Appoline - Bridgerton

Chapitre 47 - L'heure de vérité

La cérémonie se déroula à huit clos, dans une chapelle de Londres. La robe que je portais appartenais à Daphné, sobre, blanche, elle faisait l'affaire pour ce mariage qui ne résultait pas d'amour. Le prêtre l'avait bien compris, il signa l'acte de mariage puis nous fîmes de même, sans grand entrain mais grâce à ce petit bout de papier, je ne pouvais plus prétendre à aucun prétendant. 

Les choses se corsèrent lorsque l'on rentra au domaine des Bridgerton, des calèches étaient présentes devant la propriété. Il me fallu moins d'une seconde pour reconnaître le Sceau des Deux Bourbons inscrit dessus. Ma famille était là. Je partageais ma calèche avec Daphné et Eloise, et Violet, toute la famille avait assistée au mariage, pour ne pas laisser les bancs vides, la rouquine ferma les rideaux presque directement en voyant les calèches postées. 

- On ne descend pas tant que les garçons n'auront pas géré la situation, dit la mère de famille. 

Le cochet avait visiblement était mis au parfum puisque dès qu'il arrêta la voiture, il se plaça devant notre porte afin que personne ne puisse l'atteindre. 

- Où est Appoline ? 

De l'intérieur, je pouvais entendre la voix du Duc gronder. 

- Lady Appoline Bridgerton n'a plus aucun devoir envers vous. 

Ça, c'était Anthony. 

- Ma soeur n'est certainement pas une des vôtres, disait Léon.

Quelques minutes de silence puis la conversation reprit.

- Comment avez-vous pu ? disait mon ex fiancé.. Elle était à moi ! 

- Ma soeur n'était certainement pas à vous, dit Charles. Et je vous prierai d'arrêter de ma soeur comme d'un vulgaire bout de viande. 

- Ta soeur n'était rien de plus qu'une putain, 

La vulgarité allait si bien à ma mère, je serrai les poings. 

- Cessez, dit Edmé. Si Appoline s'est véritablement mariée au vicomte, nous n'avons plus à nous battre pour faire annuler le contrat qui pesait sur sa tête. 

Qu'entendait-il par là ? Sa remarque coupa le souffle à tout le monde, même ici, je regardais Lady Violet d'un air interrogateur, elle aussi avait l'air perplexe. 

- Que voulez-vous dire par là ? demanda Anthony. 

- Faire annuler le contrat ? ajouta le duc. 

- Edmé, dit Charles, menaçant. 

- Ma soeur n'a jamais voulu marier une pourriture dans votre genre, continua Edmé. On a tout essayé pour faire annuler le contrat qui pesait sur sa tête, d'ambassade en ambassade, nous avons nous mêmes écrit au roi un nombre incalculable de fois pour lui faire comprendre qu'unir sa propre cousine avec vous était la pire erreur qu'il avait commise. 

 J'avais une envie folle de sortir de la voiture pour rejoindre mes frères mais je ne pouvais pas, pas dans l'état dans lequel je me trouvais. Je finis par me boucher les oreilles, me couper de tout ce qui était en train de se passer de l'autre côté. Après ce qui me parut une éternité, Violet me fit signe que je pouvais arrêter, il était temps pour nous de descendre de la voiture, mise à part les Bridgerton et leur personnel, plus personne n'était là. Je pouvais voir au loin les voitures se retirer. 

- Appoline, 

Je ne m'arrêtais pas en entendant la voix d'Anthony m'interpeller, montant directement dans la chambre d'ami me blottir sous la couette. La journée avait été épuisante et il n'était que 14h, je n'avais qu'une envie : m'endormir pour qu'elle se termine. Tout était plus simple lorsque l'on se laissait tomber dans les bras de Morphée, le monde extérieur ne comptait plus.. Mais quand était-il lorsque celui-ci s'immisçait dans votre sommeil, pour le torturer ? C'est en sueur que je me réveillais, quelques heures plus tard après avoir vécu une deuxième fois l'incident avec mon ex fiancé. Ex-fiancé que je maudissais.

Je sortis de ma chambre seulement pour me rendre dans la salle de bain, croisant une servante qui se pressa pour me le préparer, ce à quoi je refusais d'un signe de la tête, je n'avais pas besoin d'aide pour une tâche aussi simple. Elle acquiesça, me disant seulement qu'elle allait me ramener des vêtements propres et c'est ce qu'elle fit quelques minutes plus tard, tandis que je faisais couler l'eau chaude. 

Ce n'est qu'au bout de deux bonnes heures que je sortis du bain. Cette fois-ci, aucun souvenir ne me revinrent en tête, à mon plus grand désarroi. Je ne pouvais pas manifester les souvenirs, il fallait qu'ils viennent à moi. C'est déçue que je regagnais ma chambre, ce sentiment vite remplacé par la surprise d'y voir Eloise, assise sur mon lit.

- Je.. Salut.. Je ne veux pas t'embêter, je suis venue pour te dire que nous aimerions partir deux semaines à Aubrey Hall pour s'éloigner un peu de Londres, c'est une résidence de la famille, au calme, nous y serons sereins. Mais personne ne veut t'infliger un si long voyage sans ton accord, après tout, tu es la nouvelle maîtresse de maison. Dis.. ça te tente ? 

Je hochais la tête positivement, 

- Un coursier sera envoyé chez tes parents pour récupérer tes affaires, je ne suis pas sûr qu'un tour chez la modiste te tente.. 

Un nouvel hochement de tête, 

- Même si cela s'est fait dans la précipitation, je suis contente de t'avoir comme soeur.

Je n'eu pas la force de sourire, Eloise était si mignonne avec moi mais j'étais tellement fatiguée.

- Je.. J'ai besoin de me reposer, 

Elle comprit rapidement et quitta la chambre avec quelques mots. Pour ma part, je me blottis à nouveau sous la couverture, à la recherche d'un sommeil qui ne venait pas. Alors je refais là, à regarder le plafond à la recherche d'un signe de l'Univers qui lui aussi manquait à l'appel.