La Grand'Astrée. La légende d'Izi et de Yaël - Tome III

Chapitre 45

Yaël

Je plongeai sans plus attendre mes mains dans le lac et ouvris une brèche entre nos deux mondes. Je m'engouffrai dedans sans plus attendre, suivi incontestablement de quatre valeureux guerriers. À nous cinq, je savais qu'on serait en sous-effectif. Si j'ignorai le nombre exact de mes adversaires, ma dernière rencontre avec eux dans les bois du Mont d'Or m'avait prouvé qu'ils étaient plus nombreux. De toute façon, ce n'était pas réellement important, à présent seuls les pouvoirs comptaient et dans ce domaine, j'avais une longueur d'avance.

À peine arrivé dans le royaume de Hululy, je fis partir le vent en toute direction pour localiser de nouveau Izi. Elle était toujours là. Je la repérai presque instantanément et ce fut un réel soulagement. Hors de question qu'elle m'échappe encore une fois.

- Par-là, assurai-je à Stan alors qu'il était en train d'expliquer brièvement la situation à Ethan et Mia.

Je n'attendis pas de réponse et courus à travers les bois, conservant ma connexion au vent pour m'assurer qu'Izi ne se volatilise pas. Je maintins une brise légère pour ne pas éveiller les soupçons, hormis, je l'espérais, pour elle. Je voulais qu'elle ressente ma présence, je voulais qu'elle m'attende, et qu'elle fasse tout son possible pour retarder leur passage dans le prochain vortex.

Il nous fallut une bonne demi-heure pour voir enfin la bâtisse dans laquelle elle se trouvait. Je savais que nous étions tous essoufflés, mais je ne ralentis pas, je ne pouvais pas et bien au contraire, plus la distance qui me séparait d'Izi se réduisait, plus j'étais impatient de la retrouver, elle et mon fils. J'allais enfin récupérer ma famille.

- Elle est là, précisai-je en indiquant la demeure en pierre grise à moins de 100 mètres de nous.

Je n'avais pas l'intention de m'arrêter, mais Stan me bloqua le passage avec son bras.

- Attends mon frère, il nous faut un plan. On ne peut pas débarquer comme ça, me dit-il avec fermeté.

Mon plan était clair, je comptai foncer jusqu'à Izi et détruire tous ceux qui se mettraient en travers de mon chemin.

- Regarde, ajouta Stan, nous serons à découvert si nous avançons comme ça sans réfléchir. Il leur faudra que quelques secondes pour disparaître. Nous devons nous infiltrer discrètement.

Il avait raison, mais chaque seconde me coutait. Je pris le temps d'observer la demeure. Un seul étage, on ne pouvait pas vraiment parler de manoir, mais ce n'était pas non plus une simple maison. Il y aurait plusieurs pièces. Je supposais que les chambres étaient à l'étage. L'une des fenêtres était ouverte, je pourrais facilement y accéder. À droite du bâtiment principal, on devinait ce qui devait être les écuries. Elles nous permettraient d'accéder à la propriété sans être trop visibles.

- Je peux me téléporter et prévenir Izi de notre arrivée, proposa Ethan.

Il aurait pu en effet se matérialiser à côté d'elle, malheureusement son pouvoir ne lui permettait pas de transporter d'autre personne que lui. Cela aurait été beaucoup plus simple sinon.

- C'est inutile, affirmai-je, elle sait déjà.

Ils me regardèrent tous avec un brin d'étonnement, à part Misha. Je n'étais pas certain de ce que j'affirmais, mais si je pouvais ressentir sa lumière, elle devait elle aussi être capable de percevoir la mienne, non ?

- Nous allons continuer par la forêt pour rallier la droite de la bâtisse. Nous passerons par les écuries, indiquai-je.

Stan approuva ma décision.

- Nous verrons si on a une meilleure visibilité sur place. J'ai vu une fenêtre ouverte à l'étage. Mia et moi pourrons facilement entrer par là. Stan et Misha, vous pénètreraient par le rez-de-chaussée. Ethan, tu te téléporteras directement à l'intérieur. Soyez discrets jusqu'à ce qu'on ait localisé Izi et mon fils.

Ils acquiescèrent tous.

- Pour les autres, cela ne sert à rien de tenter de les ramener à la Grand'Astrée, précisai-je.

Nous ne serions à l'abri nulle part tant que la menace ne serait pas éliminée. Isaïah ne pouvait pas rejoindre la Grand'Astrée et Millie pouvait à tout moment apparaître et les emporter dans ce monde.

- Je ne veux pas de prisonniers, conclus-je.

Ils avaient tous parfaitement conscience de ce que je leur demandais et aucun ne protesta. Nous repartîmes aussitôt vers notre but. Il était temps d'en finir.