Chapitre 9

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Je dévale les escaliers, provoquant un sourd bruit qui résonne dans tout l'appartement. Mon beau-père me regarde, du haut des escaliers, un sourire fier sur les lèvres. Je gémis de douleur en me tenant la tête, de laquelle s'écoule un liquide chaud.

-Hel, me dit mon beau-père. Je fais ça pour ton bien. Ne l'oublie pas.

-Non ! je crache. Tu fais juste ça parce que ça t'excite ! T'aimes me voir souffrir, hein ?

Il descend les escaliers, à une vitesse incroyable, tout en me fixant. Ses yeux remplis de colère me terrifient tellement que je ne vois pas sa main qui s'élance dans les airs et qui s'abat brutalement sur mon visage. Son pied vient cogner mon ventre, et le seul truc auquel j'arrive à penser, c'est : s'il vous plaît, faite qu'il survive.

Je crie à pleins poumons quand je me réveille en sursaut, terrifiée par mon cauchemar si réaliste. Je suis en sueur et ma vue est brouillée par de nombreuses larmes.

Il a survécu. Puis on me l'a pris.

-Hel ? m'appelle Kyle de l'autre côté de la porte. Tout va bien ?

-Oui je... j'ai vue une... araignée, je mens.

Le rire de Kyle parvient jusqu'à mes oreilles et me fait grimacer. Mes kidnappeurs en ratent pas une pour se moqueur de moi, putain. Mais pour qui ils se prennent, avec leurs armes à la con et leurs ordres ?

Mes pleurs diminuent lentement et j'arrive à calmer ma respiration. 

-Je te ramène à manger dans une heure. Et à partir d'aujourd'hui, on te ramène tes repas à la même heure chaque jour.

-J'ai le droit d'aller me laver ?

-Non. T'iras demain.

-Et si j'ai eu mes règles cette nuit et que je suis pleine de sang ?

-Tes dernières règles datent d'il y a à peine une semaine. Essayes-pas de me faire croire que t'as déjà du sang qui coule de ton vagin.

-Ça m'énerve que tu saches tout sur moi !

-T'as besoin qu'on achète des médicaments pour ton cœur ? dit-il, ignorant ma remarque.

-J'en prends pas tous les jours mais oui, se serait bien d'en avoir en avance.

-T'as quoi, en fait ?

-Ça te regarde pas.

-Si, étant donné que tu vis avec moi et que j'ai tout sauf le temps pour m'occuper de toi si tu reperds connaissance.

-Je dois juste prendre des médicaments quand je me sens pas bien car mon cœur est fragile. T'es content ?

Un silence me répond.

-Je peux avoir une clope ?

Toujours aucune réponse. Il est parti, ce con ! Je vous jure que s'ils ne me tuent pas, c'est moi qui vais les tuer.

Une bonne heure passe avant qu'on m'apporte mon repas sur un plateau. A côté d'une bouteille d'eau, une cigarette est posée, juste à côté d'un petit paquet contenant une allumette. Je pourrai l'utiliser pour mettre le feu à cette maison à la con mais je mourrai sûrement carbonisé et si, par chance, je survis, pas sûre qu'ils me donnent une deuxième allumette pour que je puisse fumer.

J'engloutis mon repas rapidement mais mets mon dessert et un bout de pain de côté. Je décide de ne jamais manger mon dessert ni le pain comme ça, s'ils me privent de nourriture pour je ne sais quelle raison, j'aurai quelques réserves. Je cache le tout sous le lit, enveloppé dans une serviette en papier. J'allume en vitesse ma cigarette. La nicotine soulage immédiatement mes nerfs. Mais, je la finis bien trop vite, ce qui m'énerve.

Je me mets alors à explorer la pièce dans laquelle je me trouve dans les moindres recoins à la recherche de quelque chose qui pourrait m'aider à m'enfuir. Mais celle-ci est vide, en dehors du lit sur lequel je suis et de la poussière qui m'entoure. Il n'y a aucune fenêtre et la porte est fermée à clef. Mais je distingue tout de même une petite fente rectangulaire sur la porte, qui doit permettre à mes kidnappeurs de s'assurer que je ne me suis pas enfuie sans avoir à ouvrir la porte. Je regarde à travers, mais vois seulement un long couloir sombre.

Je suis bloquée ici. Je peux rien faire pour sortir.

Je suis bloquée dans un lieu qui m'est inconnue avec des personnes qui vont sûrement me faire du mal et me vendre au premier venu. Ils vont même peut-être me violer.

Cette idée me met les larmes aux yeux. Je ne supporterai pas un viol. Qu'on me tape, je peux supporter, je l'ai déjà vécu, mais qu'on me viole ? Non. Je ne peux pas vivre ça. Je me sens déjà horrible, sale et honteuse à cause de l'homme qui m'a forcé à me déshabiller dans ce bar bizarre alors comment je pourrais supporter un viol ?

Je me rends compte que je pleure quand des larmes se mettent à couler sur mon cou. Secouée de sanglots, je réalise que je suis loin d'être aussi forte que je le pensais. Je suis fragile. Je suis tellement fragile. Ça me dégoûte. Ma fragilité me dégoûte. Je me dégoûte.

Tu es si fragile.

Pourquoi es-tu encore en vie ?

J'essuie mes larmes d'un geste rageur. Ils ne méritent pas que je pleure pour eux. Ils ne méritent pas mes larmes, ni ma tristesse. Le seul truc qu'ils méritent, c'est ma colère, mes cris, et mes insultes.

Et je compte bien leur en donner.

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Prochain chapitre le 19/03
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Tue-la / Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant