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Les épaules relâchées, je flânais au sein de l'université. Je parcourais les longues allées de gravier, prenant le temps d'inspirer l'air relativement frais de ce mois. Aujourd'hui, exceptionnellement, le ciel ne nous menaçait pas avec ses gros nuages. Au contraire, il était dégagé, éclatant de ce bleu pur qui rappelait les îles. Les fleurs qui parsemaient les côtés de part et d'autres de l'allée embaumaient les alentours de leur doux parfum alors que les oiseaux gazouillaient gaiement.

Le cadre aurait été parfait si le soleil ne chauffait pas autant.

Il y en avait qui suait comme un bœuf.

Mais je me sentais bien.

Je décidai de passer par la bibliothèque, bifurquant vers ma droite pour me diriger vers ce bâtiment. Mais à peine l'avais-je aperçu que je me rappelai que celui de Droit était à côté.

Je me retournai vivement, voulant m'éloigner au plus vite. Mais, une voix m'interpela et je fermai les yeux en relâchant mes épaules de lassitude.

Pourquoi on m'attrapait à chaque fois que je voulais fuir ?

Je n'eus d'autre choix que de me tourner vers Nicolas qui affichait un grand sourire comme à son habitude.

- Salut, tu vas à la BU ?

- Euh ouais, répondis-je en me dirigeant vers la grande salle, sachant d'avance que ma tranquilité m'avait quitté dès l'instant où il m'avait vu.

- Ça fait longtemps que tu n'es plus venue là, remarqua-t-il, sur mes talons.

- Comment ça ?

- Tu passais toujours par là, à la même heure, le même jour. Tu n'es pas réglée telle une horloge, rassure-moi ?

Je levai seulement les yeux au ciel, me demandant si je devais m'inquièter qu'il sache ça.

On monta les marches qui surplombaient l'enceinte avant de pousser la lourde porte d'entrée.

À peine un pas posé à l'intérieur, l'odeur des livres taquina mes narines. Je soupirai, relaxée par cette odeur particulière qui me détendait. Sans me soucier de l'énergumène, je me dirigeai vers les étagères des romans. Mes yeux parcoururent les multiples choix qui s'offraient à moi, mon cerveau passant tout à grande vitesse. Je finis par fermer les yeux, et à tâtons, je tirai un livre au hasard.

C'était clairement plus facile.

Je jetai un coup d'oeil au titre et la couverture du livre me fit sourire.

Une si longue lettre de Mariama Bâ.

Je m'éloignai ensuite des hautes étagères vers un coin tranquille pour me perdre une nouvelle fois dans cette œuvre que j'avais maintes fois lu.

Mais bien sûr, ça aurait été trop beau.

Nicolas sortit de nulle part avec un si gros manuel que j'en levai un sourcil puis m'emboîta le pas. Il était trop collant et je ne manquai pas de râler :

- Tu comptes me suivre partout comme mon ombre ?

Il se stoppa net et imprégna une expression sérieuse sur le visage :

- Euh... si ? Je n'aime pas lire en étant seul. Je resterais silencieux, promis.

Je ne croyais pas du tout en ce qu'il disait mais je ne répondis rien, déposant mon sac avant de prendre place à même le sol.

J'ouvris la première page du livre, retrouvant les même mots, le début de cette lettre que j'avais fini par parcœuriser. J'aurais pu me noyer dans ma lecture, me perdre dans la peau de ce personnage à l'existence rude, si seulement cet énergumène ne me jetait pas des regards aussi fréquents.

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