Chapitre 14 - Marcus

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Le réveil fut bien trop difficile à mon goût. Il me fallait au moins une dizaine de jours de repos avant de reprendre le travail. Et pourtant, il fallait que je me lève pour ne pas avoir de retard. Une fois prête, j'alla rejoindre les autres pour mon petit-déjeuner, ils voulaient tout savoir sur la soirée d'hier alors je la leur racontai dans les moindres détails, en passant les épisodes plus ou moins répréhensibles.

Alors que l'on finissait le petit déjeuner, un homme assez menu arriva ; je ne l'avais jamais vu et pourtant, je connaissais désormais les prénoms et les visages de tout le monde ici. Il m'avait fallu du temps pour y arriver mais j'étais assez fière de moi.

- Marcus ! Te voilà de retour ! 

Ils se levèrent tous pour le saluer. Ce prénom me disait quelque chose sans que je ne sache réellement d'où.

- Cela fait une éternité que nous ne t'avons pas vu, ton pieds va mieux ?

- Je suis guéris en tout point, dit-il en tournant sur lui même.

Son prénom me revenait, je l'avais entendu à mon premier jour à Londres, dans ce bar où les hommes discutaient du poste vacant de palefrenier. Le voilà, le palefrenier au pied cassé que j'avais remplacé. L'idée qu'il revienne ne m'avait pas traversé l'esprit, cela faisait désormais un bon mois que je travaillais pour les Bridgerton ; les quitter aussi tôt me pinçait le coeur.

- Oh Appoline, je suis désolée.. me dit madame Harold alors que mon visage se décomposait.

- Vous êtes sûrement celle qui m'a remplacé ? J'ai fais un tour dans les écuries en arrivant et elles n'ont jamais été aussi propres, je vous remercie grandement pour le travail fait ma grande, 

Je me forçai à sourire.

- C'était avec plaisir. 

- Lady Bridgerton est réveillée, elle a demandé à vous voir,  me répondit le palefrenier.

Je hochai la tête en me levant, quittant la cuisine pour rejoindre le salon favoris de la maîtresse de maison. C'était mes derniers instant ici, qu'allais-je faire désormais ? Je n'avais pas prévu de plan B et c'était bien la pire erreur que j'avais pu faire. Je trouvai Violet dans son salon, en train de faire les cents pas.

- Oh Appoline vous voilà, Marcus est revenu et je ne peux lui refuser sa place de palefrenier mais cela veut aussi dire que vous ne pouvez plus l'être et je suis sincèrement désolée..

Elle parlait vite ; elle aussi avait semblait oublier le retour de Marcus.

- Ce n'est rien madame, je me suis préparée à son retour. J'ai été très honorée d'avoir pu participé à la vie de cette maison, quel qu'en soit mon impact mais il est temps pour moi de partir.

- De partir ?

Eloise se retrouvait dans l'embrasure de la porte, encore difficilement éveillée.

- Marcus est revenue Eloise.. dit sa mère, maussade.

- Mais vous ne pouvez pas partir Appoline, vous êtes la meilleure chose qu'il soit arrivé à cette maison depuis des mois ! Mère, laissez la partir et vous feriez une grossière erreur ! Hier nous n'avons jamais été plus uni pour faire face aux moqueries après sa chute, nous n'avions jamais front commun depuis la mort de Kate !

Faire front commun pour faire face aux moqueries ? J'étais touchée par l'intention d'Eloise mais je ne pouvais pas voler la place de Marcus : chaque bonne chose avait une fin et voilà qu'arrivait la mienne.

- Je suis très touchée Eloise mais même si Marcus n'était pas revenu, j'aurai décidé de partir, je ne peux pas nettoyer des écuries toute ma vie. Pourriez-vous dire au revoir aux autres de ma part ?

C'était un mensonge, j'aurai très bien pu nettoyer des écuries toute ma vie mais ça, Eloise ne le savait pas et peut-être que cela allait atténuer sa tristesse de savoir que tôt ou tard, je serai partie. 

- Je ne désire pas vous voir partir, 

- Venez donc me faire un câlin, 

Elle s'exécuta sans attendre, me serrant si fort que je cru qu'elle allait m'étouffer comme ma robe la veille au soir. Violet nous regarda avec un sourire assez triste. Quand à moi, je ravalai ma tristesse, plutôt stressée à ce qui allait m'attendre après. Devrais-je rentrer en France ? Non, certainement pas. Mais rester ici pour quoi au juste ? 

- N'hésitez pas à venir nous rendre visite Appoline, notre porte vous sera toujours la bienvenue et encore merci pour hier, je n'avais pas vu mes enfants si heureux depuis un certain bout de temps, me dit Lady Violet une fois le départ d'Eloise.

- C'était avec plaisir madame, merci à vous de m'avoir confiance.

- Je réitérerai sans hésiter.

Une dernière révérence et voilà que je me retirai pour aller ranger mes dernières affaires. C'est les pieds lourd que je me dirigeai vers ma chambre, sortant mon sac du dessous du lit. Je me retrouvai avec la robe que la reine m'avait donné, je ne sais toujours pas si je devais la lui rendre ou la garder. Je n'avais pas tant d'affaire que ça, il ne me fallu qu'une dizaine de minutes pour tout ranger ;  je devais faire mes adieux aux autres domestiques avec qui j'avais partagé bons nombre de repas, à cet instant, je regrettai de ne pas m'être liée plus d'amitié avec eux, j'avais toujours préféré rester dans mon coin, sans déranger personne.

- Il y a une auberge de jeunesse en ville, la Taverne d'Henry, allez-y le temps de vous trouver de quoi vous retourner. J'ai ça pour vous de la part de Lady Bridgerton, votre dernier salaire.

Madame Harold me donna une bourse que je rangeais aussitôt, la plupart de ceux avec qui j'avais l'habitude de discuter été en train de travailler, je demandai à la gouvernante de leur dire au revoir de ma part comme avec Eloise.

- Je vous souhaite bien du courage Appoline et n'hésitez pas si vous avez besoin de référence, je me ferai un plaisir de convaincre toute la ville de vous embaucher.

Je souris à ses mots avant de lui dire au revoir à mon tour, il était temps de me récupérer mes chevaux que Marcus avait préparé, je n'avais qu'à attacher mon sac sur le dos d'Apollon et la boucle était bouclée.

Appoline - BridgertonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant