Chapitre 21 - Trahison

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Le soir venu, j'étais bien plus en forme que le matin même ; j'avais bien déjeuné et voilà que je venais de terminer mon dîner. Daphné m'avait prête une tenue à elle, je l'enfilai, quittant ma robe de chambre blanche pour une tenue bien plus coquette. Je devais rentrer chez moi mais avant ça, il fallait que je récupère mes chevaux, voilà trop longtemps que nous étions séparés.

- Appoline, que faites-vous debout aussi tôt ?

- Je crains que je n'abuse de votre hospitalité Daphné, il est temps pour moi de rentrer chez moi.

Nous nous retrouvions dans le hall d'entrée de la maison ; Simon restait à l'écart, silencieux. C'est alors que nous entendions trois coups donnés à la porte, le duc alla ouvrir. A la vue des invités, je manquais de m'évanouir.

- Papa, maman ?

Que faisaient-il ici ? Et comment avaient-ils su pour moi ?

- Je me suis permise de prévenir tes parents Appoline, lorsque tu étais souffrante, le médecin a trouvé cela préférable.

Il n'avait aucun droit. Daphné se tournait vers lui, elle aussi dans l'incompréhension la plus totale, ma famille se trouvait à son entrée, vêtues de la façon la plus luxueuse.

- Je vous en prie, entrez donc, dit Daphné qui gardait néanmoins ses manières de maîtresse de maison.

C'est alors qu'Agnès, la plus jeune de mes soeurs, âgée d'une douzaine d'années maintenant se dirigea vers moi en courant, me prenant dans ses bras, ravie de me revoir.

- Nous avons fait le déplacement de Versailles, tout ça pour découvrir que notre fille se fait passer pour une roturière, vas-tu nous accabler de honte jusqu'à ce que mort s'en suive ma fille ?

- Daphné, je te présente le duc et la duchesse De Bourbon, les cousins directs du rois ainsi que leurs enfants, Agnès,

Il désigna la plus petite que je serrai dans mes bras,.

- Louise, Suzanne, Louis, Edmé ainsi que que Charles.

A chaque fois qu'il en désignait un, le protagoniste saluait Daphné. Elle devait sûrement se demander comment il les connaissait tous. D'une certaine façon, j'étais heureuse de revoir mes fraternels mais mes parents, j'aurais aimé les éviter jusqu'à la fin du reste de mon existence. Je croisai le regards des plus grands et je n'y vis que de la déception mêlée à de la tristesse de me retrouver de la sorte.

- Comment vous connaissez-vous ? finit par demander Daphné.

- Simon est un vieil ami de la famille, répondit Edmé.

L'heure n'était pas aux retrouvailles chaleureuses mais les deux avaient été de bon amis lors du temps du Duc à Versailles.

- Les domestiques préparent le domaine, ce soir, tu repartiras avec nous Appoline et je t'interdis de discuter mes ordres.

Mon père était bien trop autoritaire pour que je ne puisse discuter quoi que ce soit ; je savais que dès lors je quitterai cette maison, je serai traitée en tant que prisonnière et non duchesse. Je regardai Daphné, les yeux embués de larmes.

- S'il vous plaît, ne lui révélez rien.

- Appoline, nous partons, immédiatement.

La voix de ma mère était strict ; ils me détestaient tous sauf Agnès qui n'était encore que trop jeune pour comprendre l'étendue de mes actes, elle aussi m'aurait détesté. Daphné hocha la tête, sans dire mot, allait-elle réellement tenir sa langue ou le ferait-elle comme son traître de mari ? A contre-coeur, je suivis ma famille, tenant toujours fermement la main d'Agnès.

Je partageais ma calèche avec mes soeurs ; Louise, Suzanne et Agnès, c'est cette dernière qui brisa le silence.

- Tu m'as terriblement manqué Appoline, trois ans sans te voir, c'était long..

Je regardai les deux plus grandes qui n'avaient pas décroché un mot depuis mon retour ; étaient-elles blessés que j'eu arrêté de leur écrire ? Sûrement, à mon départ, je leur avais promis de toujours leur écrire et j'avais failli à ma promesse à la mort de Thomas.

- Est-ce vrai pour Thomas ? demanda timidement Suzie,

Elle était âgée de 18 ans désormais, 15 à mon départ. Je hochai la tête, la seconde d'après, elle se pencha pour me prendre dans ses bras, rapidement suivis par Louise.

- Il ne méritait pas de mourir, dis-je les yeux embués de larmes.

- Je suis désolée Apo', il était si doux avec toi, jamais je n'aurai cru que vous seriez séparés un jour, continua Louise.

- Nous avons eu la chance d'être ensemble, c'est le plus important, dis-je en essuyant une larme.

- Simon nous a écrit pour nous dire que tu étais souffrante, tu as fais une bien malheureuse chute, rajouta Suzanne.

- Nous avions tous tellement eu peur de ne pas arriver à temps. Les parents sont peut-être durs mais crois-moi qu'ils sont soulagés de ne pas te savoir morte,

- Quels essaims ont-ils quand à mon avenir ? demandais-je à Louise.

- Ils disent qu'ils te trouveront un mari convenable pour faire amende honorable à notre retour à Versailles.

- Je m'y refuse, jamais je n'épouserai un homme que je n'aime pas. Et il en sera de même pour vous, un mariage arrangé ne se solde que par une tristesse infinie, je m'y refuse.

- Appoline, je crains que tu n'auras pas le choix cette fois-ci. Ils ne comptent pas te laisser partir une deuxième fois, si tu savais le nombre de domestiques qu'ils ont fait venir, ne sachant à peine si tu étais encore en vie, continua Suzie. Ils te feront surveiller.

Je n'allais certainement pas être une prisonnière, ils ne s'attendaient pas à ce que je parte une deuxième fois mais c'est ce que j'allais faire. J'avais un plan : m'échapper, récupérer mes chevaux chez les Bridgerton et partir le plus loin possible de cette ville, quitter le pays s'il le fallait.

- Quand êtes-vous arrivés ? demandais-je alors.

- Nous avons quitté le bateau il y a de cela une heure à peine, répondit Louise.

- Alors ce soir tout le monde sera trop fatigués pour me surveiller.

- Tu veux vraiment partir à peine nous as-tu retrouvé ? demanda Agnès.

- Je ne peux pas accepter une vie par dépit.

Il m'était impossible d'accepter un avenir tout tracé, le mien était bloqué avec Thomas, je ne pouvais pas le trahir, encore moins avec un homme que je n'aimais pas véritablement. Alors que Suzanne allait répliquer, nous étions arrivés à l'immense maison située à Greenwich village. Le chauffeur nous invita à descendre.

Je croisai le regard d'Edmé, nous étions si proches avant que le voir aussi silencieux me pinçait le coeur. Ma mère me fit face, me toisant de son regard dur.

- Tu resteras mon plus grand échec Appoline.

Et elle se retira alors, suivant mon père à l'intérieur de la demeure encore en train d'être nettoyé par les domestiques qui avait fait long voyage jusqu'ici. Ne pouvaient-ils pas non plus se reposer aux aussi au lieu de courber l'échine à notre passage ? Je méprisais le monde dans lequel j'étais en train de revenir.

Appoline - BridgertonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant