Chapitre 20

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« Quand le cœur vacille, quand le manque nous étreint... »

Math

J'avais oublié, j'avais oublié à quel point ça faisait mal. À quel point ça fait mal quand on s'aperçoit que l'autre, son autre recommence à fonctionner sans moi. Je le vois s'éloigner de moi sur sa moto et c'est un sentiment partagé qui m'anime. D'un côté, j'aurais aimé que ce soit à moi qu'il parle de son envie de reprendre la route, de reprendre une place dans le club. Je ne sais absolument pas ce que ç'aurait signifié pour moi, ni pour lui, ni quel rôle j'aurais pris, mais j'aurais eu la sensation que tout n'était pas perdu. De l'autre, j'ai mal, mon cœur se brise de nouveau, ma noirceur m'envahit de nouveau. Il recommence à vivre sans moi, il fait son bout de chemin, il évolue dans le club sans moi.

C'est fou, je n'ai jamais voulu qu'il rentre dans le club. C'était trop dur pour moi, trop dur de me dire qu'il allait risquer sa vie, qu'une balle mal placée, qu'un couteau trop bien affûté, aurait pu le tuer. Je savais qu'un jour ou l'autre, il aurait dû prendre cette décision, j'avais bien compté sur le fait que cette décision soit prise à deux.

Finalement, je crois que ce qui me dérange le plus, c'est que j'ai la sensation qu'il n'a plus besoin de moi. Avant, j'avais l'impression d'être un pompier de service, un peu son meilleur ami, en tout cas, il me demandait des conseils. Maintenant, je vais à sensation d'être juste le sergent d'armes et le coup d'un soir. Est-ce que je le regrette ? peut-être.

Je n'ai pas réellement de regret, je pense que les choses arrivent pour une bonne raison. Et, pourtant, malgré tout ce que je peux éprouver à cet instant précis, à ce moment-là où je vois disparaître sa bécane au loin. Cette espèce de douleur, ce manque déjà présent, il y a une seule émotion, une seule émotion qui prend le dessus sur tout. La colère.

Je suis en colère, je n'arrive pas à me détacher de ce putain de sentiments. Malgré le fait, que qu'il évolue, qu'il reprenne sa vie en main. Je n'arrive toujours pas à passer outre le fait qu'il m'ait fait croire qu'il était mort. Je sais, je sais au fond de moi, que j'aurais dû savoir qu'il n'était pas mort. Mais, je pense que c'était plus facile pour moi. C'est plus facile de me complaire dans ce sentiment de noirceur au vu des nouvelles étapes qui nous attendent dans la vie du club.

Je suis ramenée au présent, pour une petite main qui vient se poser sur mon épaule. D'instinct, je me contracte, et me retourne vivement vers cette personne. Je tombe nez à nez avec le démon. Elle affiche un sourire triste sur les lèvres.

Je pousse un long soupir, elle hausse les épaules. Sa petite voix vient briser le silence bien trop lourd :

- Il reviendra.

Ces paroles ne sont pas une question, c'est une affirmation. À mon tour, je hausse les épaules, je fais demi-tour et attrapes mon démon par les épaules. Dans même pas, nous rentrons dans le StreetRide. L'ambiance n'est pas à la fête, pourtant, j'ai l'impression que le club a repris sa normalité.

La Pres trône, tel un Pape, au bout du comptoir, scrutant les mouvements, les émotions de chaque personne présente dans la pièce. Health et Sandy sont engagés dans une conversation, probablement beaucoup trop philosophique pour moi. Les filles sont installées à leur table au bout du pub, probablement lancer dans une discussion ponctué de « hum » et de « ho », ou de « non, il est capable de faire ça ». Je souris bêtement, et puis soudain, j'entends des bottes résonner dans mon dos. Je reconnais le pas lourd de Clay. Immédiatement, l'image d'Hanna s'imprime dans mon esprit. Finalement, ce petit bout de bonne femme, ce petit démon, étrangement, elle a pris toute sa place dans ce putain de club et elle nous manque.

TOME 3 // Angels Of Hell : MonsterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant