CHAPITRE DIX-NEUF

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        Je rougis et le fixe sans savoir quoi répondre. Il me regarde, sans comprendre. Je ne dis rien jusqu'à ce qu'il lâche :

       -Quoi ?

       -Robin... murmurai-je. Je ne te présente pas en tant que petit ami, là.

       À son tour de rougir.

       -Je sais bien ! Je veux juste dire... Je ne suis pas du genre à être accepté par les proches d'une fille comme toi.

       Aïe, je ne savais pas trop quoi penser de cette expression.

       -C'est quoi, une fille comme moi ? grimaçai-je.

       -Bah gentille et innocente, explique-t-il comme si c'était évident. Le genre de filles qui me traitent de connard parce que les gars comme moi font toujours au moins une grosse connerie, qui blesse les autres.

       -Arrête, protestai-je. Tu dis que je n'ai pas le droit de me rabaisser, alors toi non plus. Ça ne tient qu'à toi pour que ça n'arrive pas. Robin, insistai-je alors qu'il fuyait mon regard, si tu ne veux pas que ça arrive, ça n'arrivera pas.

       -Ce n'est pas aussi simple, soupire-t-il.

       -Bien sûr que si. Je sais que tu es quelqu'un de bien.

       -Tu ne me connais pas, Louise.

       J'encaisse en silence. Je sais qu'il n'a pas voulu me blesser. Il n'a fait qu'énoncer la vérité.

       -Alors laisse-moi te connaître, murmurai-je.

       -C'est compliqué pour moi.

       Et je lis dans ses yeux, plus que jamais, qu'il dit vrai. S'il pouvait m'en parler, il le ferait. Mais ça doit être trop douloureux pour qu'il puisse se confier. Je ne peux m'empêcher de poser ma main sur la sienne, et poursuis en chuchotant :

       -Je sais. J'attendrais. Mais fais-moi confiance. Respire, souris, et ça va bien se passer, je te le promets. Sois toi-même. Sois le Robin que j'apprécie.

       -Parce qu'il y a plusieurs Robin ? demande-t-il, amusé.

       Je rougis et retire brusquement ma main.

       -En fait... oui. Il y a le Robin que je vois depuis le début de l'année. Celui qui est populaire, celui qui sèche et qui fait son bad boy.

       Il s'efforce de continuer à sourire mais son regard se durcit. Je lui souris d'un air rassurant, comme pour lui assurer que ce n'est plus ce que je pense de lui aujourd'hui, et continue :

       -Et il y a le Robin que je connais depuis le début de l'expérience. Celui qui se cache derrière le masque. Il est gentil, drôle, attentionné, à l'écoute et il masse comme un dieu. Sois ce Robin-là.

       Il me sourit, sincèrement cette fois, serre ma main dans la sienne et me remercie en chuchotant, terminant notre conversation à voix basse.

       -On est arrivés ! déclarai-je à voix haute avant de chuchoter à Robin : Respire.

       -Bon allons-y, prêt à me faire massacrer ! ironise-t-il en ouvrant sa portière.

       On sort de la voiture en riant, et je commente comme à notre habitude avec les parents la présence des voitures pour voir qui est là ou pas.

       -On est les deuxièmes ! conclut Maman. Il n'y a que Tata Nolwenn et Maxime qui sont arrivés.

       Je vois Robin se détendre à cette annonce.

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