Chapitre 62 - Elle

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A mon plus grand étonnement, Anthony arriva pile pour le déjeuner. J'aurai pensé, au vu de son comportement, qu'il ne nous honorerait pas de sa présence mais visiblement, la personne qui décidait quand il devait être et avec qui il devait l'être, était bien née. Et cette personne, ce n'était personne d'autre que moi. J'avais passer la matinée à jouer avec les enfants à l'extérieur et à flâner avec Eloise dans la bibliothèque.

- Pourquoi nous as-tu réunis ? demandait alors l'homme sans même prendre le temps de saluer Daphné et Simon.

Il jeta un coup de froid sur la table qui riait aux éclats avant son arrivée, je me levai alors, prête à répondre.

- J'aimerai tous vous convier en France, Edmé s'occupe de l'éducation de mes soeurs après avoir renvoyé mes parents au Havre. La saison ici s'est terminée, j'ai échangé avec le Roi et la hache de guerre est bel et bien terminé. Les De Bourbon ont plusieurs maisons à Paris, nous seront comme à la maison avec une touche à la française, Edmé n'a qu'une hâte : préparer notre arrivée !

En réalité, j'avais été la bienvenue en France, pas ma famille ; Edmé ne s'attendait certainement pas à ce que je vienne avec tout le monde mais vu leur réaction à mon arrivée, je ne pouvais pas simplement leur annoncer que je partais à Paris pour quelques temps.

- Il en est hors de question, dit aussitôt Anthony alors que les enfants s'exclamèrent de joie.

Je me tournai vers lui, le sourire aux lèvres.

- La décision ne vous revient pas, Daphné, Simon ?

Je me tournai vers eux, ils avaient le sourire aux lèvres.

- C'est avec plaisir Apolline, dit aussitôt Daphné, son mari suivit.

- Appoline, arrêtez.

Anthony était menaçant, il se levait à son tour.

- Allons en parler dans mon bureau.

A contre-coeur, je le suivis, pour la simple et bonne raison que je ne voulais pas faire éclater de scènes avec les enfants au premier rang. Une fois entrée dans le bureau, l'homme claqua la porte derrière lui, ça s'annonçait mal.

- Donc vous pensez sérieusement pouvoir revenir et emmener ma famille en France ?! Pour qui vous prenez-vous Appoline ?!

- Ce n'est que le temps de quelques semaines et vous en faites toute une histoire pour pas grand chose !

- Vous n'avez pas à prendre de décisions !

- J'ai tout à fait le droit de faire ce que je veux Anthony ! Que cela vous fasse plaisir ou non ! Je ne suis pas votre domestique !

- C'est ma famille ! Mes décisions !

- Vous m'avez épousé ! 

- Et bien je n'aurai pas dû ! J'aurais dû vous laisser partir sur ce bateau ! Je n'aurai jamais du vous rattraper ! Regardez où nous en sommes ! 

Je restai bouche bée face à ses propres ; il les pensait sincèrement. L'homme regrettait l'amour qu'il portait à mon égard, il regrettait toute notre histoire. Je lui laissais le temps de se reprendre, de se morfondre d'excuses mais il n'en fit rien, c'est comme s'il pensait tout ce qu'il venait de me cracher au visage. 

Et cela me tuait.

Me souvenir d'un homme qui ne voulait plus de moi, cela me tuait.

- Vous me devez ce voyage Anthony, n'oubliez pas que c'est entièrement de votre faute si mon ex-fiancée m'a presque battu à mort. Vous me devez ça, que vous le vouliez ou non.

- Après ce voyage, je ne vous serai plus redevable Appoline, ça sera terminée, la fin de notre histoire.

- Je poursuivrai le reste de ma vie en France, soyez en rassuré.

Je n'attendais pas sa réponse avant de quitter le bureau, claquant la porte derrière moi. Dès qu'elle se referma, je m'y appuyais, j'étais immensément triste de la tournure de la situation. J'étais réveillée, je m'étais souvenue pour au final détester l'homme que j'avais autrefois aimeR. Quoi que ce je fasse, quoi qu'il advienne, les sentiment restaient, il me détestait, sa haine envers moi était fondée. J'avais gâché sa vie en débarquant ici pour le rôle de palefrenier.

* * * PDV ANTHONY * * *

Elle. 

Elle s'immisçait dans mon esprit, à l'intérieur de ma boîte crânienne à chaque seconde qui passe, à chaque qui s'écoule et à chaque jour qui s'endort. Il fallait que ça s'arrête. Qu'elle aille vivre la fin de ses jours en France si elle le voulait, je n'en avais que faire ; il fallait que ça s'arrête, que son nom quitte mon esprit à jamais, que nos souvenirs s'envolent et retournent là où ils appartiennent : au passé. 

Elle, c'est ma femme. 

Que je déteste tant pour n'être qu'une pâle copie de celle que j'ai autrefois aimé. 

Elle, c'est Appoline ; une femme à la chevelure d'or détesté par tout Londres mais tant aimé par ses proches.

Alors qu'elle avait élu domicile dans mon esprit, la présence de ma mère entrant dans mon bureau l'éclipsa le temps d'une conversation à huit clos.

- Anthony, puis-je ? 

- Faites donc mère, 

De toute façon, elle s'était déjà bien trop avancée dans la pièce pour que je puisse lui dire de faire demi tour sans que cela soit à la limite de l'irrespect.

- Appoline est de retour, j'aimerai savoir comment vous vous sentez.

- Merveilleusement bien mère, comment voulez-vous que je me sente ? Le fantôme d'une femme que j'ai aimé se balade sans cesse au domaine, n'est-ce pas fantastique ? 

- Vous ne la regardez pas assez, Appoline n'est jamais partie, bien que ses souvenirs lui ait échappé, elle est restée fidèle à elle-même. Vous auriez dû la voir à Aubrey Hall ou bien ce matin même, elle était pleine de joie, elle ne rate jamais une occasion de faire rire la galerie. C'est si agréable de l'avoir parmi nous. 

- Appoline est morte mère.

- Vous vous rattachez à des souvenirs Anthony, sortez un peu de votre bureau, la vraie vie, c'est de l'autre côté.

- Vous êtes venue pour ça ? 

- Trois mois sans la voir, avez-vous réussi à l'oublier pour autant ? 

Je secouai la tête négativement.

- Elle est en vie, ne laissez pas passer votre chance. 

Elle se retira alors, me laissant seul avec mes pensées et surtout : avec elle.

Appoline - BridgertonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant