TOME 3 // Angels Of Hell : Monster

Chapitre 37

« En un clin d'œil tout peu basculer ... »

Math

Mon poste Sergent D'Armes. Ce n'est un secret pour personne, c'est un poste compliqué à tenir. Je suis fière de porter mon patch de Sergent, néanmoins, jusqu'à ce que je partage ma vie avec Dash, je n'avais pas réellement compris toutes les implications. En tant que Sergent D'Armes, On doit faire respecter la loi dans le club et l'on doit faire respecter l'ordre à l'extérieur du club. En général, nous sommes des tueurs, enfin, on tue quand cela est nécessaire, on tue pour de bonnes raisons. Vous savez, vous savez que quand vous prenez ce poste, vous allez être la tête à abattre. Vous savez que la personne qui va partager votre vie, que les personnes qui font partie de votre famille, seront les premières victimes. Simplement, parce qu'il est plus facile de les atteindre, mais également parce qu'il est plus facile d'atteindre un homme, lorsque son cœur est brisé.
Voilà pourquoi à cet instant précis, je pose ce regard-là, sur mon homme. À cause de mon poste, à cause de mon rôle au sein du club, ils l'ont détruit. Ils ont pris Dash et l'ont remplacé par Stranger. Une fois de plus, ce poste m'a tout pris. Pourtant, malgré la culpabilité que je ressens, à cet instant précis, je prends conscience que je l'aime. C'est instinctif, c'est inné. Il est mon tout, il est mon monde. Il est ma part d'humanité.
Je n'ai pas le temps de finir le cours de ma pensée que Dash se précipite vers moi et sa voix résonne.
- Math ce n'est pas ta faute, c'est leur faute à eux, le tout c'est que l'on en ressorte plus fort.
Et, nous en ressortirons plus fort.
Je n'ai pas le temps de finir, le cours de ma pensée, qu'un hurlement indéfinissable résonne entre les murs de la chambre. Ce sont est un mélange d'agonie et de détresse. Instantanément, je repousse Dash délicatement et je me précipite vers la chambre. Clay est en train de se débattre avec la couette. Transpirant de sueur, il a les yeux fermés, il s'agite dans tous les sens et son visage est tordu de douleur. C'est une douleur que je connais trop bien. C'est la culpabilité. Face à cette scène, je m'arrête.
Que faire ?
Je sens la main de Stranger se poser sur mon épaule et une fois de plus, je sais ce qu'il faut faire. Dash me pousse gentiment, c'est un peu une sorte d'encouragement. Je m'avance au niveau du lit, j'arme ma main et je décoche une giffle à Clay. Ma main percute la joue, avec une force que je ne me connaissais même pas. Mes bagues résonnent contre sa mâchoire. Il ne lui en faut pas plus pour reprendre pied dans la réalité.
Clay ouvre les yeux et j'ai l'impression qu'il a croisé la grande faucheuse.
Il ne lui faut pas 30 secondes pour reprendre pied dans la réalité. La première chose que ses lèvres articulent, c'est le prénom de la petite.
Je ferme les yeux quelques secondes, pour reprendre mon calme. L'image d'Hanna allongé dans son lit d'hôpital est douloureux. Sans même avoir besoin de dire quoi que ce soit, Stranger prend le relais.
- Clay, elle est en vie, dans un sale état, mais en vie. Pour le moment, elle est dans le coma. Ces blessures sont trop importantes pour qu'elle puisse gérer la douleur. Mais, son cœur bat et elle se bat pour ne pas sombrer.
Clay s'assoit en tailleur dans le lit et son regard se perd dans le vide quelques secondes. Le temps est comme suspendu. Doucement, il masse sa mâchoire sur laquelle s'est imprimé la marque de mes bagues. Avec Dash, nous sommes plantés côte à côte. Le silence s'étire entre nous et puis la voix de Clay résonne. C'est le moment des confidences, autant pour lui que pour nous.
- Vous savez les mecs, vous savez pourquoi je suis devenu nomade. Quand j'ai perdu Val c'était comme si mon monde, c'était arrêter de tourner. C'est comme si la dernière part d'humanité qu'il me restait s'était envolé. Je n'étais plus rien, je refusais que les gens m'approchent parce que je n'avais qu'une peur, c'était de les détruire.
Il marque une pause et Dash prend une inspiration, mais je l'arrête d'un geste de la main. Il comprend parfaitement où je veux en venir. La chambre replonge dans le silence, c'est un silence pesant et lourd, mais c'est le moment de la confession.
Clay reprend son monologue.
- Et, voilà, il a fallu qu'elle débarque un jour comme ça à Harmony. Elle en avait bavé, elle avait trainé dans les quartiers les moins fréquentables d'Harmony. Pourtant, quand Ugg et Crash, l'ont ramené au club, je n'avais pas la moindre idée de ce qui avait bien pu se passer. Et en même temps, je m'en foutais. Toutefois, elle avait mis d'équerre quatre mecs qui la faisaient chier. Et, puis, elle est passée dans le bureau de Léo et quelques heures plus tard, elle avait son cuir. Pas de vote à la table.
Dash et moi, nous figeons quelques secondes et Clay hausse les épaules.
- Hé oui, pas de vote les mecs. Ce petit bout de bonne femme avait fait plier Léo plus vite que la lumière. Après, je l'ai revu quand elle est revenue à Rockland après, ce que vous savez.
Je pouffe légèrement parce que même lui n'arrive pas à définir ce qu'il se passe. Il m'adresse un regard lourd de sens et je me reprends.
- A cet instant précis, le moment où elle a passé les portes du StreetRide. Elle avait ce putain de feu de sacré qui brillait dans ses pupilles, elle était lumineuse et en même temps. On savait quand on croisait son regard qu'elle était dangereuse à souhait. Elle était comme Val, elle est faite pour notre monde. Et, ça tout le monde le sait.
Il ravale une fois de plus sa salive et reprend.
- Moi, je le savais, je savais que je n'aurais jamais dû m'approcher d'elle. Je savais que ça allait merder. Mais, je l'ai fait quand même. Un soir, ça a été plus fort que moi. Elle était là, assise au bar, belle comme une déesse dans son jean slim avec ses bottes et son cuir. J'ai craqué, j'ai fait le connard. Elle était ma proie. Je le savais, elle le savais.
Cette fois-ci, ce sont les nerfs de Dash qui craquent. Il sert les poings et se met à parler.
- Hé oui, tu le savais, elle le savait, mais tu l'a fait quand même. Hein Clay, un trou de plus à fourrer c'est ça.
Il n'en faut pas plus à Clay pour déjanter, il se lève d'un bond et pousse Dash contre la porte. Je devrais intervenir, mais c'est leurs différents, à eux de le régler. Clay écrase la gorge de Dash.
- Non, c'était bien plus que ça, mais mon égo d'homme des cavernes a pris le dessus, comme tous. Parce que l'on est tous pareils. Je refusais d'être avec elle, mais en même temps je me devais de la protéger. Un jour, elle a disparu. Et, aujourd'hui, on en est là. J'en étais responsable Dash et je l'ai abandonnée. Elle ne me le pardonnera jamais, et je ne me le pardonnerai jamais.
Clay termine en lâchant la gorge de Dash, il ne lui en faut pas plus pour reprendre une grande inspiration. Je me tourne, mais je n'ai pas le temps de faire un pas que la tête de Clay vient s'écraser à mes pieds. Visiblement, maintenant, on a fini.
Je ne m'attarde pas plus, j'ai des choses à voir avec les Prés'. Je finis de me rhabiller, j'enfile mon cuir et sort de la chambre. Je suis à peine arrivé au bout du couloir, qu'un brouhaha sans nom résonne dans le StreetRide. Ce n'est pas le brouhaha habituel, je me précipite en bas des marches et lorsque je croise la tête des Prés', je comprends que nous rencontrons une difficulté et une difficulté de taille.
Pine me fait un signe de tête vers La Chapelle et de la main, il signe le prénom de Dash. Sans avoir le temps de me retourner, Dash presse mon épaule. Nous prenons tous les deux la direction de La Chapelle.
Quand je passe les portes, je comprends que l'on vient de mettre les pieds en enfer.
Skull et Speedy tapent à toutes allures sur leurs claviers. Les Prés' ont une conversation silencieuse dont seul eux ont le secret.  Rage est venu poser ses fesses sur un siège et joue avec son couteau.
Dead passe la porte derrière moi, d'un pas décidé. Juste avant de poursuivre son chemin, Léna l'arrête dans son élan. Il grogne, mais comprend rapidement ce qu'elle lui demande. Il a toujours Soren dans les bras. C'est fou, quand on les voit, on a la sensation qu'ils ne font qu'un. Je n'avais jamais imaginé Dead pouvoir avoir ce genre de relation. Pourtant, à cet instant précis, je ne l'imagine pas autrement qu'avec Soren. Délicatement, il décolle Soren de son torse et le tend à Léna. Le petit se crispe légèrement, mais d'un signe de tête Dead le rassure. Nous avançons d'un pas et Léna fait claquer les portes derrière nous. Chacun prend une place, et un silence de plomb s'installe.
La tension est tellement importante qu'on à l'impression que le monde s'est arrêté de tourner. A part le bruit des touches du clavier, rien ne vient  casser le silence.
À un moment donner, le bruit des touches s'arrête. Le silence revient. J'ignore combien de temps dur ce silence. Néanmoins, je n'aurais jamais pu anticiper ce qui allait suivre. Une video s'affiche derrière les Prés', et là, c'est comme si notre monde venait d'exploser.
Le Riders est parti en fumée, en l'espace de trente secondes, nous avons vu le Riders partir en fumée. Tout ce qui faisait le club d'Harmony, tout ce qui faisait leur vie à voler en fumée. Aussi simplement que ça. La voix de Dead résonne instantanément.
- Qui ?
Traduction : qui y est resté ?
Léo ravale difficilement sa salive. Avant de chercher le soutien de Pine. Ce dernier prend la parole.
- Ugg et Crash. Ils n'ont pas eu le temps de sortir. Ce sont les nomades qui nous ont prévenus. Ils font routes jusqu'ici, ils viennent pour nous prêter mains forte.
Cette fois-ci, je prends la parole.
- Qui est au courant ?
Léo se racle la gorge.
- Les nomades et nous.
J'énonce une évidence, mais j'ai besoin d'être certain.
- Donc en dehors de cette pièce, personne n'est au courant.
Léo monte instantanément dans les tours.
- Putain Sergent accouche !!!!
Je lève les mains en signe de paix et je reprends :
- Je dis juste qu'il va falloir que l'on trouve une organisation parce que tout le monde au StreetRide, en même temps, comment te dire que ça va être pire que de faire exploser le Calypso.
Léo redescend en tension immédiatement. Il a bien compris que je ne remettais pas en cause ce que nous allons faire pour finir les Russkoffs parce que nous allons le faire, mais plutôt que je pense au bien-être de notre famille en premier. Léo se reprend instantanément, je vois ses idées, ses graines et dans ses yeux. Il cherche à toute vitesse une solution. La seule solution que je vois, c'est que pour le moment, nous allons devoir tous se cohabiter sous le même toit. Nous allons bien évidemment réquisitionner toutes les maisons possibles, mais les Biker, les Femme et les enfants ça risque de faire beaucoup tout sous le toit du Street Ride.
Pas une frappe dans ses mains, et renchérît :
- Nous trouverons une solution en temps et en heure, pour le moment la seule chose qui compte, c'est que l'on se venge. Nous avons perdu deux nos hommes, il est hors de question que cela reste impuni. Les Russkoffs  seront finies d'ici à la fin de semaine, je vous en donne ma parole.
Un silence de plomb retombe dans la chapelle, Léo et Pine se lèvent. La messe est finie.