Chapitre 19 - Mise au placard

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La nuit, je l'avais passé à réfléchir. Il m'avait été impossible de trouver le sommeil tant mes pensées tournoyaient dans tous les sens. J'étais terrifiée à l'idée que le Duc parle de ma réelle condition à Daphné, que Daphné le répète à son frère et qu'il découvre ainsi toute la vérité. J'avais la nette impression que l'étau était en train de se resserrer et je ne pouvais rien faire pour l'en empêcher. Au petit matin, je me rendis chez monsieur Davies pour lui annoncer ma démission ; je n'avais pas envie de travailler pour un homme qui m'avait seulement prise pour rendre service à Anthony, ça, c'était certain.

Il fallait que je me rende chez les Hastings pour parler au duc, je ne pouvais pas laisser la situation courir plus longtemps, lui et moi devions avoir une explication. Les villageois m'indiquèrent leur demeure presque aussi majestueuse que celle des Bridgerton, une vingtaine de calèche se trouvaient stationnées devant. C'est leur gouvernante qui m'ouvrit la porte, étonnée de me voir. 

- Puis-je faire quelque chose pour vous madame ? 

- J'aimerais parler au duc pour une affaire urgente.

- Le duc reçoit du monde aujourd'hui, je crains qu'il ne puisse pas vous recevoir.

- Quel mot ne comprenez-vous pas dans affaire urgente ? Allez donc lui dire qu'Appoline l'attends.

Sans plus attendre, j'entra dans leur demeure non sans le regard noir de la gouvernante.

- Je vais gentiment attendre ici pendant que vous allez le chercher, tâchez de faire vite.

Je pouvais entendre du bruit provenant des jardins, il devait y avoir une réception vu le nombre de domestiques qui allaient et venaientt dans l'entrée ; certains portaient des fleurs tandis que d'autres des verres vides qu'ils devaient sûrement rapidement ramener en cuisine. Je faisais les cents pas, espérant secrètement ne pas être vu par quelqu'un qui pourrait me reconnaître et en parler à je ne sais qui. Le temps semblait durer une éternité avant que la silhouette du duc ne se dessine enfin.

- Que faites-vous ici ? dit-il froidement en m'empoignant par le bras direction je ne sais où.

Il se fichait pas mal du regards des servantes présentes tant qu'il m'emmenait le plus loin possible des jardins.

- Vous ne pouvez pas venir ici.

Nous nous étions retrouvés dans une buanderie, mis à l'écart des autres.

- J'ai besoin de savoir que vous ne diriez rien sur mon identité !

- Vous osez me demander un service après tout ce que vous m'avez fait Appoline ?

- Si vous aviez voulu dire la vérité, vous l'auriez déjà fait, Simon.

- Je n'ai aucune raison de vous protéger, vous vous êtes enfuie avec un moins que rien !

Il venait de dire la phrase de trop, je serrai les poings avant de pousser l'homme de toute mes forces contre le mur, il semblait surpris de ma violence.

- N'insultez plus jamais la mémoire de Thomas où je vous jure que je vous boxerai le visage Basset, dis-je en pointant l'index sur son visage.

- Je.. Je n'étais pas au courant qu'il était partis Appoline. Il n'en reste que je n'ai aucune raison de vous protéger et de mentir à ma propre famille.

- Vous disiez m'aimer un jour, faites le pour ça.

- Vous m'avez abandonné ! 

- Cela remonte à trois ans Simon, vous avez eu le temps de vous en remettre ! Vous n'avez pas besoin de gâcher la vie que j'essaye de reconstruire pour vous venger.

- Si vous traînez près des Bridgerton ou de personnes qui me sont chères, je serai dans l'obligation de dévoiler votre secret.

- Rassurez-vous, c'est bien la dernière fois que nous nous croisons.

Je sortis alors du placard à balais dans lequel nous nous trouvions, il était temps pour moi de quitter ces lieux maintenant que j'avais la certitude qu'il n'allait rien dévoiler. De toute façon, s'il avait voulu le faire, il l'aurait déjà dis à tout le monde mais il n'en était rien. Une fois dans l'entrée, je tombais nez à nez avec Daphné.

- Oh, Appoline, je ne savais que vous veniez.

- Je suis seulement venue remercier votre mère pour le dîner mais elle semble bien occupée, je ne souhaite pas la déranger.

- Vous ne dérangez personne, venez donc vous joindre à nous.

- Je ne pense pas que cela soit une bonne idée. 

On se retourna, Simon était là, se tenant aussi droit qu'un piquet.

- Je ne pense pas t'avoir demandé ton avis, dis Daphné froidement, elle devait sûrement encore lui en vouloir pour la soirée d'hier.

- De toute façon, je ne suis pas habillée pour l'occasion,

- Appoline, s'il vous plaît, cela serait l'occasion de redorer votre réputation, non ? J'insiste, venez vous amuser avec nous.

- Je crains que vous ne puissiez refuser son invitation, dit Lady Violet qui arrivait à notre hauteur.

Comment pouvais-je refuser ? Les dames allaient trouver cela suspect.

- C'est d'accord mais je ne reste pas longtemps, 

- Oh c'est parfait, Simon, pourrais-tu conduire notre invitée dans les jardins ? Sans lui manquer de respect, sois dis au passage.

Elle allait m'étrangler le jour où elle apprendrait la vérité. Il fallait que je quitte Londres, dès la fin de la semaine, je choisirai une nouvelle destination et plierai bagages. Simon ne répondit pas, m'invitant seulement à le suivre jusqu'aux jardins, là où tous les regards se tournèrent vers nous. C'était la première que je paraissait à nouveau en société après le scandale qui avait eu lieu.

- Deux heures, pas une minute de plus, dit le duc avec un sourire alors que Colin s'avançait vers nous.

- Appoline, je suis ravie de te revoir, n'est-ce pas là une merveilleuse après-midi ?

Le temps était agréable, contrairement aux regards froids que les gens de la haute affichaient. Le duc profita de l'arrivée de Colin pour s'éclipser à mon plus grand bonheur.

- Je ne suis pas là pour Anthony, dis-je bas presque immédiatement. Ma présence est dû à un malheureux hasard, continuais-je.

- Le destin semble jouer en ma faveur, 

Le domaine des Hastings était vaste, un lac prenait place au milieu de ces hectares, des barques avaient été mis à disposition pour pour permettre aux invités d'aller faire un tour rafraichissant sur l'eau. Cela devait être agréable.

- Laissons le destin en dehors de tout ça.

- Appoline, cria presque Eloise en arrivant en ma direction, toujours accompagnée de son amie Pénélope.

- Je ne reste pas pour très longtemps, dis-je de suite à l'intention d'Eloise.

- Nous aurons parfaitement le temps d'aller faire un tour en barque, dit-elle en m'empoignant par le bras.


Appoline - BridgertonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant