Contes et Nouvelles de la Terre

35. Nids (Des News de la Terre)

Sous le soleil brillant et froid de l'automne, la fille slalomait entre les gens sur son skate. Avec grâce et élégance, elle se faufilait entre les stands qui encombraient la chaussée. Elle stoppa net devant l'un d'eux. Avec dextérité, elle ôta le sac rose délavé de son dos. Elle montra la marchandise au forain qui se tenait derrière l'emplacement de vente. Elle précisa « Voici les objets commandés. » Le gars jeta un coup d'œil rapide. Précipitamment, il sortit de sa poche quelques billets et les tendit à la gamine.

Avec mépris, elle empocha la somme, tendit le sac à l'homme et continua sa route. L'homme plongea dans la sacoche pour récupérer la marchandise qu'il mit en vente immédiatement. Il aimait bien faire affaires avec le Nid car ce dernier ne remettait jamais en cause ses pratiques commerciales. Et il devait bien reconnaître qu'il les volait honteusement. Tous les objets construits par les « nidiens » étaient d'excellente qualité et se vendaient bien.

Se frottant les mains, il eut un moment de recul lorsque deux hommes montrèrent leur carte de police. L'un deux lui demanda « nous avons quelques questions à vous poser à propos de la fille qui vient de vous apporter ce sac. ». Le marchand fit une triste mine, puis il accorda son attention aux deux flics.

« Je fais honnêtement mon travail. Si ces marchandises ont été volées, je n'en avais pas connaissance. »

« Nous ne sommes pas ici pour cela. Savez-vous où se trouve le nid de cette jeune fille ? »

« La rumeur prétend qu'il squatterait l'immeuble abandonné de la rue du Président Favre. Mais personnellement, je n'y vais jamais. C'est uniquement cette gamine qui m'apporte son travail. »

« Connaissez-vous le nom de celle-ci ? »

« Non. Et je ne veux pas le savoir. Je n'ai qu'une relation d'affaires avec ce Nid. Le reste, cela ne me regarde pas. D'ailleurs, je croyais que tous les objets fabriqués provenaient de la récupération. »

« Nous ne sommes pas ici pour parler de leur production mais des personnes qui vivent dans ce Nid. ».

« Je suis désolé mais je ne sais rien sur elles. »

L'un des policiers tendit une carte et lui dit « Si des informations vous revenaient à l'esprit, n'hésitez pas à nous contacter. »

« Qu'est-ce qu'on leur reproche ? » questionna le forain.

« Rien de précis. Ayez l'œil sur elles et la police fermera les yeux sur vos petites combines. »

« Puis-je toujours acheter la marchandise de ce nid ? »

« Bien sûr. Mais la prochaine fois, essayez d'avoir plus d'information sur la gamine et ses coreligionnaires. ».

Sur ce, les deux policiers quittèrent le marchand.

Pendant ce temps, la fille continuait à rouler sur les trottoirs jusqu'au squat. Elle stoppa. Elle se pencha en avant pour récupérer son skate et, en même temps, elle observa si quelqu'un la regardait. Voyant que la rue était calme, elle s'engagea dans une ruelle perpendiculaire à la rue du Président Favre. Puis elle plongea dans un soupirail qui se trouvait au niveau de la chaussée. Elle tomba sur un matelas mis là pour la recevoir.

Avec dextérité, elle gravit les escaliers qui la conduisirent au rez-de-chaussée. Elle longea un couloir où les portes des appartements avaient été ôtées. A l'intérieur des salles, des artistes s'occupaient de leurs œuvres. Certains la saluèrent lorsqu'elle passa : « Milia ». La fillette répondit de la main à leur accueil. Elle entra dans une pièce où s'affairait une dizaine de personnes. Un jeune homme s'activait devant une cuisinière préparant les déjeuners. Elle jeta négligemment dans une corbeille déjà bien remplie les billets remis par le forain.