Chapitre 21

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Yaël

Deux jours qu'Izi était partie au Mont d'Or et je n'avais toujours aucune trace de l'endroit où se trouvait notre enfant. Je commençais à m'impatienter et Stan en prenait conscience. Je voulais mon fils, sans plus attendre ! Cette comédie avait assez duré et ces séances du Conseil m'éreintaient.

Je n'avais qu'une envie, faire trembler tout l'Autre monde jusqu'à ce que Geoffrey et Millie sortent de leur cachette. J'avais envie d'y aller et de survoler chaque endroit en retournant tout sur mon passage et récupérer mon fils, peu importe le carnage. Ce monde m'importait peu, il n'était pas le mien, il fallait seulement que je veille à ce que l'espèce humaine ne s'éteigne pas. C'était ma seule mission sur cette terre et dans l'unique but d'avoir toujours de nouveaux astréiens. Voilà la seule importance de l'autre côté, il n'était sinon qu'un terrain de jeux et rares étaient ceux de mon espèce qui pensaient différemment.

Mais Izi changeait la donne. Je ne pouvais pas détruire ce qu'elle considérait être ses terres et offrir à notre fils un monde de désolation, malgré le bien que cela pourrait me procurer sur l'instant. Et il n'était pas temps que je craque, l'heure était grave et la Grand'Astrée n'avait encore jamais connu une telle crise. Elle vivait des heures bien sombres.

La mort de Kallie et Indra avait été acceptée de tous. Stan avait eu justice, personne n'osait y dire quoi que ce soit. Il n'en était toutefois pas de même quant au sort de nos prisonniers, les avis divergaient. Les conjoints des victimes demandaient leurs morts et je leur avais accordé bien volontiers, mais d'autres arguaient que le crime était politique et qu'il fallait organiser un procès, ne serait-ce que pour démêler les tenants et les aboutissants de cette affaire.

Il était difficile de se faire entendre dans la cohorte de cette assemblée populaire. Le Conseil s'était imposé avec difficulté, nous avions dû faire front avec Yärl pour imposer le silence et faire en sorte que tout le monde s'écoute. Nous avions finalement décidé de voter avec nos pieds, en nous divisant en deux groupes distincts, les pour et les contre. Il ne restait plus qu'à compter celui qui avait rassemblé le plus de monde. Le procès l'emporta de peu. Ascagne fut désigné pour le présider, Aequor montra pour la première fois des signes de contrariété. Il aurait surement aimé que cet honneur lui revienne et qu'il ait la maîtrise de la procédure, mais il en était simplement hors de question.

De mon côté, j'étais tout autant agacé, je ne voyais pas l'utilité de perdre du temps dans un procès. Leur culpabilité ne faisait pas de doute, nous les avions tous vus nous attaquer, seule la peine restait à déterminer. S'ils n'étaient pas condamnés à mort, ils seraient bannis à vie, ce qui revenait à une peine de mort différée.

Gregory s'était proposé pour monter la garde et participer à l'instruction. Je n'avais aucune raison valable de m'y opposer, hormis les révélations d'Izi que je conservais secrètes. J'avais doublé les effectifs et envoyé des hommes de confiance pour le surveiller lui aussi étroitement. Il ne manquerait plus qu'il arrive à s'enfuir.

Les astréiens étaient tous sous tension et avec le retour de Kamilla, les esprits s'échauffaient encore plus vite. Il faut dire qu'ils n'avaient pas l'habitude d'être dépourvus de tout pouvoir. Elle non plus n'appréciait pas la situation et ne cessait de me le rappeler.

- Des traîtres ! Tous des traîtres ! Des années que je le répète et enfin vous en prenez conscience, s'insurgea Kamilla.

- Je n'ai jamais mis ta parole à défaut, lui rappelai-je.

- Et tu es bien le seul ! Regarde-les à s'horrifier que des astréiens tuent des astréiens, comme si c'était nouveau. J'ai perdu Yorï et tous semblent l'oublier.

La Grand'Astrée. La légende d'Izi et de Yaël - Tome IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant