Il était une fois un royaume paisible où vivait un peuple heureux. Le roi, très bon, respectait le peuple et régnait en harmonie avec lui.
Un jour, un prêtre franchit la frontière du pays. Il alla voir le souverain et lui demanda un lieu pour pratiquer son culte. Comme le Roi ignorait ce qu'était la religion, il demanda une explication. Pour le rassurer, l'ecclésiastique lui déclara : « N'ayez crainte, je n'ai besoin que d'une petite salle de rien du tout. » Comme le monarque était sage, il demanda un peu de réflexion.
Le peuple était tolérant, alors un local fut confié au prêtre. Ainsi ce dernier put commencer son travail de conversion. Au bout d'un certain temps, il revint au Palais pour réclamer une salle un peu plus vaste car de plus en plus de personnes adhéraient à la religion. Le conseil lui en accorda une plus grande pour accueillir les nombreux fidèles.
Lorsque la communauté fut beaucoup plus importante, l'ecclésiastique exigea un bâtiment digne de sa nouvelle puissance. Il réclama qu'un édifice à la gloire de son Dieu soit érigé au centre de la capitale. Il le voulut plus haut que celui du Bourgmestre car la divinité est plus importante que l'autorité civile.
Un jour, une majorité des habitants du Royaume avait accepté la foi. Alors le prêtre, s'autoproclamant Grand Métropolite, déposa devant le Juge une plainte contre une œuvre qui offensait les croyances de ses fidèles. La justice, désirant maintenir la paix civile, demanda à l'artiste de retirer sa réalisation.
Comme le Grand Métropolite imposait à ses fidèles de payer chaque mois une certaine somme, le peuple s'appauvrit. Le Trésor Royal réclama à la Religion de payer une taxe sur ses biens. Dans un premier temps, elle s'en acquitta avec mauvaise grâce. Cependant lorsque la communauté devint plus forte, elle refusa de payer cet impôt car les biens de Dieu sont indépendants de toutes administrations civiles.
Quelques temps plus tard, le Grand Métropolite imposa le retrait d'une loi qui allait à l'encontre des convictions de sa religion. Il prétendait que la loi divine était supérieure à celle des Hommes. De plus, il émettait des doutes sur la légitimité du Roi. Comment pouvait-il être un souverain s'il n'embrassait pas la foi de la majorité du peuple ?
Cependant, des divergences d'interprétation de la loi divine se firent au sein même de la communauté des fidèles. Au début, les nuances se réglèrent dans le calme puis, lentement, le conflit s'envenima. Les deux factions se firent une véritable guerre, chacune prétendant connaître la volonté divine mieux que celle de l'autre camp. Le Royaume ne fut que ruine et cendre !
Le lendemain, le monarque convoqua le prêcheur. Le roi déclara :
« Il est dit que la nuit porte conseil. Hier soir, j'ai eu un songe prémonitoire. Dans celui-ci, j'ai découvert ce qu'est la religion. » Alors, il décrivit son rêve. L'assemblée fut impressionnée par le récit. Alors, il ajouta :
« Le trésor le plus précieux de ce Royaume est le bien commun du peuple. Cela veut dire de tous, sans exception, pas une majorité, pas une élite, pas des élus, mais pour chacun des habitants du Royaume.
De la religion, nous n'en voulons point. Là où elle apparaît la mort advient. Là où il y avait la paix, elle apporte la guerre. Là où il y avait l'harmonie, elle engendre les conflits. Là où il y avait la liberté, elle offre la prison.
Pour ces raisons, je refuse votre installation dans le royaume. » L'assemblée approuva le verdict et le prêtre fut banni de cette contrée à jamais.
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Contes et Nouvelles de la Terre
خيال (فانتازيا)Publication de contes d'un autres au-delà. Toute ressemblance avec notre propre univers serait fortuite, pure coïncidence. Quoique !