Devant l'école, la mère trainait son fils. Comme d'habitude, elle était en retard. Elle avait roulé au plus vite dans les rues encombrées mais les éléments se liaient contre elle et elle n'arrivait pas à gagner le temps perdu. Enfin, elle se gara devant le parking scolaire en tirant son fils. Elle allait appuyer sur la poignée lorsque le bâtiment disparut.
Au début, Helena eut un moment de surprise, un instant d'incertitude. Avait-elle rêvé ? Puis elle se rendit compte que quelque chose ne collait pas avec la réalité, sa réalité. D'abord, en face d'elle, une énorme pagode de couleur rouge et or se dressait. Des gens hébétés discutaient bruyamment sur le porche de l'édifice. Elle ne comprit pas leurs paroles car ils semblaient parler une langue étrangère.
Ensuite une hacienda remplaçait l'église du XIIIème siècle qui trônait devant la place qui servait de parking aux heures scolaires. La mairie demeurait à sa place mais l'ensemble du village était fait d'une mosaïque de constructions aussi incongrues qu'improbables dans la région : des cases africaines, des taudis de l'Indes, des igloos, etc...
Alors, son téléphone portable se mit à sonner. Son mari l'appelait. Il lui apprit qu'il se trouvait avec ses collègues à Rio au Brésil. Pour l'instant, il attendait les instructions des autorités locales pour trouver une solution. D'après les informations qu'il détenait l'incident s'appliquait sur l'ensemble du globe. Le phénomène s'apparentait à une redistribution aléatoire des édifices sur la Terre sans tenir compte des frontières des nations et des cultures. Le mari promettait de tout faire pour la rejoindre dès que possible.
Les terriens se précipitèrent sur les réseaux mondiaux pour avoir des nouvelles des familles dispersées aux quatre coins du monde, entrainant une saturation des communications. Le flux des informations se ralentit pour arriver à des blocages, puis à des pannes un peu partout. Etrangement, même si les sociétés furent expédiées aléatoirement à travers la terre, les réseaux de communication continuaient à fonctionner normalement.
La confusion fut à son comble lorsque les gouvernements constatèrent que leurs ministères étaient dispersés sur la surface de la planète. La Maison Blanche se trouvait dans le Canton de Uri en Suisse, le Pentagone sur un haut plateau de l'Himalaya. Le Kremlin fut expédié dans l'île de Madagascar mais le Président Russe se reposant dans sa datcha se retrouvait en pleine Amazonie en Bolivie. Et l'Assemblée Générale des Nations-Unis se dressait maintenant dans la ville de Nuuk au Groenland.
Etonnamment, chaque édifice fonctionnait normalement. L'Empire State Building se retrouvant dans le Désert de Gobi possédait encore l'électricité, les téléphones fonctionnaient, l'eau était disponible, les évacuations se faisaient normalement comme si le bâtiment se trouvait toujours sur l'île de Manhattan. Cependant, lorsque les personnes sortaient de l'édifice, elles pataugeaient dans le sable fin de la vaste toundra chinoise.
Dans un premier temps, les gouvernements essayèrent de continuer à fonctionner comme s'ils administraient encore les nations auxquelles ils faisaient partie. Mais il devenait difficile d'administrer lorsque les bureaux officiels avaient été dispersés aux quatre vents. Puis, chaque territoire recueillait maintenant une mosaïque de peuples différents, ne parlant pas la même langue, n'ayant pas la même culture.
Après une certaine hésitation, Helena décida de retourner à son domicile. L'agglomération avait changé d'apparence, elle ressemblait à un parc d'attraction où étaient rassemblées les cultures du monde. Le véhicule s'engagea dans l'allée qui conduisait à sa demeure. De suite, elle remarqua que sa maison avait disparu, remplacée par une paillotte avec son toit en palme et son vaste patio.
Avec dextérité, elle sauta dehors de son 4X4, récupéra son fils qui ouvrait grand ses yeux en découvrant l'endroit. « Maman, où est passé notre maison ? ». Un peu déroutée, Helena répondit qu'elle ne savait pas. En s'avançant vers l'escalier qui menait à la vaste terrasse, elle distingua un jeune homme qui se reposait dans un hamac accroché entre deux sapins à côté de la demeure. Une planche de surf était posée contre un des troncs. Celui-ci regarda avec intérêt l'inconnue. Il se leva et se dirigea vers elle.
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Contes et Nouvelles de la Terre
FantasyPublication de contes d'un autres au-delà. Toute ressemblance avec notre propre univers serait fortuite, pure coïncidence. Quoique !