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Un sourire creusa ses joues et la tristesse qui s'en dégageait me serra le cœur. Je m'excusai alors :

- Je suis désolée, Dani... Je suis désolée...

Les larmes revinrent, silencieuses mais tout aussi douloureuses.

Je regrettais tellement le temps qui s'était écoulé, tout ce temps perdu que l'on ne pourrait jamais retrouver.

Est-ce que je connaissais vraiment le jeune homme en face de moi ?

Était-il ce même garçon avec qui je partageais mes goûters, faisais du vélo sous le chaud le soleil d'été et courais sur les sentiers calmes des Almadies ?

Je ne savais pas.

Je me trouvais cruelle de me poser toutes ces questions après la merveilleuse semaine que l'on venait de passer ensemble, collé l'un à l'autre.

Son regard croisa encore le mien et il dit :

- Ne t'excuse pas, ce n'est pas grave, Léna. Je comprends le fait que tu n'arrives plus à te livrer comme avant. Parce que justement, rien n'est plus comme avant. Mais rassure-toi, je suis toujours le même dans le fond. Ne laisse pas cette petite barbe te convaincre du contraire. Les années auront beau passer, rien ne changera quant au lien qui nous relie, toi et moi. Je serais toujours ton ange hyper sexy et toi ma petite fée voleuse de carottes. Tu me crois ?

Je sondai ses yeux, y lisant toute sa sincérité, toute cette tendresse qui m'avait bercé jusque mes seize ans. En hochant la tête, je me demandai comment j'avais pu douter de notre amitié.

- Oui, je te crois.

Puis, je lui lançai un regard qui se voulait menaçant, le doigt pointé dans sa direction :

- Ne t'avise pas de dire à maman que c'est moi qui volais les carottes dans le frigo la nuit.

Il mima un geste de la main, cousant sa bouche, avant de lever les mains en l'air en signe de reddition.

Je reniflai et m'essuyai le nez avec la manche de mon pull. Je détaillai les alentours, constatant que le soleil s'était couché depuis des lustres puis lus l'heure sur mon téléphone. Je fus tentée de cliquer sur l'application «message» mais me retins, me rappelant que je m'étais promise de me consacrer intégralement à Daniel.

Pourtant, ça me démangeait...

La nuit s'installait et il fallait rentrer. On se leva en époussetant nos vêtements sales.

Sans vraiment parler, on décida de marcher jusqu'à la maison.

Les rues étaient illuminées par des réverbères qui projetaient une faible intensité de lumière. Les allées se remplissaient lentement de monde alors que nous rentrions tranquillement, nos mains entrelacées se balançant doucement.

Nous discutâmes de tout et de rien. Comme nous n'avions pas eu le temps de le faire durant ces sept derniers jours, trop occupés à s'amuser. Parfois, des éléments m'échappaient, alors il revenait en arrière pour me remettre dans le wagon. Je sus ainsi qu'il s'était à un moment laissé tenter par le mannequinat. Mais son père l'avait vite sorti de ce milieu, le sommant de se concentrer sur ses études avant de l'intégrer dans sa société des mois plus tard.

Encore une fois, son géniteur le coupait dans ses désirs, ses rêves. Je sentais qu'il était irrité par le comportement de son père, par son autorité et son incapacité à laisser les autres décider d'eux-mêmes. Ce vieux PDG devait cesser d'être aussi guindé. Mais Dani ne s'y opposait pas non plus. J'étais tenté de lui dire de s'opposer, d'imposer des choix.

InattendusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant