TOME 3 // Angels Of Hell : Monster

Chapitre 2

« Douleur, mon seul moyen de ne pas oublier, mon seul moyen pour me sentir vivant. »

 Math

Vlà le coup de pression que vient de mettre le Prés'. Un run à préparer, là maintenant. Bien évidemment, il fallait que ça tombe pendant que j'étais devant chez Dash. C'est à croire qu'il le fait exprès. Je sais qu'il tente de me tenir la tête hors de l'eau, mais merde, je voulais juste m'assurer qu'il n'y avait personne dans notre maison. Au fur et à mesure de la route jusqu'au StreetRide, la pression monte dans mes veines et je la contiens difficilement. C'est comme si elle se faufilait sous ma peau, c'est comme si elle se répandait entre mes muscles et tout à coup, la sensation devient insupportable. J'ai l'impression que l'on est en train de me bruler de l'intérieur. Je sais que c'est purement dans ma tête, néanmoins j'ai besoin de m'arrêter pour rendre la douleur réelle.

J'arrête ma FatBob pas loin du StreetRide. D'un geste presque mécanique, maintenant, je sors mon couteau. La lame se déploie sous la pression de mon index. Immédiatement, je relève ma manche et porte la lame sur mon poignet. J'inflige à ma lame une pression douce et lente. Doucement, la douleur physique prend le pas sur ma brûlure interne. Je vois le sang coulé, l'odeur ferreuse et l'acidité qui envahit ma bouche m'apaise instantanément. Je prends le temps d'inspirer et d'expirer pour m'emplir de cette sensation de douleur. Je relève un peu plus ma manche et je constate l'étendue des dégâts. Mon bras est complètement lacéré. Les cicatrices boursoufflées et déforme au fur et à mesure les tatouages que Dash m'avait faits. En même temps, il n'est plus là, il ne sera pas déçu par mon comportement. Je souffle un bon coup et redescend ma manche sur mon bras. Je grimace quand les frottements liés aux tissus me déclenchent des picotements. Je souffle un bon coup appui sur le démarreur de ma bécane. Elle ronronne et la douleur s'intensifie, mais étrangement mon esprit est libéré. J'enclenche la première, et d'un coup de talon certain, je me lance sur la route. J'arrive quelques minutes plus tard au StreetRide.

D'un pas décidé à régler le problème au plus vite, je rentre sans tenir compte des autres. Le seul regard que je croise est celui de Clara, toujours doux et tendre. Je comprends mieux Clélia, Léanna et Health, lorsqu'ils disent qu'elle a une aura particulière. Etrangement les autres m'ont laissé de la place pour me détruire et pour essayer de me reconstruire, mais Clara, notre douce Clara a toujours eu ce regard si particulier sur moi. Par moments, j'ai l'impression qu'elle voit, le garçon que j'étais avant. Avant l'armée, avant la guerre et puis avant sa mort. Avant que l'on m'enlève celui qui me permettait de respirer, et de tourner rond.

Je n'ai pas le temps de m'avancer jusqu'au bureau de mon Prés' que je le vois arriver soudainement dans le pub vitesse grand V. Il est au téléphone. Quand il me voit, il se fige. Je comprends aisément qu'il ne s'attendait pas à me trouver là. J'ai pourtant mis mon temps, mais visiblement pas assez de temps. Le dernier mot que j'entends est le prénom du Prés' d'Harmony. Le Prés' me regarde et me détaille de la tête au pied. Je sais qu'il me sonde à la recherche d'une info, d'un comportement, d'un indice sur mon état. Discrètement, je tire sur la manche de mon tee-shirt, comme si cela pouvait réellement cacher la tache de sang qui a séché sur la manche. Il me lance un signe de tête et immédiatement, je me défends.

- Ce n'est rien, je me suis accroché en réparant la moto.

Comme s'il allait croire à mon mensonge. Il arque un sourcil, mais visiblement, le problème qu'il doit régler est plus important.

- Ok, tu es de surveillance ce soir au Démon. Danaé y sera toute seule, Health, Sandy, Jace et Alex sont en livraison.

Comme si je ne le savais pas, je fais les plannings. Je hausse les épaules, un peu indifférent à ce qu'il me dit. Après tout, peut-être qu'une soirée au club me fera oublier. Oublier quoi je ne sais pas, mais pourquoi pas.