CHAPITRE ONZE

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       À la moitié du cours, la prof nous demande de nous mettre en groupes de quatre. Vu les têtes des garçons, eux aussi ont parlé. Mais Robin et moi avons notre fierté : aucun n'adresse la parole à l'autre. J'ai envie de pleurer quand son regard glisse sur moi comme si je n'étais pas là. Évidemment, je suis triste parce que je me suis disputée avec un ami. Bien sûr. Pas parce que je commence à aimer cet ami. Pas du tout !

       À la fin du cours, on range nos affaires et Isia me chuchote :

       -Va lui parler Louise, vous êtes ridicules là !

       J'entends Ethan qui engueule à moitié Robin aussi. Comme il est aussi discret qu'une fanfare quand il chuchote, je comprends clairement ce qu'il dit :

       -Normal qu'elle soit dégoûtée ! Explique-lui la situation ! Je suis sûr qu'elle comprendra.

       On sort de la salle, et, toujours sans me regarder, Robin me prend par le bras pour m'emmener à côté des casiers. Les gens nous regardent mais se dirigent vers la salle de physique, donc on se retrouve vite seuls.

       -Bon, je pense qu'il faut qu'on parle, commence Robin.

       -Je pense aussi, oui.

       -Écoute, j'ai bien compris que tu n'approuvais pas ce que j'ai fait.

       -C'est le moins qu'on puisse dire, répliquai-je.

       -Louise bordel laisse-moi finir, s'énerve-t-il.

       Je ne réponds rien, me contentant de le fixer en attendant ses explications. Reste calme, Louise. Ce n'est pas toi qu'il a trompée.

       -Je sais que ce n'est pas une excuse... mais je ne l'aimais pas.

       -Camille, ou la fille avec laquelle tu l'as trompée ?

       -Aucune des deux, soupire-t-il.

       -Je ne te suis pas, là.

       -Je n'aimais pas Camille. Je ne l'ai jamais aimée.

       -Pourquoi tu es sorti avec elle ? rétorquai-je.

       Je sais que les gens n'attendent pas forcément d'aimer une personne pour sortir avec elle. Mais les sentiments me semblent tellement importants dans une relation, que je ne comprends pas comment Robin a pu sortir avec une fille pour qui il ne ressentait rien.

       -Pour mon image, répond-t-il simplement. Je sais que ça fait connard de dire ça, mais... elle était belle, et...

       -J'ai compris, le coupai-je.

       -Non. C'était pareil de son côté, Louise. En soirée, elle me demandait de venir, on s'affichait un peu ensemble et c'est tout.

       Il se rapproche de moi, et continue en me regardant dans les yeux :

       -Tu me connais mieux qu'elle. Et je te connais mieux que je ne la connaissais. Il n'y a jamais eu de sentiments entre elle et moi. Si elle m'a quitté, ce n'est même pas parce qu'elle était triste, ou blessée. Simplement, imagine, qu'est-ce que les gens penseraient d'elle si on savait que son copain ne l'aimait pas vraiment ?

       -Tu essaies de me dire quoi, là ? demandai-je en fronçant les sourcils.

       -Que cette relation était fausse. Autant que Camille l'était. Cette fille pensait juste à sa réputation et son compte Insta. À cette fameuse soirée, une fille plutôt mignonne est venue me voir. On discutait, et elle m'a embrassée. Je l'ai repoussée parce que même si je n'aimais pas Camille, je la respectais un minimum. Mais quelqu'un nous a vus.

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