Chapitre 26 - 10 jours

1.1K 55 4
                                    

Deux jours à pleurer plus tard, je me réveillais avec une idée en tête : il me fallait la plus majestueuse robe. Les filles m'avaient parlé d'un bal chez Lady Danbury et il était évident que notre famille y était convié. Et pour pouvoir s'y rendre, il nous fallait bien de coquettes robes.

- Vous n'avez donc rien de potable ici ! dis-je en fouillant les valises de mes soeurs. Nous devons nous rendre chez la modiste, elle, elle saura nous habiller pour le bal de ce soir.

- La modiste ?

- Il y a une boutique dans le centre-ville, toutes les filles de la haute s'y habillent, c'est la meilleure. Peut-être pourriez-vous convaincre mère de nous y rendre ?

Je n'adressai toujours aucun mot à mes parents, pas même les salutations cordiales du matin. Pour moi, ils étaient morts, j'étais sûrement morte à leur yeux aussi de toute façon. Suzanne hocha la tête avant de se retirer pour rejoindre mère je ne sais où. Elle revint une vingtaine de minutes plus tard, accompagnée de Charles, les deux avaient le sourire aux lèvres.

- Ta sortie chez la modiste est accordée.

On ne perdis pas de temps avant de nous mettre en route, Louise ne nous accompagna pas, trop occupée à se disputer avec Louis ; quand à Agnès, elle préférait flâner dans les jardins un livre à la main. Nous étions trois à partir mais seulement deux à nous rendre chez la modiste, Charles allait flâner je ne sais où ; il était persuadé de trouver meilleure activité qu'une visite chez Geneviève.

J'ouvris la porte de la boutique, Suzanne sur mes talons; en quelques secondes, tous les regards se tournèrent vers nous, je croisais celui de Cressida. Les dames mirent du temps avant de nous faire une révérence mais elles y réussirent quand même, la blonde détestable s'approchait de moi.

- Appoline, quelle charmante rencontre, dit-elle ironiquement.

- Lady Appoline, corrigea Suzie presque immédiatement.

- Lady, dit-elle à contre-coeur. Vois-tu, je suis ici pour ma robe de mariée, le Lord a prévu de faire sa demande au plus tôt, nos parents se sont arrangés.

- Je ne vois toujours pas de bague à ton doigt,

Ne pas voir de bague me rassurait quelques peu.

- Ce n'est qu'une question de temps.

- Appoline, je suis ravie de vous revoir, vous venez très certainement pour le bal de Lady Danbury, il paraît qu'il va être majestueux, dit Geneviève en arrivant.

Elle ne le faisait pas à sa propriété de Londres mais à celle de Westminster, il paraissait que sa demeure ressemblait à un château. Je me désintéressai rapidement de Cressida pour m'entretenir avec la modiste, laissant Suzie flâner près des robes.

- J'ai besoin de la robe la plus somptueuse qu'il t'ait été donné de coudre.

- Il y en a une dans l'arrière boutique mais elle va te coûter cher,

- Mes parents te paieront, montre la moi.

Je la suivis alors dans l'arrière boutique, prenant grand soin de fermer la porte derrière moi.

- Il faut que tu me trouves un billet pour les Amériques Geneviève, je dois partir au plus tôt, chuchotais-je.

- Pour les Amériques ? Etes-vous sûr de vous Appoline ?

- Mes parents me marieront de force et si je refuse je me ferai arrêter, en Amérique, ils ne pourront jamais me retrouver.

- Un bateau part dans 10 jours, je peux me débrouiller pour vous trouver une place.

- Augmenter donc cette robe du prix de la place,

- Et votre famille ?

- J'ai dix jours pour profiter d'eux avant de ne plus jamais les revoir.

On toqua alors à la porte, une cliente demandait de l'aide ; Genevieve la fit attendre.

- Pourquoi vouloir une robe ?

- Mes parents doivent croire à mon subterfuge, je dois être la plus docile pour m'échapper.

Elle fouilla alors dans une des armoires à la recherche d'une boîte.

- Elle est à votre taille, je l'avais confectionné à Paris pour vous mais je n'ai jamais eu l'occasion de vous la donner en main, lorsque je suis revenue, vous étiez déjà partie.

Je hocha la tête avant d'ouvrir délicatement la boîte aux mensurations plutôt grandes ; à l'intérieur se trouvait une robe bleu, des fils argentés semblaient y avoir été cousus tant elle brillait de milles feus, je regardais Geneviève avec un immense sourire ; si satisfaite de ma robe.

- Elle est magnifique Geneviève, je n'aurai jamais pu imaginer une robe plus jolie.

- Elle est à vous, tâchez d'en prendre soin Appoline.

Appoline - BridgertonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant