J'avais tellement mal à la tête, des bribes de souvenirs qui m'étaient totalement étrangers continuaient de s'immiscer en moi. Je me sentais toute vaseuse, mes membres me paraissaient si lourds. C'est alors que je l'entendis. Les pleurs d'un bébé me parvinrent très distinctement et mon instinct de mère me ramena doucement vers la réalité.
J'ouvris délicatement les yeux et revins à moi. Quoique déboussolée, je cherchai aussitôt mon fils du regard. Malheureusement, c'est Aequor qui se tenait devant moi.
- Isabelle, m'appela-t-il, je suis heureux de voir que vous alliez mieux.
Je ne répondis pas et continuai à scruter la salle où nous étions à la recherche de mon fils. Il n'y avait que nous mais j'entendais encore au loin les pleurs d'Isaïah.
- Mon fils, dis-je pour toute réponse.
Il claqua des doigts et quelques instants plus tard Mélinda fit son entrée avec mon enfant dans ses bras. Elle avait le visage tiré, marqué par la fatigue, pourtant l'éclat de ses prunelles se mit à briller de mille feux en me voyant.
Je me redressai pour partir dans leur direction, mais mon équilibre bascula rapidement et je restai finalement assise sur la banquette où l'on m'avait placée. Mélinda ne tarda toutefois pas à arriver à ma hauteur. Elle plaça immédiatement Isaïah dans mes bras et mon cœur se réchauffa instantanément en sa présence.
Il allait bien et il était désormais là avec moi. Dieu qu'il m'avait manqué, ce petit être qui était le miracle de nos vies à tous. Il n'avait pas conscience de ce qui se jouait autour de lui et j'espérais d'ailleurs qu'il n'en garde pas de souvenirs. Il s'apaisa immédiatement à mon contact. Il me sourit avec des yeux pleins de malice. Il avait le regard de son père.
Je m'étonnai de n'avoir aucune vision en le touchant et bien au contraire, il avait fait taire toutes les images qui me harcelaient l'esprit. Je profitai de ce moment de répit.
- Que faites-vous ici ? dis-je finalement pour rompre le silence et mettre fin à ce regard pesant que je sentais sur moi.
Mélinda recula dès les premiers pas d'Aequor. Elle avait peur de lui, à juste titre sans doute. Pourtant, Aequor gardait toujours ses grands airs, conservant sa prestance et s'exprimant avec éloquence.
- Ne vous avais-je pas prévenu de la situation ? me demanda-t-il. Ne vous avais-je pas averti des risques qu'il y avait à mener un tel combat ? Vous ne m'avez pas écouté Isabelle et nous nous retrouvons à présent dans cette malencontreuse situation. Si je suis ici, c'est pour tenter de réparer ce qui peut l'être.
J'éclatai alors de rire. Je ne pus m'en empêcher, c'était certainement nerveux, mais j'eus un véritable fou rire à la suite de ses propos. Aequor fut outré de mon attitude, mais moi je continuai de glousser comme une enfant.
J'essayai de retrouver mon sérieux et berçai délicatement Isaïah qui lui aussi affichait un grand sourire en réponse aux mimiques de mon visage.
- Excusez-moi Aequor, finis-je par dire, mais étiez-vous sérieux ? Ne vous êtes-vous réellement jamais dit que tout cela était simplement et purement de votre faute. Tout ce qui se joue ici est votre œuvre, non ?
- Oh, chère Isabelle, vous êtes bien loin de la vérité. Et les astréiens pourraient bien au contraire arguer que tout était paisible dans nos terres avant votre arrivée et celle de Yaël. Savez-vous ce qu'il a fait ? Ce qu'il a ordonné ?
Je ne répondis pas. Yaël avait fait ce qu'il avait à faire, je n'en doutais pas.
- Il les a tous exécutés, continua-t-il. Il a donné l'ordre de les éliminer dans la plus grande illégalité. Peu importe son titre, nous avions convenu d'un procès et il a décidé seul de les condamner.
VOUS LISEZ
La Grand'Astrée. La légende d'Izi et de Yaël - Tome III
FantasyLa guerre est sur le point d'éclater dans le royaume de Hululy. Izi s'apprête à affronter Storm. Elle veut récupérer le pouvoir pour le donner à son fils, seul héritier légitime au trône. Mais alors que la victoire lui semble déjà acquise, tout basc...