Lorsque je franchis les portes du Mont d'Or, cela ne ressemblait en rien à la première fois où j'y étais venue. Rien du tout. Cette fois, je chevauchais dignement Elya, la tête haute, n'essayant pas de me dissimuler aux yeux de la population. À ma droite se tenait Misha. Il avait tenu à rester à mes côtés. Il n'avait pas cessé de dire qu'il était mon grade du corps et que sa place était là où je décidais d'aller. Mais il n'était pas le seul à avoir fait ce choix et j'étais même fièrement accompagnée. Plus d'une vingtaine d'astréiens avaient fait le choix de me suivre, si Enéa était restée avec Éric, j'étais heureuse de la présence de Cassandre, Mia et Grégoire, de même que de Sarah et Luka.
Je n'avais pas vraiment échangé avec ce dernier, mais après tous les évènements qui s'étaient passés, ma rancune à son égard s'était totalement évaporée. Il faut dire que son stratagème avait fonctionné et bien que sa méthode fût agressive, elle n'avait pas été aussi violente que celle qu'avait suggérée Yaël pour que j'atteigne les souvenirs de Kallie et, pourtant, je l'avais accepté.
Lorsque les grandes portes du Mont d'Or s'étaient ouvertes, c'est avec stupéfaction et joie que j'avais découvert que tous les habitants de la cité s'étaient rassemblés pour m'accueillir. Ils m'attendaient, moi, leur souveraine. Ils m'acclamaient sans même me connaître et j'en entendis plusieurs me remercier de les avoir libérés de l'emprise de l'Infâme.
Je leur souris, ôtai le masque que Yaël m'avait appris à porter face à des gens qui m'étaient pourtant étrangers et fis le choix de rester moi-même. Ils ne me connaissaient pas et j'ignorai tout de leur vie, mais ils étaient mon peuple et je voulais qu'ils sachent que je partageais leur allégresse. Les ruelles étaient pleines jusqu'à l'entrée du Palais, au point qu'il était difficile de se frayer un chemin, pourtant j'appréciai chaque enjambée.
Une fois dans l'intimité du Palais, ce fut le Grand pontife qui m'accueillit.
- Votre majesté, je suis heureux de votre arrivée.
- Harold, je suis ravie de vous retrouver sous des auspices qui nous sont favorables.
- Je dois vous avouer que j'ai encore quelques inquiétudes sur le dénouement de tout ceci, mais votre présence me réconforte. Je n'avais aucune nouvelle, me réprimanda-t-il.
- Je savais que je pouvais compter sur vous et je ne crois pas avoir besoin de me justifier auprès de quiconque.
J'avais apprécié son soutien, mais nous n'étions pas proches, il n'avait pas à me parler ainsi.
- Je suppose que ma reine souhaiterait être accompagnée à ses appartements et se reposer après son voyage, s'enquit-il alors.
- Bien volontiers, mais d'abord, je veux voir Théo.
Je voyais bien qu'il avait envie de riposter quelque chose, mais il se retint.
- Très bien, ma reine. Messieurs, accompagnez notre souveraine au cachot.
- Au cachot ? m'écriai-je.
- C'est là où votre mari a demandé à ce qu'il soit placé.
Yaël ! Je n'en revenais pas ! Combien de temps l'aurait-il laissé croupir dans sa cellule ?
- Conduisez-moi, ordonnai je mécontente.
Je me dirigeai vers une aile du Palais que je ne connaissais pas. Il faut dire que je n'avais pas vraiment visité les lieux la première fois. L'endroit me sembla moins maussade que celui où j'avais été enfermée. J'avais été complètement isolée de tous, là au moins, chacun était dans une cellule ouverte sur les autres, pas de murs, pas de privation de lumière. Ma rancœur envers Yaël diminua un peu. Après tout, pouvait-il vraiment le laisser en liberté ?
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La Grand'Astrée. La légende d'Izi et de Yaël - Tome III
FantasyLa guerre est sur le point d'éclater dans le royaume de Hululy. Izi s'apprête à affronter Storm. Elle veut récupérer le pouvoir pour le donner à son fils, seul héritier légitime au trône. Mais alors que la victoire lui semble déjà acquise, tout basc...