CHAPITRE CINQUANTE-SIX

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       -Robin est là ? demande Clémence entre deux sanglots.

       -Non, il est parti courir.

       -Ça ne m'étonne pas, dit-elle avant de renifler bruyamment, il fait toujours ça quand il est énervé et qu'il a besoin d'évacuer.

       -Clémence, explique-moi ce qu'il se passe.

       -Hier, avant que vous ne partiez, Robin est venu me voir, et on s'est engueulés.

       -Quoi ?

       Il ne m'en avait pas touché un mot.

       -Il ne t'a rien dit ? devine-t-elle.

       -Non. C'était à quel sujet ?

       Je pose la question en redoutant la réponse. J'ai une idée en tête, mais je refuse que ce soit la cause d'une dispute entre les deux cousins, d'ordinaire si proches.

       -À propos de ce qu'il s'est passé avec Camille.

       Je soupire. J'en étais sûre.

       -Il m'a dit que je n'aurais jamais dû la laisser venir, que tu aurais pu être droguée et que ça aurait été de ma faute...

       Elle éclate en sanglots.

       -Clémence, je t'en prie, respire ! Il était énervé, il ne pensait pas ce qu'il disait...

       -Bien sûr que si ! Et il a raison ! Mon Dieu, Louise, s'il t'était arrivé quelque chose, à une de mes soirées en plus...

       -Ça n'aurait pas été de ta faute ! Je suis sûre que Robin ne t'en veut pas, il s'en veut surtout à lui-même, bien que ça n'ait pas lieu d'être non plus.

       -Non, il m'en veut vraiment, il évite mes appels depuis hier soir. C'est pour ça que j'ai appelé sur ton portable. Pour ça et pour m'excuser, ajoute-t-elle.

       -Tu n'as pas à t'excuser !

       -Si ! Vraiment, imagine si...

       -On pourrait refaire le monde avec des "si" ! l'arrêtai-je. Je vais lui parler, d'accord ? Mais toi, ne te prends pas trop la tête. Ça va aller.

       -Merci Louise.

       Je raccroche et soupire. Je me décide à aller prendre ma douche, réfléchissant à ce que j'allais dire à mon copain. Quand je descends prendre mon petit-déjeuner, il est onze heures et je suis carrément énervée. J'avais tourné ça dans tous les sens, mais une chose était sûre : Robin n'avait pas à s'en prendre à sa cousine. Qu'il se soit inquiété, d'accord. Qu'il s'en veuille, passe encore. Mais qu'il fasse culpabiliser Clémence, c'était vraiment moche. Je l'attends, chaque minute augmentant mon énervement. Les pleurs de Clémence résonnaient dans ma tête, et je me sentais affreusement mal de savoir cette fille adorable dans cet état.

       J'entends la porte d'entrée s'ouvrir, mon corps se tend, anticipant la dispute qui allait inévitablement éclater. Je sentais la colère gronder en moi, et j'avais attendu trop longtemps pour réussir à la canaliser maintenant. Robin me rejoint dans la salle, sourit en me voyant dans le canapé et dépose un baiser sur mon crâne. Il doit sentir que quelque chose ne va pas, car il s'inquiète :

       -Tout va bien ?

       -À ton avis ? répliquai-je avec agressivité.

       Je savais que je ne devrais pas lui parler comme ça. Il me regarde en fronçant les sourcils.

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