« Tranchants et acérés ... Les mots sont souvent la plus belle des armes ... »
Math
Les mots qu'ils m'a asséné ont été largement plus douloureux que la pression qu'il exerçait sur mon cou. Chaque fois qu'il continuait d'appuyer sur ma gorge, je savais que c'était pour que je l'entende. Pour que j'entende ce qu'il avait à me dire, pour que j'entende à quel point lui aussi avait souffert de la situation, à quel point il s'était transformer en monstre, à quel point son monstre l'avait consumé pendant cette période où il était avec Hanna.
Il le savait que je refuserai qu'il rentre dans le club. Je voulais le protéger de tout ça, le protéger de ce monde qui change les gens, parfois en bien, souvent en mal. Le protéger de ce monde qui ne nous accepte pas. Je voulais le protéger de tout cela parce que je savais éperdument qu'il se perdrait en chemin.
Aujourd'hui, c'est chose faites, il s'est perdu, il est devenu Stranger. Il était mon ancre, je ne peux le nier qu'avec lui, j'avais évoluer. Je m'étais enfin trouver et à ces côtés, j'avais la sensation d'être entier. D'être enfin moi-même. De pouvoir exister autrement que part mon identité de tueur sanguinaire. Néanmoins, à cet instant précis, je ne sais plus quoi en penser. Je ne sais plus quoi dire et pourtant, je sens qu'il faut que ça sorte. J'ai besoin de lui hurler dessus, peu importe les mots que je choisis, peu importe les mots que j'emploies, j'ai besoin qu'il prenne ma douleur. J'ai besoin qu'il entende à quel point j'ai mal.
Je suis toujours collé contre ce mur quand je le vois prendre le chemin du StreetRide. Les derniers mots qu'il murmure presque comme si c'était un secret finissent de me faire déjanter. Je ne vais pas le laisser s'en tirer comme cela.
Une tension que je n'avais pas connu depuis longtemps s'insinue dans tout mon corps, c'est un peu, comme si un incendie incontrôlable venait de se déclencher. Sans prendre le temps de réfléchir, je fonce à sa suite dans le StreetRide. Je le trouve devant le bar entrain de remettre son tabouret droit. Sans que j'ai vraiment le temps de réfléchir, je l'attrape par le col, le retourne et le col au sol. Ma botte sur sa gorge comme moyen de pression. Lui aussi va m'entendre.
Je contient difficilement ma colère, les dents serrrées, je lui dis :
- Chacun son tour Stranger, moi aussi j'ai des choses à te dire.
Je peux sentir Stranger ravalé sa salive sous ma botte.
Ah, quand on échange les places c'est plus difficile ...
Je ne peux m'empêcher de tirer une certaine jouissance de la situation. Quelques part, il est à ma merci et cette fois-ci, c'est moi qui suis aux commandes.
- Alors maintenant, tu vas m'écouter Stranger, et tu va être très attentif parce que je ne suis pas certains que je puisse garder mon self-control très longtemps.
Pour appuyer mes dires, j'effectue une légère pression sur sa gorge. Il lève la main et je le vois signer « oui ».
L'avantage c'est qu'avec Jojo, on a tous plus ou moins appris à signer...
- Bien, alors maintenant je vais te dire Stranger. Je vais te dire ce que moi j'ai vécu. Du moment où je t'ai vu t'effondré par terre à maintenant.
Je prends une grande inspiration, mes mâchoires sont tellement serrées qu'elles me font mal.
- Cette putain de journée aura tout changé dans la vie de chacun de ce putain de club. Mais jusque là, j'étais le seul à avoir l'impression d'avoir perdu toute ma vie. Parce que Stranger, Dash était toute ma vie, il était mon ancre à la réalité. Tu sais il était celui qui me faisait vibrer, qui me faisait me sentir bien mais surtout il était celui qui me faisait me sentir vivant.
Je ravale l'émotion qui est venue se loger dans ma gorge.
Putain, penser au souvenir de Dash est douloureux...
- Il était celui qui me faisait exister autrement que par le tueur que je suis.
Un mouvement me fait tourner la tête et j'aperçois Skull et Speedy du coin de l'œil. Je ne tiens pas compte d'eux, après tout rien n'est un secret. Pire j'accentue mon propos.
- Et puis ... Et puis, il y a eu le moment où mon Prés', mon frère d'arme, mon frère, m'a annoncé sans broncher d'un poil avec un sang froid sans limite que Dash était mort. Tu sais ce que j'ai ressentis à ce moment là Stranger, hein tu le sais ...
Instinctivement, j'accentue la pression de ma botte. La colère monte quand je repense à ce moment précis. Je plonge mes yeux dans son regard. Je veux être sur qu'il saisisse le moindre mots que je vais prononcé.
- A cet instant précis, j'ai eu l'impression que le monde s'était arrêté de tourner. Mon coeur s'est brisé littéralement, ma poitrine s'est ouverte en deux et j'ai eu l'impression d'être vider de toute humanité. Aprés ça je n'avais qu'une idée en tête me venger...
J'enfonce ma botte une fois de plus, la colère monte en moi sans que je ne puisse réellement la contrôler.
- Me venger d'eux, me venger des Russkoffs et pire que tout me venger de moi-même, parce que je n'avais pas su protéger Dash. Parce que mon inattention avait fait de toi une cible et une cible qu'il avait touché. J'avais besoin d'avoir mal physiquement autant que ce que je pouvais avoir mal à l'intérieur. Les mois ont passés et puis chaque jours je me disais que tuer un Russkoffs de plus aller enfin réussir à apaiser ma soif de vengeance. Mais c'était pire, plus les jours passer sans lui, plus je m'enfoncer dans mon purgatoire. Tu veux que je te dis Stranger, j'ai même cru que je n'arriverai jamais à remonter à la surface. Parce que sans Dash, mon enfer est noir et sans espoir.
Un nouveau bruit me fait tourner la tête. J'entraperçois Clay qui assiste à la scène également de la porte du couloir qu'il a laissé ouverte.
- Et puis tu as fais ton apparition Stranger, sous certains aspect tu lui ressemble tellement. Sous certains aspect, on dirait que vous êtes les mêmes. Pourtant, Stranger je ne te connais pas. Tu es un inconnu.
Je baisse les yeux sur lui et je vois qu'il tapote sa jambe bionique.
- Oh non Stranger ce n'est pas ce qui te manque physiquement qui fait que vous êtes si différent, c'est ce qu'il se passe la dedans.
D'un geste souple, je le rejoins au sol et m'installe sur lui. Je remplace ma botte par mon bras et je tapote sa tempe avec mon doigt.
- Parce que ce qui faisait Dash, ce qui faisait que je l'aimais c'était pas son physique, c'était ce qu'il y avait la dedans et là également.
Je me décale délicatement et je tapote son coeur. Je resserre mes mâchoires et prends une grande inspiration avant d'achever mon histoire.
- Alors Stranger, je suis en colère contre toi, parce qu'à cause de toi, j'ai tout perdu, je suis en colère contre toi, parce qu'à cause de toi je me suis perdu, parce qu'à cause de toi, j'ai perdu celui que j'aimais, celui qui était l'homme de ma vie. J'ai la haine contre toi, parce que tu as gagné et que tu as emporté l'amour de ma vie et que tu m'a emporté avec.
Une fois de plus, je ravale douloureusement l'émotion qui me menaçait de percer.
- J'ai la haine et la rage parce que j'aurais du être là, parce qu'on aurait jamais du m'écarter de ce choix. Parce que c'était sa décision mais c'était aussi la mienne. J'aurais du être là, parce que celui qui aller en subir les conséquences c'est moi et uniquement moi.
Mon corps commence à trembler, tellement mes nerfs sont à fleur de peau. Je contient ma colère depuis que j'ai commencé ma tirade. Stranger tente de se dégager de ma prise et à cet instant précis c'est comme si une pile venait de sauter. Comme si, plus aucun fusible, ne me retenait.
Je relâche ma prise sur sa gorge et je commence à lui cogner dessus. Je ne me contrôle plus. Stranger pare certains de mes coups, mais il ne se défend pas. Dans un élan de désespoir, je hurle :
- PUTAIN DASH, S'IL RESTE UNE PART DE TOI LÀ DEDANS, DÉFEND TOI, BAS TOI, DIS MOI QUE J'AI TORDS.
Là dans son regard, dans le regard de Stranger, j'aperçois l'éclat si caractéristique de Dash. D'un geste certain,il me retourne me plaque au sol et enchaine les coups.
Maintenant, c'est coup pour coups, nous roulons, faisons un vrai strike dans tout le StreetRide. Je ne sais combien de temps dure notre bataille, mais c'est une voix que je connais trop bien qui nous stoppe dans notre élan.
- STOPPPPPPPPP !
Nous nous arrêtons tous les deux, nous sommes allongés l'un à côté de l'autre, à bout de souffle mais quelque peu apaisé.
Des bruits de pas se dirige vers nous. Le pas est déterminé mais pas précipité. Je sens qu'on va passer un putain de mauvais quart d'heure.
C'est certain ...
Je peine à distinguer laquelle des régulières est plantée devant nous les mains sur les hanches mais son ton est sans appel :
- Sergent, Stranger bureau du Prés', MAINTENANT.
Elle commence à s'éloigner, j'entends les mecs chuchoter, mais je ne suis pas encore certain de son identité. Son pas se stoppe et sa voix résonne à nouveau.
- MAINTENANT, que je n'ai pas à le répéter encore une fois.
Sans plus se retourner, elle poursuit sa route, j'entends la porte du bureau du Prés s'ouvrir.
Sans plus attendre, je me relève, Stranger en fait de même et nous fonçons vers le bureau du Prés'.
Quand je franchis la porte, je tombe nez à nez avec notre première dame.
C'était la dernière personne que je m'attendais à trouver ici ...
Stranger en a un hoquet de surprise.
Notre belle Léna ne se laisse pas démonter. D'un geste du doigt, elle pointe les deux fauteuils face au bureau du Prés'.
Comme deux jeunes premiers, nous nous asseyons la tête entre les épaules. Léna se lève, claque la porte du bureau d'un coup sec. Une sorte de chape de plomb se pose dans la pièce. La première Dame est en colère c'est certain.
Pourtant quand elle reprend la parole, il n'y a aucune trace de colère dans sa voix. Comme à son habitude, notre petite bombe rousse est calme, sa voix est douce.
- Bon, je ne reviendrais pas sur ce qui s'est passé, vous êtes content, vous vous êtes dis ce que vous aviez à vous dire. Vous vous êtes cogner dessus comme les deux hommes de cro-magnon que vous êtes.
Étrangement, un sourire étire mes lèvres. Je jette une œil vers Stranger et un petit rictus se dessine sur le coin de sa lèvre.
Nous sommes nous en train de nous faire gronder comme les gamins que nous sommes.
Léna tape du plat de la main sur le bureau.
- J'ai peut-être une douce voix mais ne me prenait pas pour une conne. Vous êtes des abrutis finis tout les deux. Vous cognez dessus au milieu du pub, au milieu des gars et des enfants, vous n'avez pas honte. Mais vous savez la seule chose que je vois ?
Stranger prend une inspiration pour répondre mais Léna l'arrête d'un geste de la main.
- Oh non, non ... je vais répondre pour vous. La seule chose que je vois, c'est que Math tu as beau être en colère pour ce que Dash a fait , pour la décision que ton Près' a pris, tu l'aimes. Et toi Dash, tu as beau avoir changer physiquement, et t'être endurci, tu n'as pas changé non plus... tu aimes Math. Vous voulez que je vous dise. Je vois deux hommes qui s'aiment, qui dans ces murs ont le droit de s'aimer mais qui ne le font pas, parce que chacun a peur de faire un pas en avant. Alors vous auriez le droit d'être en colère contre votre Prés' qui a tout organisé. Pourtant, il a fait cela pour une bonne raison. Que j'ai eu du mal à saisir , et puis j'ai fini par comprendre.
Nous relevons la tête tout les deux un peu stupéfait de sa réflexion. Je jette un regard à Dash et il en fait de même.
La Première Dame n'a pas le temps d'ouvrir sa bouche, qu'un bruit digne d'une bombe retentit derrière nous.—-
Voici le chapitre pour aujourd'hui...
A vos commentaires et à vos hypothèses ...
Je les attends ...
A très vite pour la suite des aventures ...
XOXO
Elliot
🖤
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TOME 3 // Angels Of Hell : Monster
RomanceSur un fil, ils ont plongé pour se protéger, pour se protéger de leur perte. Ils ont laissé le monstre en eux sortir. Je n'ai jamais accepté ce que j'étais, à travers tous les mondes que j'ai visités, je n'ai jamais eu le droit d'assumer qui j'éta...