« Et, Maintenant... »
Dash Je me suis décomposé en voyant Clay arrivé avec mon Hanna. Elle semblait tellement désolée que j'en suis resté con. En même temps, je pensais que Pine avait quelques-uns des mecs au courant, mais visiblement ce n'est pas le cas.
Le temps que l'on se retourne, Hanna avait disparue. Faute du reste, je suis planté le cul dans mon fauteuil au milieu de ce couloir. Face à la carrure imposante de Clay, je me sens tout petit. Je déteste cette sensation. Mes muscles se tendent et automatiquement, je me rencogne dans mon fauteuil. D'un geste souple, je pousse sur mes mains courantes. Je fais demi-tours et fonce me réfugier dans le salon. J'ai un vain espoir que Clay s'en aille sans demander son reste. Néanmoins, c'est peine perdue. Ces bottes de moto résonnent dans le couloir. J'entends chaque pas. Je suis capable de sentir chaque hésitation. En même temps face à un fantôme du passé, je suis en capacité de comprendre qu'il hésite. Pourtant, ça ne lui ressemble pas. Clay a rarement peur de grand-chose, toutefois visiblement mon fantôme lui fait peur.
Je suis face à la fenêtre du salon, je suis dos au couloir. Depuis mon accident, j'ai développé ma capacité d'hypervigilance. Je suis capable de percevoir chaque déplacement d'air, chaque son, chaque petit craquement sur le plancher. Cela peut paraître angoissant, mais sur le fond, c'est juste une façon pour moi de garder le contrôle. Je souhaite garder cette dernière once de contrôle que j'ai sur mon environnement. Je n'ai plus de contrôle sur mon corps. Donc, je tente de contrôler le reste.
Le courant d'air qui me parcourt l'échine me ramène à la réalité. Clay est posé sur l'accoudoir du fauteuil, il me dévisage. Je sens le moment où son regard se pose sur ma jambe. Je tressaille, je ne suis pas habitué à ce genre de réaction, Hanna a toujours eu un regard différent.
Le silence est devenu trop pesant dans cette pièce.
Je me racle la gorge comme si cela avait eu le pouvoir de briser ce silence. Clay continue de me dévisager à la recherche probablement d'un détail qui lui ferait dire que ce qu'il ne voit n'est pas réel.
Sans prévenir, il se lève et sa voix tonne dans la pièce.
- J'appelle Pine.
Son ton est sec, tranchant, il ne laisse pas la place au doute. Il sort son téléphone et une fraction de seconde plus tard, la voix de mon Prés' tonne aux travers du téléphone.
La communication est courte, mais efficace. Clay raccroche et je sens sa colère transpirée par tous les pores de sa peau. Comme d'habitude, je reste mutique. Une fois de plus, sa voix teintée de colère rompt le silence.
- Il arrive.
Je hoche la tête en conservant mon mutisme. En même temps, qu'est-ce que je pourrais bien dire. Que pourrais-je bien te dire Clay ? Que je suis désolé, je ne peux pas. J'ai fait ce que j'avais à faire, j'ai fait ce que je devais faire pour me protéger et pour gagner ma place dans le club. C'était le seul moyen pour moi, pour nous, de pouvoir être ensemble. Je ne regretterai jamais mon choix, même si j'y ai laissé une partie de mon âme, une partie de mon cœur. J'ai laissé sortir ma part d'ombre, comme tous les gars du club. J'ai laissé sortir le monstre en moi à croire que c'est une condition pour pouvoir entrer dans le club. Peu importe ce qu'il peut se passer, je ne pourrais jamais m'en défaire. J'ai choisi le silence pour qu'il ne soit pas trop présent. Pourtant, chaque fois que je baisse les yeux sur ma jambe, enfin sur ce qu'il en reste, je sais qu'il est là.
Je me demande depuis combien de temps, nous sommes plantés dans le salon quand la HD de Pine résonne dans la rue. Comme si une balle l'avait touchée, Clay se lève de bon et se précipite vers la porte d'entrée.
En l'espace de quelque seconde le Près' arrive soudainement dans le salon, comme un forcené. Il regarde à droite, à gauche, comme pour s'assurer qu'à part Clay personne d'autre n'est là. Il finit par pousser un soupir avant de se laisser choir dans le canapé. Je ne me retourne pas, je n'en ai pas besoin pour imaginer les mimiques du Prés'. Étrangement, Clay rompt le silence en premier.
- Tony, il va falloir que tu m'expliques, j'ai manqué un épisode ou quoi ?
Dans sa voix rien ne transparaît, en même temps un ancien de la légion étrangère, forcément, rien ne filtre.
Le Prés' hausse les épaules comme s'il n'y avait pas réellement de réponse à apporter. En même temps, il ne peut rien dire. Nous avons monté ce plan ensemble, nous allons en payer les conséquences tous les deux. Clay se tend à mes côtés. C'est imperceptible, mais je sens la tension montée doucement et sûrement. Il n'en faut pas plus pour Pine.
- Écoute Clay, certaines choses appartiennent au petit. Pour le reste, je dois te dire que je ne voulais certainement pas vous traumatiser, toutefois nous avions besoin de savoir ce qu'il en était des Russkoffs. On parle de notre territoire et de traffic qui se font sur notre territoire.
Clay se lève brusquement, sa botte de moto cogne dans mon fauteuil. Je sursaute, d'un geste certain, il pose sa main sur mon épaule.
- Putain Tony !!!!! Merde, la moindre des choses, c'était de mettre les gradés dans la boucle.
Le Prés' soupire une nouvelle fois. Clay le sait que c'était impossible de mettre les gradés dans la boucle. Cela aurait été trop risqué. Pour ma part, j'aurais refusé que Math me voit brisé, me voit tel le monstre que je suis devenu. Je sais que je leur ai fait du mal, énormément de mal, mais c'était nécéssaire, pour le club comme pour moi.
L'âme à nue, mon monstre est de sortie. Face à la non-réponse de Pine, mes nerfs s'émoustillent. Je bous littéralement. Je retourne mon fauteuil et je me plante bien ancré devant Clay, il veut des explications, il va en avoir. Je n'arrive pas réellement à savoir si je hurle. Néanmoins, les mots sortent de ma bouche sans pouvoir s'arrêter.
- Putain de dieu de merde Clay. Il ne pouvait pas, cela aurait foutu tout notre plan en l'air. Toi comme moi savons que les Russkoffs ne nous aurait pas laissé tranquille. Après ma jambe, avoir fait frôler la mort à Nico, tu crois vraiment qu'il se serait arrêté là. On ne sort pas d'un deal avec eux sans pertes. Il n'aurait jamais laissé Clélia tranquille, et pire, il aurait pu s'en prendre à Joshua ou à Elliot. Alors oui, j'ai fait ce choix-là. J'ai fait le choix de mourir pour pouvoir les avoirs. On parle de notre famille là, il n'y a rien de plus important et je ferai TOUT, tu m'entends TOUT pour les protéger. C'est mon CHOIX, peu importe si tu n'es pas en accord avec ça.
Même si j'aime ma famille plus que tout, lorsque je pense à eux, immédiatement je pense à Lui. Mon homme, celui qui a fait battre mon cœur. Je n'imagine pas ma vie sans lui. Pourtant aujourd'hui, je ne suis plus sûr de pouvoir le retrouver.
Envahis par l'émotion qui me parcourt les veines, dans un dernier souffle, je termine ma confession :
- C'était le seul moyen pour moi d'entrer dans le club.
Clay me dévisage longuement. Mon expression est empreinte de colère, je sens la totalité de mes muscles tendus. Le seul avantage de cette situation, c'est que j'oublie le temps de quelque seconde que je ne suis plus qu'un monstre. Clay finit l'analyse de ce que je suis en train de lui dire. Il ponctue sa pensée :
- Pourquoi ?
Je comprends son incompréhension.
Pour la nième fois depuis le début de cette conversation, je soupire. Me justifier, à croire que c'est le but de ma vie, et pourtant je comprends. Je comprends qu'il a besoin de comprendre. Clay a toujours eu besoin de comprendre, de comprendre comment fonctionne l'Homme. Il a besoin de mettre en lien ce qu'il lit sur nos visages et les mots qui sortent de notre bouche.
- Clay, tu sais éperdument qu'il ne m'aurait jamais laissé devenir prospect. Toi comme moi, nous savons qu'il aurait tout donné pour que je ne touche pas à votre monde. Pour que je reste le tatoueur, et pas plus. De là où tu te trouves cela a l'air égoïste. Mais, de là où, je suis, dans mon monde, c'était le seul moyen pour que nous puissions être ensemble.
Mes nerfs lâchent quelque peu, et tout à coup une boule monte dans ma gorge. Ce sentiment me serre le cœur, j'ai l'impression que ma respiration s'est arrêtée. Je déglutis bruyamment, tentant de ravaler l'émotion qui menace de sortir.
- Putain Clay, tu le sais, si nous étions restés comme cela, on aurait dû se cacher de tout, tout le temps.
Clay reprend une expression plus neutre et se redresse. Sans plus de cérémonie, il hoche la tête. Il ne m'en faut pas plus pour une validation de sa part. Mon corps se détend à nouveau, je jette un coup d'œil au Prés' qui a le visage complètement défait. Je sais qu'il n'a jamais émis de problème à la différence, à la diversité. Je sais aussi que pour lui, c'est un crève cœur de se dire que dans son MC, ses gars sont obligés de se cacher pour être ce qu'ils sont. Dans notre monde actuel, cela ne devrait plus arriver, pourtant dans notre milieu, c'est encore le cas. Un jour peut-être les choses évolueront.
Pour l'instant la seule chose qui compte, c'est de savoir comment nous allons gérer la situation. Entre Math qui vient faire le pied de grue devant la maison et maintenant Clay qui est au courant, nous n'allons certainement pas pouvoir nous cacher encore longtemps. Devant le silence du Prés', Clay tente de reprendre les choses en main.
- Parfait, bon... Dans le coup, maintenant que fait-on ?
Je hausse les épaules. En réalité, être le spectateur de leur vie m'allait bien jusque-là. Le Prés' se ressaisit, il secoue la tête comme pour se remettre les idées en place. Il se racle la gorge pour finir d'effacer toute trace de l'émotion qu'il l'a saisi.
- Dash, je suis désolé, sincèrement, mais il va falloir que nous mettions en route notre plan. Votre retour à toi et à Hanna doit se faire dans la semaine, nous n'avons plus le temps d'attendre. Puis, quelque part, il vaut mieux arracher le pansement rapidement, ça fait moins mal.
Une fois de plus je hausse les épaules, rien ne pourra être pire que la douleur de mon âme.
Un grand fracas, nous coupe dans notre discussion. Je tourne la tête et je constate qu'Hanna vient de débarquer dans le salon. Son teint est livide et l'expression que je lis sur son visage ne me dit rien qui vaille. Clay ravale un hoquet de surprise. Avant de se précipiter sur elle, d'un geste tendre, presque trop tendre, il pose ses mains sur ses joues et plonge son regard dans le sien.
L'instant qui se joue est troublant. Néanmoins, je connais assez bien Hanna pour savoir que la panique est en train de la quitter. Plonger dans le regard l'un de l'autre le temps semble quasiment suspendu. Les pouces de Clay commencent à faire de petits cercles sur les pommettes de mon Hanna. Cet instant paraîtrait presque charnel. Quelques secondes plus tard, Hanna a retrouvé un visage plus serein. Le temps d'une respiration, le charme se rompt. Clay relâche le visage d'Hanna et immédiatement la bulle se rompt. Hanna me lance un regard désolé que j'esquive d'un mouvement d'épaule. Hanna le sait nous ne nous devons rien. Clay vient reprendre place dans le salon, Hanna le suit d'un pas timide comme si elle était écrasée par le poids des égos masculins présent dans la pièce. D'un geste sur je lui attrape le bras, et la fait atterrir sur moi. Elle hoquette de surprise et finit par m'adresser un regard. Je ne saurai lire la symphonie d'émotion qui danse dans ses yeux pourtant, lorsqu'elle ouvre la bouche, je sais que ce qui va suivre n'a rien de bon.
- Je ne sais pas ce qui s'est passé Dash, je te promets que je n'ai rien fait de mal. J'étais avec Math au Démon et tout à coup, c'est comme s'il avait rompu avec la réalité. Il est presque parti en courant. Personne n'a pu l'arrêter.
Lorsque ces derniers mots sortent de sa bouche, c'est comme si le temps s'était arrêté. Je connais Math, il n'en sort jamais rien de bon.—
Voilà un autre bout de leur histoire.
J'espère que le début de l'histoire vous plait.
A vos commentaires.
XOXO
Elliot
🖤🤍
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TOME 3 // Angels Of Hell : Monster
عاطفيةSur un fil, ils ont plongé pour se protéger, pour se protéger de leur perte. Ils ont laissé le monstre en eux sortir. Je n'ai jamais accepté ce que j'étais, à travers tous les mondes que j'ai visités, je n'ai jamais eu le droit d'assumer qui j'éta...