Chapitre 56 - M pour Mary

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- Je tenais à m'excuser pour le comportement d'Edwina hier soir, elle souffre énormément du départ de sa soeur.

- Cela est tout excusé, je présume que cela n'a pas dû être facile pour elle et pour vous.

- Kate n'aurait jamais apprécié que l'on se laisse mourir, elle vivait sa vie à 200%, vous l'auriez apprécié, j'en suis persuadée. Quoi qu'il en soit, si Anthony vous a épousé, c'est qu'il vous aime, il a réussi à retrouver l'amour là où bon nombre d'entre nous ont échoués.

- Vous avez perdu votre bien aimé ?

- Oui ma chère, il y a de cela des années maintenant. Je ne regrette rien, du moment où j'ai quitté mes parents pour un homme qu'ils désapprouvaient au moment où il est partis aux Cieux pour de nouvelles aventures,

- Vos parents n'approuvaient pas votre mari ?

- Nous nous ressemblons Appoline, Eloise nous a raconté pour Thomas, elle ne voulait pas que l'on apprenne ton histoire au travers de cette chronique à scandale.

- Vous avez eut de la chance d'avoir deux merveilleux enfants.

- Et vous avez eut la chance de trouver un autre amour chez Anthony. Je ne me suis jamais autorisée à aimer à nouveau, c'est pour ça qu'Edwina est aussi dure envers vous. Elle ne comprends pas, elle ne pourra jamais comprendre tant qu'elle ne se mettra pas à votre place.

- Et je souhaite qu'elle ne soit jamais à notre place, perdre.. Perdre la personne que l'on aime est.. Traumatisant.

Elle s'arrêta, déposant une main délicate sur mes épaules,

- Vous avez Anthony, désormais.

Je hochais la tête, on retourna à l'intérieur. Edwina était en pleine discussion avec Eloise pendant que Lady Violet lisait un livre qu'elle déposa sur le côté en nous voyant arriver, je lui fis un sourire, lui faisant comprendre que tout allait bien. Une femme de chambre vint nous prévenir que le déjeuner allait être servis, on alla donc tous d'un même mouvement vers la salle à manger, très vite, les plus petits nous suivirent ainsi que les garçons.

Sauf Anthony, il manquait à l'appel. Je regardais Colin à la recherche d'informations mais ce dernier m'offrit seulement un haussement d'épaule, idem pour son fraternel. Un valet me demanda si nous pouvions commencer à servir le déjeuner sans lui, je répondis par l'affirmatif. S'il n'était pas là à l'heure, c'était son problème, je n'allais certainement pas retarder tout le monde par la simple absence du vicomte.

Il pointa le bout de son nez vingt minutes après la guerre, lorsque nous étions tous au plat principal.

- Merci de m'avoir attendu, dit-il en s'installant en bout de table, comme à son habitude.

- La prochaine fois, essayez de ne pas arriver en retard, rétorquais-je aussitôt.

- Alliez-vous mourir de faim en m'attendant, Appoline ?

- Je crains que oui, répondis-je ironiquement.

- Très drôle, lança-t-il, froid.

On ne pouvait rêver d'un meilleur maître de maison qu'un Anthony aussi glacial que l'Antarctique. Ou si, Edwina qui ramenait sa fraise en permanence, tout comme maintenant lorsqu'elle prit une nouvelle fois la parole.

- L'amour, l'amour, l'amour, dit-elle, presque moquante.

- Nous rentrons à Londres dans trois jours, dit Anthony, cette fois-ci, il s'adressait à toute la table.

- Vous écourtez votre Lune de Miel ? Quel dommage, dit la peste de service.

- Nous ne pouvons pas réellement appeler ça une lune de miel lorsque la famille de la défunte femme de mon mari se pointe,

Ca, c'est ce que j'avais pensé.

Et dit à haute voix.

Tous les regards étaient tournés vers moi, ils étaient tous surpris de ce que je venais de dire à voir haute.

- Et bien, cela à le mérite d'être clair, dit Lady Danbury.

- Les Sharma seront toujours les bienvenus, Appoline, dit Anthony, froid.

- Je..

J'avais dis ce que je pensais, un point c'est tout, maintenant, je devais seulement l'assumer, ça, c'était plus compliqué mais foutu pour foutu, il fallait bien continuer.

- Je ne vais pas continuer à jouer le rôle d'épouse parfaite, finis-je simple par dire.

- Appoline.

L'homme était menaçant, il ne voulait pas que je dévoile la vérité à tout le monde.

- Tu m'as dis que tu ne marierais jamais une menteuse, tu ne me forceras pas à en devenir une.

- Que se passe-t-il ? demanda Lady Mary.

- Nous nous sommes mariés pour éviter que je ne le fasse avec un homme qui aurait passé le reste de sa vie à me battre. Bien que je pense qu'il m'aurait battu à mort avant la date butoir si j'avais de nouveau fréquenter de près ou de loin les Bridgerton.

- Mais dans ce cas, pourquoi Lady Whistledown dit que vous vous fréquentiez ? dit Edwina.. Je n'arrive pas à comprendre.

- J'ai fais une chute, il y a de cela deux mois maintenant, cela à endommagé une partie de ma mémoire, de mes souvenirs, si l'on veut être totalement honnête, Anthony est tout comme un parfait inconnu pour moi. Mais un parfait inconnu qui m'a sauvé la vie. Maintenant, vous savez tout.

- Alors tu n'as pas vraiment trahi Kate.. dit Edwina.

- Cela n'est pas la question Edwina, dit Lady Danbury.

- Vous ne nous avez pas menti Appoline, vous tentiez juste de protéger vos secrets, continua Lady Mary.

- Et vous allez vivre toute votre vie, ensemble, sans vous aimer ?

- Cela est préférable que de se marier à un homme violent, dit Simon, légèrement agacé.

Anthony restait silencieux, j'avais beau chercher son regard, il agissait comme si je n'existais pas. M'en voulait-il pour avoir dit la vérité ? Sûrement. Je ne pouvais pas continuer à mentir, c'était bien trop dur. Je ne pouvais pas jouer un rôle, je l'avais déjà fais dans mon ancienne vie et cela s'était assez mal terminé, l'histoire ne pouvait pas se répéter encore et encore.

- J'en conçois, continua Edwina. Puisque nous sommes dans les confidences, cela est-il vrai pour Simon, l'avez-vous abandonné devant l'autel ? Nous avons un point commun, j'ai fais de même avec Anthony.

Malgré tout ce que je venais de dire, elle restait détestable.

- Vous connaissez d'ores et déjà la réponse Edwina, cessez d'être aussi impertinente.

- Je cherche seulement à en savoir plus sur vous. Anthony reste toujours mon beau-frère même si Kate n'est plus là.

Je regardais Anthony, à la recherche de soutien mais il détourna le regard, je devais gérer la situation toute seule. Indirectement, j'en voulais à Kate de m'avoir mise dans une situation pareil avec sa soeur, elle sortait son nom à tout bout de champs, je n'étais certainement pas Kate et j'en pâtissais les frais. Je fis alors grincer ma chaise sur le sol en reculant, déposant ma serviette en soie sur la table.

- Vous m'excuserez mais j'ai besoin d'un moment, je reprendrai l'interrogatoire lorsque vous arrêterez de me comparer à une femme que je ne serai visiblement jamais.

Je quittais alors la pièce, montant dans ma chambre le plus rapidement possible. Une fois à l'intérieur, je refermai la porte et fondis en larmes dans mon lit, j'avais l'impression qu'on me reprochait d'être une femme que je n'avais jamais connu et je ne pouvais pas le supporter, c'était bien trop pour moi.

Appoline - BridgertonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant