Chapitre 25

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-Hel, murmure Agathe. Hel, réveille-toi.

-Quoi ? je m'écrie en sursautant.

-Tu pars dans une heure, elle m'annonce. Va te laver puis on ira déjeuner avec Sophia, ok ?

-Oui. Donne-moi quinze minutes.

Elle hoche la tête. Je sors de mon lit, toujours vêtue de ma robe rouge. Mes bras sont tachés de sang séché et je suis prise d'une énorme honte en réalisant qu'Agathe peut voir ce que je me suis fait, alors que j'étais assaillie par mes émotions.

-Hel ?

-Oui ?

-Tout va bien ?

Je hausse les épaules, vidée de toutes émotions.

-Qu'est-ce qu'il t'a montré ?

-La mort de ma sœur, puis celle de mon père. Une vidéo de mon meilleur-ami qui essayait de me retrouver et qui disait qu'il m'aimait, que j'étais la femme de sa vie. J'étais même pas au courant qu'il ressentait ça ! Ma mère qui se disputait avec mon beau-père. Elle qui disait clairement que j'avais tué sa sœur et son mari. Lui qui disait qu'il allait me violer, s'il me retrouvait. Rien de grave, c'est la routine.

Les yeux d'Agathe s'embuent.

-Je suis désolée. Si j'avais su, je t'aurais jamais laissé rentrer sans moi à l'hôtel.

-Qu'est-ce qu'on peut faire contre Blake en colère ? Rien, il faut croire.

Je m'enferme dans la salle de bain et enlève ma robe qui m'a posé bien assez de problème pour l'instant. Tout mon corps est courbaturé, meurtrie. Les cordes qui m'attachaient et les menottes m'ont laissé des marques rouges, mes bras sont blessés à plusieurs endroits et je porte encore sur mon corps les blessures causées par la ceinture. Je n'ai jamais été dans un état aussi lamentable.

Les larmes aux yeux, j'entre dans la douche. J'en ressors dix minutes plus tard. Même si physiquement, je me sens lavée, mentalement, c'est autre chose.

-Tu vas me manquer, dit Agathe quand je sors de la salle de bain.

Elle me sourit tristement, ayant conscience que c'est sûrement la dernière fois qu'on se voit.

-Tu vas me manquer aussi. Ah, et Kyle a un micro dans ton téléphone, je lui informe.

-Quoi ?

-Je sais, je m'y attendais pas non plus.

-Tu sais quoi ? Garde mon téléphone. J'en achèterais un autre. On pourra parler, comme ça.

-T'as intérêt à m'envoyer pleins de photos de Sophia.

-Je t'en enverrais absolument tous les jours ! Et plusieurs fois !

Je lui souris en la prenant dans mes bras.

-Allons manger, j'ai faim !

Portant un dos nu à manches longues, tous les regards se posent sur mes blessures au dos quand nous traversons le hall de l'hôtel. Agathe et moi ignorons les regards et traversons l'hôtel, nos sacs à main hors de prix à la main et nos talons aux semelles rouges à nos pieds.

-Je crois que les gens nous regardent, je remarque, sarcastique.

-Tu crois ?

-Oui, mais je suis sûrement juste parano.

-Je crois que c'est ça.

Elle éclate de rire.

-Tu sais pourquoi ils te regardent ? elle demande. Ils sont habitués au luxe et aux gens soi-disant parfaits qui vont avec, sans aucune imperfection. Et toi, t'arrives, pas maquillée, des dizaines de blessures sur le corps. Et t'arrives à être magnifique malgré ça.

Tue-la / Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant