Chapitre 52 - Brin de vie et de colère

646 38 1
                                    

Après le repas, je ne montai pas directement dans ma chambre. C'est à l'extérieur que je préférai me promener, à la découverte de cette immense propriété avant que la nuit ne tombe. Evidemment, je finis par tomber sur les écuries, Marcus y étaient postés à l'entrée.

- Oh j'savais que vous finirez par venir un jour ou l'autre Lady Bridgerton, dit l'homme avec un sourire.

Je hochais la tête sans vraiment trop comprendre ce qu'il essayait de me dire, entrant dans l'écurie. J'appréhendais quelques peu cette venue, j'avais abandonné mes chevaux depuis ce qui me semblait une éternité et c'est devant Arion et Apollon que je m'arrêtais, ils étaient installés dans des box à côté et leur hennissement pouvaient retranscrire leur joie qu'ils avaient en me voyant. Je passais une bonne heure à les caresser avant de me décider à rentrer, je croisai Lady Violet dans l'entrée, elle était prête à aller se coucher.

- Appoline, tout va bien ? me demanda-t-elle en me voyant arrivée à une heure assez tardive.

- Je.. Pourriez-vous demander à ce que l'on prépare Appolon et Arion demain ?

- C'est comme si c'était fait, d'ailleurs, votre femme de chambre, Martha, arrive demain.

Je hochais la tête avant de lui souhaiter une bonne nuit, elle remontait les escaliers pendant que je me mis à errer, je n'avais visité que ma chambre depuis que j'étais venue. Je savais que les chambres étaient à l'étage, qu'une aile était réservée pour le personnel mais cela s'arrêtait à là.  C'est dans la bibliothèque que je finis par atterrir et évidemment, elle n'était pas vide de monde, c'est Anthony qui s'y trouvait, assis derrière un bureau. 

- Je peux te laisser la bibliothèque, si tu désires, dit-il en se levant, 

- Non.. Je.. Pour être honnête, j'étais en train de me promener, c'est assez grand.

- C'était l'oeuvre de mon arrière-arrière-arrière et je crois bien encore sept fois arrière, grand-père.

- Es-tu sûr qu'il ne manque pas un arrière ?

- Ne me force pas à consulter l'arbre généalogique de notre famille, dit l'homme avec un sourire.

- Je n'oserai t'imposer cette souffrance, dis-je en m'avançant vers les allées de livres. Avoir une bibliothèque aussi grande que deux chambres, c'était aussi le souhait de ton sept fois arrière grand-père ?

- Non, cela doit remonter à quatre ou cinq générations.

- Tu es sûr de toi où tu devras être forcé de consulter votre super arbre généalogique ?

- Que Dieu m'en préserve, dit-il en faisant le signe de La Croix sur sa tête, puis sur ses épaules.

On riait, pour la première fois depuis longtemps, j'étais amusée par l'homme.

- Estime toi heureux, j'aurai pu te demander de remonter le temps pour me le confirmer, 

- Je crains que cela soit hors de mes capacités..

- Dire que je pensais me marier avec un sur-homme, c'est.. Raté ? Sais-tu si je peux encore annuler le mariage ou c'est perdu d'avance ? 

Il consulta sa montre d'un air sérieux puis pris un air dépité, 

- Désolé pour toi mais je pense qu'il est un tantinet trop tard pour ça, 

- Flûte, je devrais me contenter d'un homme aussi.. Humain que possible, ça devrait faire l'affaire, pour les dix prochaines années, 

- Moi qui aurait parié sur quinze, je suis déçu. C'était fort sympathique, de vous avoir au dîner ce soir, on espère tous te retrouver demain.

- Demain est un autre jour, 

Une étape à la fois, je ne pouvais pas lui promettre de revenir dîner demain puisque je ne savais pas encore si j'en avais la force. Ce soir m'avait épuisée et il me tardait d'aller me coucher, ma promenade avait été fructueuse, j'avais pu discuter avec le vicomte. Petit à petit, il ne me sera plus étranger.

- Je vais me reposer mais je t'emprunte ça, dis-je en piquant un livre au hasard, il était clair que je n'allais sûrement jamais le lire.

- Toute la bibliothèque est à toi, dit-il avec un sourire. Je te souhaite une agréable nuit, continua-t-il alors que je m'en allais. Si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là.

* * * 

Ma nuit ne fut pas agréable puisque c'est environ toutes les heures que je me réveillais, mes plus mauvais souvenirs ressortaient sans que je ne puisse les contrôler. J'avais cette impression que ma vie n'avait été faite que de malheurs, cela ne pouvait évidemment pas être le cas alors pourquoi mon cerveau ne se basait que sur ça ? Je me souvenais plus particulièrement d'une dispute avec Anthony, lorsqu'il avait tout découvert, il m'avait dit que jamais il n'épouserait une menteuse et voilà que nous étions mariés. 

Etonnant ? Certainement.

Aux alentours de onze heure, j'étais prête , Martha était là depuis déjà quelques jours, elle m'aidait grandement à être présentable depuis que j'étais sortis de mon lit. Alors qu'elle ramassait les rubans qu'elle avait fait tombé au sol, je me dirigeai vers la fenêtre pour la fermer puisqu'il commençait à faire légèrement frais quand je vis une femme à la peau matte dans les jardins, sur un cheval.

Mon cheval, Arion

Une autre femme montait Apollon, étais-je en train de rêver ? Lady Danbury se trouvait face à elle, toute sourire. Mon sang ne fit qu'un tour tant la rage m'animait, de quels droits montaient-elles mes chevaux ? Je quittai la chambre sans plus attendre, folle de rage. Je n'avais jamais dévalé les marches aussi rapidement pour atteindre les jardins. 

- Qui diable vous a autorisé à monter mes chevaux ? dis-je en hurlant, arrivant vers elle. Descendez immédiatement de mes montures ! Vous n'avez aucun droit ! 

Prise de panique, elles descendirent sans vraiment chercher à comprendre. 

- Enfin Appoline, ce ne sont que des chevaux.. dit Lady Danbury pour détendre l'atmosphère.

- Je m'en contre-fiche pas mal, elles n'ont rien à faire dessus ! 

- Nous ne pensions pas que..

- La prochaine fois, il faut faire un peu plus que penser !  dis-je sèchement à la plus jeune, l'autre devait être sa mère vu la ressemblance frappante.

- Appoline ! 

Je me retournais pour faire face à Anthony, lui aussi semblait en colère mais ce n'était rien comparé à ce que je pouvais éprouver. 

- Tu n'as aucun droit de leur parler sur ce ton ! asséna-t-il, sévère.

- Et elles n'avaient aucun droit de monter Arion et Appolon ! rétorquais-je du même ton que lui, 

- Quand bien même ! C'est de la sorte que vous accueillez vos invités ?! En étant aussi irrespectueuse ?! 

- Anthony, cela ne fait rien, nous sommes désolées, ne ne savions pas que cela allait déclencher une dispute.. essayait de calmer la mère de famille, 

- Lady Sharma, ce n'est certainement pas à vous de vous excuser, le comportement d'Appoline est en tout point irrespectueux. 

- Ne parlez pas de moi comme si je n'étais pas là, je ne suis pas une enfant ! 

- Alors tâchez de vous comporter comme une adulte ! 

- Vous savez quoi, bonne journée Anthony ! Je vous laisse le loisir de profiter avec vos si précieux invités, j'en ai ma claque ! dis-je en montant sur Arion. 

La seconde d'après, je galopais à côté d'Apollon qui m'avait suivit, il ne perdait pas les bonnes habitudes. Ces deux femmes m'avaient mise hors de moi mais le comportement de l'homme, lui, était inadmissible. Je quittai la propriété en trombe sans savoir réellement où aller puisque je ne connaissais pas les lieux, de toute façon, il devait bien y avoir un village aux alentours. 



Appoline - BridgertonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant