Chapitre 64 - Daphné

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Ce n'est que tard dans la nuit que je rejoignais Anthony dans notre lit, enfin mon côté du lit, celui le plus proche de la fenêtre qu'il avait prit soin de fermer. Alors que je me glissais sous les draps aussi silencieusement que possible en pensant qu'il était endormi, il prit la parole pour me souhaiter une agréable nuit.

- Ne dormez-vous pas ? 

Je pouvais le sentir se tourner vers moi, à travers la demi-obscurité, j'arrivais à peine à discerner ses traits.

- Je n'ai pas sommeil, dit-il dans un souffle. 

- Nous avons fait un long voyage pourtant.

- Je pourrai dire la même chose vous concernant, vous n'avez pas fermé l'oeil depuis notre arrivée. 

- C'est différent. 

- Vous êtes différente.

- Ce n'est pas ce que j'ai dis.

- C'est ce que je pense. 

Je ne répondais pas, je ne pouvais plus suivre les humeurs de l'homme. Chaud, froid, qu'en était-il de ses réels sentiments ? Une multitudes de questions allaient et venaient dans mon esprit à la recherche de réponses, en vain.

- Je vous souhaite une agréable nuit, Anthony. Et tâchez de ne pas ronfler, auquel cas je serai dans l'obligation de vous mettre sur le pallier. 

* * * 

Au petit matin, je me réveillais presque enlacée dans les bras de l'homme. Si je bougeais, j'allais le réveiller et si je le réveillais, il allait se rendre compte de notre proximité. Que devais-je faire ? La chose la plus lâche : j'attendais qu'il se réveille tout en faisant semblant de dormir. Ce n'est qu'après une longue attente qu'il bougea enfin, je pouvais sentir son bras sur lequel j'étais posée se retirer tout en finesse, lui aussi faisait attention à ne pas me réveiller. 

Ce n'est que lorsqu'il entrait dans la salle de bain pour se préparer que je me levais, allant directement me coiffer. L'inconvénient avec le fait d'avoir des boucles, c'est que lorsqu'on ne les tressait pas la veille, le lendemain, on ressemblait à une touffe de cheveux difficile à démêler. Avec de la lotion, j'essayais de coiffer le tout, le temps qu'Anthony fasse sa toilette dans la pièce d'à côté.

Ce n'est qu'une trentaine de minutes plus tard qu'il sortis, tout propre ; il sentait bon de là où je me trouvais.

- Vous êtes réveillée.

- Vous ai-je déjà féliciter pour votre sens de l'observation ? 

- Hier soir, ici même, dit-il en levant les yeux au ciel. 

Je me relevais de ma chaise, c'était à mon tour de me faire propre avant de rejoindre les autres en bas.

- Dois-je vous attendre ? me demandait l'homme.

- Faites comme bon vous semble Anthony, je ne suis pas votre génitrice. 

Un énième levage de yeux au ciel ; j'étais plus rapide dans la salle de bain que lui. Quelle fut la surprise en le voyant assis sur le rebords du lit une fois sortis de la salle de bain, il m'avait attendu. Comme hier, l'homme m'aidait avec ma robe. Je me regardais une dernière fois dans le miroir, j'étais présentable aux yeux des autres, c'était le plus important.

- Nous pouvons y aller, dis-je en attrapant le bras de l'homme. 

Nous formions un parfait petit couple aux yeux de ma famille ; les Bridgerton connaissaient la vérité. Il fallait que cette mascarade dure jusqu'à leur départ. 

- Appoline ! Lord Brodgerton, dit Suzie en s'avançant vers nous. Vous avez bien dormi ? 

- Parfaitement bien, dit mon mari avec un sourire.

- On a du pain perdu pour le petit déjeuner ! Venez ! 

Suzanne était toute sourire, elle nous emmena dans la salle à manger qui était pleine à craquer avec les De Bourbon et les Bridgerton, j'aimais ce mélange à la française avec une pointe londonienne.  Je saluais tout le monde avant de m'installer à côté de Daphné et Agnès.

- Vos parents ne viendront pas ? demanda Daphné.

- Non, à moins que vous les ayez prévenu comme la dernière fois, dis-je en attrapant une narine de pain perdu.

J'avais parlé sans réfléchir ; le visage de Daphné se figea, elle voyait parfaitement de quoi je voulais parler. Je portais mon regard sur son mari, Simon. J'avais compris à Aubrey Hall, que jamais il n'aurait pu écrire à mes parents pour les prévenir de mon accident. Il les connaissait et savait à quel point ils pouvaient être horrible, même s'il me détestait pour avoir menti, le duc de Hastings ne m'aurait jamais mis dans une position pareil.

Par contre, sa femme, oui.

Il était clair que c'était elle qui avait écrit à mes parents, Simon avait menti pour la protéger.

Et leurs têtes ne venait que confirmer mon hypothèse.

- Que voulez-vous dire par là Appoline ? demanda Violet.

- Daphné adore écrire des lettres, par vrai ? demandais-je en le regardant.

Elle tourna rouge comme une tomate.

- Il est vrai que j'ai un attrait pour l'écriture mais rien de bien important. Le pain perdu est délicieux, cela dit. 

Je regardais Suzie ; il suffisait d'un regard pour que l'on se comprenne et on éclata de rire, sous l'incompréhension de tous les autres.

- Désolée.. Je..

Je n'arrivais pas à articuler plus de trois syllabes sans fondre en larmes de rires ; au moins, le ridicule n'était plus donné à Daphné mais c'est moi Suzie et moi qu'il arrivait. Au bout de quelques longues minutes, l'on finit par se calmer. 

- Cela faisait longtemps que je ne t'avais pas entendu rire petite soeur, dit Charles, le sourire aux lèvres.

- Son rire est-il toujours aussi affreux ? demanda Louis à ma famille.

- Et encore, vous n'avez rien vu.. dit Anthony. 

Le reste du déjeuner se déroulait dans une ambiance presque enfantine ; j'aimais le tableau que formaient mes deux familles ; intérieurement, j'essayais de capturer ce moment afin de pouvoir l'écrire en détails ce soir dans mon journal.

Appoline - BridgertonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant