CHAPITRE VINGT-DEUX

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       L'après-midi passe rapidement. Et je vois Robin se crisper de plus en plus. Je sais que ma rencontre avec ses proches le stresse énormément. Ce que j'ignore, c'est pourquoi.

       À la sortie, je galère à porter mon sac de cours en plus de celui qui contient mes affaires, et qui est (disons les choses franchement) vachement lourd. Robin soupire en me voyant tituber à côté de lui et me le prend.

       -Louise, tu ne restes qu'une semaine chez moi, tu peux m'expliquer pourquoi ton sac est aussi lourd ? me gronde-t-il gentiment.

       -C'est une fille, voilà pourquoi ! rit Samuel.

       -Au lieu de faire ton sexiste, tu pourrais proposer de porter mon sac ! réplique Margot.

       Les deux garçons se retrouvent finalement chargés de trois sacs chacun : leur sac de cours, le sac qui contient leurs affaires de la semaine dernière et le sac de la fille qu'ils accueillent. Isia a catégoriquement refusé qu'Ethan porte le sien, car "je suis parfaitement capable de me débrouiller seule", et "je ne suis pas une petite nature, moi au moins". Margot et moi sommes mortes de rire, sachant pertinemment que notre amie préférera se casser le dos plutôt que de demander de l'aide après cette déclaration. Il faut dire qu'Isia n'était pas loin d'être aussi têtue que moi, ce qui n'était pas un mince exploit.

       Quand notre bus arrive, Robin et moi saluons le reste du groupe. Comme la semaine dernière, on ne prend pas tous le même. On a du mal à entrer avec nos sacs et les gens nous fusillent du regard, car on prend clairement quatre places à nous tous seuls.

       Je vois que Robin est tendu. Sa mâchoire est serrée, et il ne cesse de se frotter la nuque. Je pose une main sur son bras et murmure :

       -Robin, respire.

       -Ouais.

       Je me crispe à mon tour. S'il remet son masque, la semaine va être très, très longue.

       Nous descendons du bus au bout d'un quart d'heure de trajet. Des soupirs de soulagement se font entendre lorsque nous libérons de l'espace après avoir poussé la moitié des passagers en tentant de rejoindre les portes. Je suis Robin, qui ne dit pas un mot, le long du trottoir.

       Nous arrivons devant une grande maison, au jardin bien entretenu. Robin sort des clés de son sac et me tient la porte d'entrée, faisant une révérence ridiculement exagérée. Je lui souris, un minimum rassurée par son attitude malgré son mutisme, et entre.

       Je me retrouve dans un petit couloir aux couleurs claires, avec une ouverture sur ma droite donnant visiblement sur la salle de vie, une porte à ma gauche, et une autre me faisant face au bout du couloir. Robin ferme la porte vitrée par laquelle nous venons d'entrer, pose nos sacs sur des cubes de rangements et enlève ses chaussures. Je fais de même et lui laisse ma veste, qu'il accroche sur un porte-manteau.

       -Bon, petit room-tour, déclare-t-il. Là, on est dans l'entrée. (Il ouvre la porte en face de la porte d'entrée, au bout du petit couloir.) Là, tu as le garage. (Il ouvre ensuite la porte à ma gauche.) Là, la buanderie. (Puis il se dirige vers ma droite.) Et voilà la salle de vie principale, je ne sais pas trop comment appeler ça...

       Je le suis et entre dans une pièce spacieuse et lumineuse. Un bureau est casé contre un mur à ma gauche. En face de moi prend place un énorme canapé à l'allure confortable, ainsi qu'une immense télé.

       -Purée, m'exclamai-je, déjà que la télé est grande chez moi, celle-là...

       -Est limite trop grande.

L'ExpérienceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant