Chaton jouait avec les filets d'eau de la fontaine. Il frappait avec sa patte droite le liquide tiède. Soudainement un jet frappa sa truffe rose. Sa tête se tourna vers Nikolaas. Il cligna deux fois des yeux d'indignation. Le garçon bascula sur le dos en riant. Le petit félin s'élança avec allégresse, fit une pirouette et se retrouva les quatre fers en l'air sur le ventre de son ami.
Un policier approcha de la scène. Il demanda « Petit ! Es-tu perdu ? ». Le chaton sortit ses griffes et ouvrit grande sa gueule en montrant ses minuscules crocs. Un éclat de lumière aveugla le flic qui se frotta les yeux. Lorsqu'il retrouva la vue, il constata que le garnement avait disparu. Il regarda autour de lui, et au fond de l'allée il vit un petit garçon avec un chaton sur l'épaule tenir la main d'une maman. Rassuré, il vaqua à d'autres occupations.
Allongée sur un transat, Elisabeth regardait tristement les enfants s'ébattre autour de l'étang. Elle se disait que finalement ce n'était pas une bonne idée de venir voir ce spectacle. Mélancoliquement, elle pensait à ses deux enfants morts dans un accident de car. Brusquement, elle se leva et décida de quitter cet endroit qui possédait trop de souvenirs.
Alors qu'elle longeait l'allée, elle sentit qu'une petite main s'insérait dans la sienne. Sans s'arrêter, elle découvrit à côté d'elle un garçonnet aux yeux bleus lumineux qui portait sur son épaule un chaton. Elle poursuivit son chemin un peu comme une somnambule tenant toujours la main du gamin. Puis elle stoppa et lui demanda « Désires-tu un chocolat chaud et une petite douceur ? » L'enfant répondit par l'affirmatif.
A l'entrée du Salon de Thé, un placier s'avança vers eux. Il déclara « Les animaux ne sont pas admis dans l'établissement ». Alors le chat sortit ses griffes et rugit tous crocs dehors vers l'importun. L'homme se reprit et avança « Nous pouvons faire une exception pour une si jolie boule de poils ». Le chaton se mit à ronronner. Il les amena à une table contre la vitrine.
La serveuse apporta deux bols de chocolat fumant avec deux parts de gâteaux. Le garçonnet se lécha les babines. Chaton se jeta sur la table, à coups de langue il goûta le lait chocolaté. Quand il leva son museau, les deux convives virent du liquide coloré tacher ses moustaches. Alors Elisabeth éclata de rire. Le petit félin pavana fièrement sur la table frétillant de son petit nez rose barbouillé de chocolat. La douleur, la souffrance disparut. Le souvenir de ses enfants restait présent uniquement dans sa mémoire. Seulement la mélancolie s'évapora offrant une vie aux chemins radieux.
Lorsqu'ils eurent terminé, elle déposa un billet de 200 sur la table pour régler la pause douceur. La serveuse fut sidérée, Elisabeth lui déclara alors de garder le change comme pourboire. L'employée fut consternée, ensuite elle s'aperçut que la monnaie correspondait à la somme exacte pour régler sa note d'électricité. Grace à la générosité de la cliente, elle passerait les fêtes de fin d'année au chaud et avec de la lumière.
Ainsi ils quittèrent le Salon de Thé, Elisabeth s'éloigna par la droite et Nikolaas avec Chaton sur l'épaule prit la voie de gauche. Ils longèrent la ruelle et s'arrêtèrent devant un immeuble Haussmannien à quatre étages. Le garçon entreprit de grimper le long de la paroi pour atteindre une fenêtre entrouverte au deuxième. Il poussa les deux battants et se faufila dans la pièce.
Là, sur un vaste lit dormait un enfant. Il devait avoir une douzaine d'années. Nikolaas se catapulta sur le couchage réveillant le dormeur. Ce dernier se mit à tousser. Il ouvrit grand ses yeux. Il demanda « Comment se nomme ton minet ? » Le garçonnet répondit « Chaton ». Le malade déclara « Il est bien joli. » Alors, le félin sauta sur le lit. Il fit des cabrioles sur la couverture pour égayer l'enfant qui éclatait de rire entre deux quintes de toux.
Aussi Nico questionna :
« De quoi souffres-tu ? »
« Je ne sais pas exactement. Vu l'inquiétude de mes parents, je pense que je vais mourir ! » informa le malade.
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Contes et Nouvelles de la Terre
FantasyPublication de contes d'un autres au-delà. Toute ressemblance avec notre propre univers serait fortuite, pure coïncidence. Quoique !