Véritable paix ~ L'Ombre de la Guerrière [terminé]

Chapitre 18

Lune Brune était allongée sur l'herbe chauffée par le soleil. Le ventre plein, elle profitait des derniers rayons du soleil qui lui chauffaient la fourrure. Ses yeux fixaient le ciel et admiraient la beauté du dégradé de bleu qui s'offrait à eux. L'horizon arborait une couleur orangée qui s'assombrissait au fur et à mesure que le soleil descendait derrière le feuillage des arbres.

« Attention Petit Pollen ! » s'indigna une voix devant la femelle.

En baissant la tête elle vit trois chatons qui se disputaient. Petit Arbre était écrasé par son frère et tentait de se relever tandis que Petite Or clamait que son clan avait gagné.

« Qui était donc cet affreux assaillant ? demanda la guerrière en jetant un regard désolé au chaton brun.

— Petit Arbre jouait le rôle d'un blaireau enragé, expliqua la petite femelle avec un grand sourire. Et nous l'avons vaincu ! Notre clan n'est donc plus menacé. »

Lune Brune ronronna. Elle avait déjà l'âme d'une valeureuse guerrière.

« Vous pouvez le relâcher maintenant, il ne... »

La femelle s'interrompit car la pénombre envahit soudainement la clairière et une brise glaciale se leva. Elle ne sut pourquoi mais elle avait un mauvais pressentiment. Elle sauta sur ses pattes et se mit instinctivement devant les chatons qui étaient devenus silencieux. Une silhouette se dessina devant elle. Ses muscles se crispèrent en reconnaissant le matou sombre. Étoile de l'Aigle !

Lune Brune sortit les griffes.

« Laisses nous tranquille ! » feula-t-elle.

Le félin sembla l'entendre et se tourna vers elle. La femelle brune s'attendait à voir son regard froid et méprisant glisser sur elle. Mais les seules prunelles qu'elle croisa étaient emplies de tristesse. Ce n'était pas les yeux d'Étoile de l'Aigle. Et bien que l'ombre soit lointaine, Lune Brune vit clairement leur couleur. Ils étaient myosotis. Elle voulut lui demander son identité mais l'ambiance bascula de nouveau.

Des ombres se mirent à danser autour d'elle et la guerrière ne distingua bientôt plus le haut du bas. Les mêmes paroles qu'elle avait entendue à l'assemblée vinrent lui embuer l'esprit.

Oiseau ! Menace !

« Je sais, Étoile de l'Aigle est la menace ! » voulait-elle leur dire.

Mais aucun son de sortait de sa bouche. Elle était contrainte d'assister à l'affreux spectacle qu'elle commençait à discerner.

Des centaines de chats au pelage noir marchaient sur la forêt. Une lumière rougeoyante l'éclairait et lui donnait l'impression d'être en feu. Lune Brune voyait ses camarades mourir sous les coups des nombreux assaillants.

La forêt était mise à feu et à sang par l'oiseau. Son cœur redoubla d'allure. Pourquoi avait-elle cette vision ? Elle connaissait déjà l'ampleur du danger. Alors pourquoi lui faire subir ces atrocités ? Elle se recroquevilla sue elle-même. La peur l'envahit. Elle voulait sortir de cet affreux rêve.

Lune Brune crut rester immobile dans cette position une durée interminable. Jusqu'à ce qu'elle entende des cris horrifiés. Elle ouvrit précipitamment les yeux pour découvrir le corps des trois chatons, disloqués à ses pattes. L'horreur la prit quand elle s'aperçût que c'était ses pattes qui étaient pleines de sang.

« Non, je ne les ai pas tués, ce n'était pas moi ! Clan des Étoiles, pourquoi me faites-vous cela ? » implora-t-elle ses ancêtres.

Mais aucune forme lumineuse ne vint la rassurer. Elle restait seule, dans cette foret sombre. A côté des corps des pauvres chatons.