cette fac pendant presque un mois avant la reprise.
Nous étions désormais dans les premiers jours de décembre. L'atmosphère était devenue froide. La saison des pluies étant loin derrière nous, de même que sa moiteur et ses orages, les vêtements légers avaient été troqués pour des habits plus chauds pour se protéger du froid ambiant.
Et, étonnamment, tout allait bien dans ma vie.
Tout se déroulait comme je le voulais.
Pour une fois.
Je prenais le temps de discuter avec maman qui se montrait très fière de moi, ne ratant aucune occasion pour me conseiller et m'encourager.
J'aimais la voir comme ça, les yeux brillant de satisfaction posés sur moi. Ça me renvoyait au temps où je me tuais à racler des primes scolaires, aux fêtes d'excellence. Je me galvanisais de cette fierté qu'elle me portait même si quelque chose entachait notre bonheur.
L'absence de papa.
Mon géniteur manquait à chaque fois à l'appel. Mais je ne parlerais pas de lui, pas aujourd'hui.
Donc, j'en étais à tout se passait bien.
Abdel avait fini sa dernière année de Droit et avait fait son stage dans la maison de justice de la région. Il avait été déçu après être resté un mois entier derrière un tuteur qui, en plus d'être aussi grognon que lui, le laissait sur les bancs, à ne rien faire d'autre que d'observer. Quand il avait eu droit à son premier dossier, qui concernait un éventuel trafique de faux médicaments dans les frontières Séné-gambiennes, il avait été heureux et avait donné le meilleur de lui-même pour gagner son premier procès.
Vous auriez dû le voir dans sa toge, arborant fièrement sa robe, en roulant le «r» dans chaque phrase.
Irrécupérable était son mot préféré.
Je vous laisse deviner le ton.
Il y avait d'un autre côté, mes retrouvailles avec Jonathan. Notre relation évoluait en bien, nous nous rapprochions de plus en plus, échangeant sur nos passions, nos vies. Je sus ainsi qu'il travaillait comme mécano depuis des années déjà. Il semblait beaucoup affectionner son métier. Il en parlait avec tellement d'entrain que je n'osais l'interrompre. J'étais obnubilée, en vérité.
Rares étaient les personnes qui s'attachaient autant à leur boulot, l'exerçant avec une volonté profonde de s'améliorer à chaque fois.
Il possédait une moto et m'avait même promis de me la présenter. Allez savoir, il parlait de son bolide comme étant un être vivant. Ainsi, il vint me voir une matinée de fin novembre, à l'université, à la fin de mes deux premiers cours.
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Inattendus
Teen FictionVide. Une fille vide, voilà ce que révèle son miroir lorsqu'elle s'affronte à son reflet. À 22 ans, Léna est différente. Elle est renfermée dans sa bulle depuis cet événement qui la marquera sûrement à vie. Chaque chose, dans sa vie, avait une place...