Voilà deux semaines qui s'étaient écoulés depuis l'incident en ville ; depuis, je n'y étais pas retournée à la nuit tombée, faisant toujours en sorte de rentrer avant que le Soleil ne se couche. Alors que ma journée arrivait à sa fin, c'est la présence de Lady Bridgerton qui m'empêcha de partir : que faisait-elle aux écuries ? N'y avait-elle pas d'autres endroits plus reluisants pour une femme de sa catégorie ?
- Bien le bonsoir Appoline,
Son regard était doux ; bien que terni par le temps. C'était à mon tour de la saluer, le sourire empreint sur mes lèvres. Elle tenait entre ses mains ce qui semblait être le Lady Whistledown, j'espérais sincèrement ne plus y être mentionné.
- J'aimerai vous demander un petit service,
- Je vous écoute.
- Cette Lady Whistledown, elle a écrit il y a quelques jours concernant un bal, elle a émit l'idée qu'on devrait y convier nos employés alors la Reine l'a mis en application, un bal est organisé au château, chaque famille peut y convier un domestique et j'ai pensé à vous. Bien-sûr, nous irons chez la modiste vous trouver une robe qui sera à votre taille, à nos frais.
J'étais en train d'assimiler toutes les informations : cette Lady Whistledown avait donc invité toutes les familles à faire danser les domestiques et voilà que la reine elle-même organisait un bal où ils étaient justement conviés ? Je n'arrivais pas à en croire mes oreilles.
- Appoline ?
- Quand le bal a-t-il lieu ?
- Demain soir.
- Quand la reine a-t-elle annoncé le bal ?
- Ce matin même, toutes les femmes de chambre se sont ruées pour être l'élue mais je pense que vous êtes la mieux qualifiée.
- Car je suis palefrenier ?
- Je vous apprécie, cela me suffit. Si vous ne tardons pas, nous aurons sûrement le temps de nous rendre chez la modiste. Alors, êtes-vous partante ?
- Oui mais à la condition que cela ne réitère pas, je n'apprécie pas trop les soirées mondaines.
- Très bien,
Il me fallu une heure pour être présentable et ne plus sentir mauvais, on allait arriver à la fermeture, c'était certain. Alaric s'était occupé de préparer les chevaux pendant que je m'étais attardée à être propre ; c'était à mon tour de trotter jusqu'à l'entrée de la demeure.
- Nous y serons pile à temps,
Elle m'invita à monter à l'intérieur de la calèche, je voyageais en compagnie d'Eloise, elle était aux anges que sa mère m'ait convié, déblatérant un nombre incalculable de parole à la seconde.
- Savez-vous danser Appoline ? demanda Violet.
- Je me débrouille,
- Cela n'a aucune importance, je sais bien danser mais je n'ai jamais eu le besoin de le faire, vous pourrez vous en passer.
Autrefois, j'aimais danser, c'était l'art que je maîtrisais le plus avec la musique, bien que je devais être un peu rouillée désormais. On arriva rapidement chez la modiste, la devanture indiquait qu'elle venait tout droit de France, je souris à l'idée de voir une de mes concitoyennes ici en ville.
Et mon sourire se perdit quand je vis la modiste en question, son sourire à elle s'aggrandit, pensant sûrement reconnaître une ancienne amie.
- Appoline ! s'exclama-t-elle.
- Oh, vous vous connaissez vous deux ?
- Oui, j'ai eu le loisir de rencontrer Genevieve au marché il y a de ça quelques semaines.
Mon regard la suppliait de ne pas en dévoiler plus, elle eu l'air de comprendre puisqu'elle hocha la tête.
- Pardonnez mon exclamation, Appoline est une femme que l'on est très heureux de retrouver.
- Il nous fait trouver la robe parfaite pour elle, demain, elle se présentera à la reine lors du bal. Il paraît qu'elle a convié une chanteuse d'opéra, tout s'annonce magnique ! J'ai si hâte, dit Violet.
Etre chez la modiste me rappelait ma vie d'avant ; faites d'or et d'argent, je n'avais jamais manqué de rien, enfin, jusqu'au jour où j'avais tout abandonné pour un homme. Le monde ne m'avait jamais paru aussi cruel qu'au jour où j'ai décidé de choisir l'amour plutôt que l'honneur de ma vie, à la Cour de France, j'étais sûrement la risée de tous mais j'avais au moins goûté à ce qu'ils n'auront jamais : l'Amour. Pas celui qui exalte d'un mariage arrangé, ni celui qu'on éprouve pour sa famille, non, j'avais eu droit à celui qu'on ne trouve qu'une fois, qui nous consomme autant qu'on ne vie que pour le ressentir.
La garantie du bonheur certain n'existait pas ; si j'avais un homme de ma catégorie, c'est malheureuse que j'aurai terminé, mais malheureuse avec un patrimoine à mon compte, pas seule dans le fin fond de la Bourgogne puis seule à Londres.
On passa la soirée à essayer une multitude de robe, la modiste ayant fermé boutique mais nous avait accordé sa soirée, au plus grand bonheur de madame Bridgerton. On avait finalement jeté notre dévolu sur une robe rose, elle m'allait et n'avait pas besoin de beaucoup de retouche, elle sera parfaite d'ici à demain soir.
Sur le chemin retour, j'avais l'envie persistante de m'endormir ; si bien que je finis par sombrer, passer la soirée à essayer des robes encore et encore m'avait plus fatiguée qu'une journée de travail ordinaire.
- Appoline, nous sommes arrivés,
- Maman ? dis-je en murmurant, encore la tête dans les nuages.
Ce n'est qu'au contact de la main gantée de la femme que je me réveillai complètement ; retour à la réalité.
- Toutes mes excuses, je me suis assoupie,
- Ce n'est rien, vous demandiez votre mère, peut-être serait-ce une bonne idée que vous lui rendiez visite ?
- Mère, je ne suis pas sûr que mettre Appoline dans l'embarras soit une bonne idée.
- Je ne suis pas embarrassée Eloise ne t'en fais, mes rapports avec ma mère sont houleux, elle ne veut pas me voir.
- Je suis sincèrement désolée, j'espère que cela finira par s'arranger,
Une fois à l'extérieur, l'air frais nous frappa au visage, la nuit allait être froide.
- Appoline, vous devriez vous joindre à nous pour le dîner, qu'en pensez-vous Eloise ?
- C'est une excellente idée !
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Appoline - Bridgerton
Hayran KurguLa vie est une question de choix ; bons, mauvais, ceux qui apportent des conséquences, bonnes ou mauvaises, on tourne inlassablement dans ce cercle vicieux. Il s'est avéré que je finissais toujours par choisir les plus catastrophiques, pensant qu'il...