Le véhicule cala au carrefour. Il fit une vaine tentative pour redémarrer. Et déjà le conducteur derrière lui s'énervait à son volant, klaxonnant avec contrariété. Après quelques tentatives infructueuses, le moteur repartit, toussota quelques instants, puis avança de quelques mètres. La deuxième voiture vrombissait dans un tsunami sonore, accéléra à toutes vitesses, dépassa en débordant sur le trottoir et finalement stoppa net arrêtant la circulation dans un crissement de pneus. Le conducteur sortit de l'habitacle avec violence laissant la portière grande ouverte. Il se précipita avec moult hurlements vers le chauffeur du véhicule récalcitrant. Alors il se mit à l'invectiver. Tout son fiel vomit sur le pauvre homme qui était resté sagement derrière son volant. L'agitation du fou semblait extrême. Ses bras s'emportaient, son visage grimaçait et ses jambes dansaient d'une façon désarticulée. Les piétons regardaient sa prestation en s'éloignant pour ne pas être la victime de ses injures. Puis une fois la colère apaisée, comme de rien, il se réinstalla dans le siège de sa voiture. Il ferma la portière et mit le contact. Comme une furie, la voiture décolla du bitume dans une fumée qui empesta l'atmosphère. Le chauffeur roula de façon désordonnée pendant quelques mètres, grilla un feu rouge et se perdit dans la circulation. L'autre conducteur reprit la route en tremblant. L'atmosphère mit quelques minutes pour retrouver le calme. Deux heures plutôt, le cadre de la société clôtura avec fébrilité sa session informatique. Soulagé de terminer cette journée de stress, il se précipita vers l'ascenseur bondé. Il voulut s'insérer dans la foule. Une résistance toute polie mais ferme l'empêcha d'entrer. Son sang monta rapidement à la tête. Les deux battants se refermèrent, évitant aux gens de recevoir le fiel que déversa l'homme sur la porte close. D'un bond, il s'empressa d'emprunter l'escalier. Il dévala au pas de course les marches grises. Il poussa brutalement l'accès au garage. Il se hâta de poser ses affaires dans le coffre et s'installa au volant de son véhicule.Le moteur se mit à vrombir. Un vacarme infernal envahit l'étage du parking. Les pneus crissèrent sur le sol. La vitesse monta à son maximum. L'homme s'empressa d'insérer sa carte magnétique pour actionner le portique de sortie. Comme ce dernier ne se levait pas assez rapidement, le moteur ronfla en projetant une fumée noire du pot d'échappement. D'un seul coup, la voiture se propulsa hors du garage. En sortant, le conducteur ne vit point le véhicule qui venait à sa droite. Il se fit klaxonner avec insistance. Trop tard, l'homme déjà appuyait sur le champignon. Il eut le temps de faire un doigt d'honneur. Plus loin, il évita de justesse un piéton. Slalomant entre les véhicules, il vomissait ses injures à s'en rayer les cordes vocales.Une heure plutôt, le cadre se retrouvait englué dans le trafic. La queue habituelle à la sortie des bureaux s'étirait jusqu'à la sortie de l'autoroute de contournement. L'humeur se transformait en fureur depuis quelques minutes. La colère avait déjà dépassé le stade de non-retour. A ce moment-là un véhicule à sa droite signala qu'il voulait changer de voie. Il refusa de le laisser passer mais le conducteur devant le lui permit. Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Sans prévenir, il utilisa le bas-côté, accélérant, dépassant la vitesse autorisée et le flot de véhicules. Il se retrouva à la bifurcation où il grilla la priorité en hurlant « Bandes d'imbéciles » s'excitant sur son volant. Le revoici au carrefour. Il se retrouvait coincé. Il s'énerva, insulta à tue-tête le soi-disant chauffard en le traitant de tous les noms. Le conseillant de ne plus conduire. D'aller en maison de retraite. Après cette altercation, il reprit la direction de son domicile. Il était content, il constata qu'il avait gagné une demi-heure de trajet. Il siffla avec satisfaction car pour une fois il arrivait en avance. Il gara son véhicule. Il prit ses affaires dans le coffre. Il prépara ses clefs pour ouvrir la porte d'entrée. Alors, il sentit une vive douleur dans à la poitrine. Il fut comme paralysé par un fulgurant malaise et il s'effondra au sol. Il agonisa quelques minutes sans pouvoir bouger. Lorsque sa femme arriva de son travail, il était trop tard.
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Contes et Nouvelles de la Terre
FantasyPublication de contes d'un autres au-delà. Toute ressemblance avec notre propre univers serait fortuite, pure coïncidence. Quoique !