Chapitre 4

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« Pourquoi l'espoir est-il si douloureux ? »

Math

Son odeur, putain, elle avait son odeur sur elle. Comment est-ce possible ? Je n'arrive pas à comprendre comment est-ce possible qu'elle est son odeur sur elle.

Il y a simplement deux options. Ou cette fois-ci, je deviens complètement cinglé, ou... Non... Celle-là est innenvisageable. Il n'aurait pas osé me faire ça, jamais, il n'aurait pu avoir ne serait-ce qu'une micro seconde cette idée. Il savait que ça nous détruirait et l'un et l'autre. Il savait que je replongerais.

Pourtant, si mon cerveau tourne correctement, c'est la seule hypothèse probable. Ils ont monté un plan pour le faire disparaître. La seule question maintenant, c'est pourquoi ?

Face à la mer, sur les quais, j'ai envie de hurler tellement cette évidence me déchire le cœur. J'ai la sensation qu'un incendie s'est allumé en moi. La colère me déchire les tripes. Chaque parcelle de mon corps me brule. Je devrais hurler, je devrais hurler pour me libérer de ce foutu sentiment. Je devrais hurler, comment j'ai ma, comment je me sens trahi. Une fois de plus rien ne sort. J'ai besoin d'avoir mal, je ne me contiens pas. Mon couteau n'est jamais bien loin dans ces moments-là. D'instinct, je remonte ma manche. Presque automatiquement, mon couteau rentre dans ma chair. Je vois perlés des perles de sang, mais ce soir ce n'est pas assez. J'ai besoin de ressentir la morsure de la lame, au plus profond de ma chair. Dans la même rayure, je passe et je repasse mon couteau, jusqu'à temps que la chaleur se répande dans mon bras. Une fois de plus, l'odeur ferreuse du sang imbibe mes narines et m'emmène ailleurs. La décharge d'endorphine me soulage le temps d'un instant. Le temps d'oublier sa trahison. La trahison de mon cœur.

Je tente vainement de prendre une respiration pour me calmer les nerfs, mais l'air brule mes poumons. J'ai la sensation qu'il revient allumer l'incendie qui me consume de l'intérieur. Face à la douleur, je me recroqueville sur moi-même en attendant que la peine, non la douleur passe.

Je ne sais combien de temps je reste comme cela, mais le démon vient se poster derrière moi. Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir qu'il s'agit d'elle. Sa présence et son aura émanent assez fort pour savoir que c'est elle. L'hésitation dans son geste quand elle glisse sa petite main dans mon dos finit de me le confirmer. Son souffle chaud, teinté d'odeur de fraise, vient délicatement caresser mon oreille. Elle me chante quelque chose. Sa voix a ce pouvoir de nous faire revenir sur terre. Je lutte pour m'accrocher à cette voix, cette voix venue d'un autre monde. Progressivement, les mots deviennent de plus en plus nets et je perçois la mélodie qu'elle me chante.

« Nothing Else Matter » de Metallica.

C'était sa chanson, c'était devenue la notre. Un doux souvenir qui apaise quelque peu le feu de mon cœur. D'un geste un peu brusque, je me retourne pour faire face au Démon. Très certainement habitué avec Health, elle ne bronche pas. Elle lève sa main vers mon visage. Je me rigidifie le temps d'une seconde, et je finis par me détendre lorsqu'elle pose délicatement sa main sur ma joue et essuie mes larmes de son pouce. Je plonge dans son regard et instantanément, je perçois cette lueur qui lui ait si particulière. Un mélange d'amour inconditionnel et de tristesse.

À cet instant précis, à ce moment précis, elle me laisse l'espace de pouvoir craquer. D'un geste peu certain, je l'entoure de mes bras de boxer. Elle vient poser sa main sur ma tête et la caresse tout en continuant de chanter Metallica. J'ai l'impression qu'elle console Joshua, pourtant ce soir, c'est moi. Le monstre, le Sergent d'Arme qu'elle console. Mon cerveau est empli d'idées toutes aussi noires les unes que les autres. Je n'arrive pas à faire du tri, j'ai l'impression que le noir m'a engloutis, et qu'il ne reste plus rien. J'ai la sensation d'être vide, de toutes émotions, de tout ce qui faisait de moi un semblant d'être humain. Quand on en arrive à cet instant précis de sa vie, on sait que c'est l'heure des choix. En vérité, l'heure du choix. Quand plus rien ne nous anime sauf la douleur, sauf la peine et la colère, on sait que c'est l'heure du choix. Vivre ou mourir.

TOME 3 // Angels Of Hell : MonsterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant