Chapitre 10 - 1er bal

1.4K 57 4
                                    

- Pourquoi avoir quitté la Cour pour travailler chez les Bridgerton Appoline ? Marchez-vous sur la tête !
- Moins fort, landaise-je à Geneviève.

Elle venait me rapporter ma robe, non sans me laisser son avis au passage.

- C'est une longue histoire, peut-être pourrais-je vous la raconter autour d'une tasse à café une prochaine fois.
- Les rumeurs disaient vraies ? Vous êtes partis pour un homme ?
- Ce n'était pas n'importe quel homme, il était mon mari et oui les rumeurs disent vraies.
- J'ai toujours su que vous n'étiez pas comme le reste de votre famille, dit-elle avec un sourire. Passez à la boutique dès que le temps vous le permettra, j'ai si hâte de discuter avec vous,

Alors que j'allais répondre, Lady Violet débarqua dans l'entrée.

- Oh la robe est enfin arrivée, merci beaucoup madame Delacroix, pile à temps pour les préparatifs.
- Les préparatifs ? demandais-je alors.
- Et bien il faut vous préparer, vous coiffer, Appoline, la robe ne fera pas tout.

En moins de temps qu'il n'en fallu pour le dire, je me retrouvai dans une chambre d'ami entourés des femmes de chambres de la maison. Mon corps était embaumé de crème tandis que Margareth s'occupait de mes cheveux. Les filles n'avaient pas mal pris que je sois celle choisie, en réalité, elle se fichait pas mal de paraître en société, prétextant que les bourgeois allaient se moquer d'elles si elles se montraient. De toute façon, s'ils le faisaient, ils verraient bien de quel bois je pouvais me chauffer.

- Vous êtes magnifique,

Lady Violet semblait parler avec le coeur, je me tournai vers l'immense miroir. Margareth avait fait un travail magnifique, Genevieve également ; tout m'allait à ravir. J'aurai tant aimé que Thomas puisse me voir dans cette tenue, peut-être même aurait-il pu m'accompagner au bal ? Je chassai cette idée de mes pensées, rien de tout ça n'était possible.

- Eloise va être époustouflé, elle ne cesse de louer votre beauté en temps normal, je n'ose imaginer ce qu'elle dira.. Rejoignez moi en bas lorsque vous serez prête, prenez tout le temps qu'il vous faudra.

Je hochai la tête, il me fallu quelques minutes de répit avant de sortir de la chambre, me dirigeant vers les immenses escaliers : toute la famille m'attendait en bas. Et les regards de tout le monde se dirigèrent vers moi alors que je descendais les marches une à une.

- Vous êtes.. commença Eloise.

- Incroyable, continua Colin.

Je les remerciai, me gardant bien de regarder Anthony. Après ce qu'il avait dit la veille, je ne voulais plus jamais avoir de contacts avec lui, il ne le méritait pas. En réalité, je ne comprenais même pas pourquoi il tenait à venir avec nous, il n'aimait ni les soirées mondaines ni faire semblant. A moins qu'il ne venait seulement pour repérer une épouse ? Quoi qu'il en soit, j'étais bien obligée de me coltiner sa compagnie pour la soirée.

Petite, j'avais déjà eu à visiter le palais de la reine, bien plus immense que la demeure des Bridgerton, tout ici était décuplé, les lustres, les moulures ; une prison d'or pensais-je alors. Personne n'était heureux dans leur monde, il fallait faire semblant de l'être en permanence si bien qu'on avait finit par croire à nos propres mensonges.

Une fois arrivés, on attirait les regards. Enfin, Anthony les attirait ; mes mains tremblaient légèrement, et si la Reine venait à me reconnaître ? Non, c'était impossible, j'avais six ans lorsque les présentations avaient été faite, elle ne pouvait pas se souvenir de tout ceux qui ont un jour frôlé son palais.

On s'avançait vers elle ; sa coiffure était aussi haute que les lustres, j'aimais bien son style : affirmé. Tout le monde fit sa révérence, chacun à leur, le mien arrivait juste après Eloise.

- Madame ma Reine, voici Appoline, elle travaille pour nous en tant que palefrenier, dit Lady Violet, fière.

- Temporairement, rajouta Anthony.

C'était à mon tour de baisser l'échine pour la saluer.

- Nous serions-nous déjà rencontré ? demanda-t-elle alors.

Mon sang ne fit qu'un tour ; être ici était risqué mais j'en avais fais le choix, tout ça pour faire plaisir à une famille que je ne connaissais pas vraiment en réalité.

- Je crains que vous devez confondre, c'est ma première fois au palais.

Mensonge.

- J'espère pour vous que cela n'en sera pas la dernière. Vous êtes bien trop jolie pour vous occuper de chevaux.

Le compliment me fit sourire, je fis une énième révérence avant de la remercier ; la reine était bien comme on la décrivait : surprenante. Jamais je ne me serai attendu à un compliment de sa part et voilà où je me trouvais, à en recevoir. On se retirait rapidement pour laisser place à une autre famille.

- La reine t'a complimenté ! s'exclamait Eloise.

- C'était trois fois rien, elle doit faire ça à chaque domestique, nul besoin de se réjouir.

- Croyez-le ou non, même à nous, elle ne nous complimente pas, continua Lady Violet.

Que répondre à ça ? Aucune idée, je regardai à nouveau la reine, nos regards se croisèrent. J'avais la nette impression qu'elle savait que j'avais mentis, son regard en disait long. Une femme à la peau matte vint alors nous rejoindre, un verre de champagne à la main. Il s'agissait de Lady Danburry, chose apprise après les présentations de faite.

Eloise finit par nous quitter pour son amie Pénélope, les garçons pour leur amis ; il ne restait plus que les dames et moi, je finis aussi par les quitter, prétextant vouloir me chercher à boire. Au lieu de ça, je me rendis dans les jardins pour prendre l'air. J'avais l'impression d'être une bête de foire, un animal qu'on montre à tout le monde comme s'il venait de voir le jour.

Et même à l'extérieur, les regards des hommes se dirigeaient vers moi, eux fumaient leur cigare tandis que j'essayais de respirer un tantinet d'air frais. Je finis par m'éloigner d'eux, non sans leur jeter un regard mauvais au passage.

Appoline - BridgertonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant