CHAPITRE TRENTE-NEUF

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       Dieu merci.

       -Maureen ?

       -Ça ne va pas ? T'as une voix bizarre.

       Je comprends l'inquiétude de ma cousine, on ne s'appelait pas souvent à l'improviste comme ça. On s'envoie des messages ou on se fait des vocaux, mais les appels sont rares.

      -Non... murmurai-je d'une voix étranglée. Ça ne va vraiment pas.

       -C'est par rapport à quoi ? s'inquiète-t-elle.

       -Robin.

       Rien que dire son nom est douloureux.

       -Mais pourquoi ? Ça allait hier ? Il t'a avoué ses sentiments, vous vous êtes embrassés et vous vous êtes mis ensemble, non ?

      J'éclate en sanglots. Combien de litres d'eau peut-on laisser couler par nos yeux avant de finir déshydraté ? Ma cousine me calme, m'écoute, me console.

       -C'est tellement dur de ne pas être à côté de toi... Je voudrais te serrer dans mes bras, je me sens inutile au téléphone.

       -Tu n'es pas inutile, lui assurai-je en reniflant. Ça fait une demi-heure que tu m'écoutes.

       -Je sais, mais ce n'est pas suffisant.

       -C'est suffisant pour l'instant, je te jure que ça me fait du bien d'entendre ta voix.

       On parle encore, encore et encore, jusqu'à ce que j'entende la porte d'entrée s'ouvrir.

       -Je dois te laisser. Merci beaucoup Maureen.

       -Il n'y a pas de soucis. Et n'oublie pas : il ne vaut pas la peine que tu te mettes dans des états pareils. Il ne te mérite pas.

       -Merci.

       On raccroche et je descends. Mes yeux me piquent, mais au moins mes joues sont sèches, contrairement à mon oreiller sur lequel j'ai pleuré tout au long de la conversation téléphonique. Maureen a un vrai don pour écouter les gens, je lui ai toujours dit qu'elle devrait faire psychologue.

       Marius et Maman entrent, et mon frère me prend brièvement dans ses bras en me demandant comment s'est passé ma semaine avant de monter dans sa chambre.

       Ma mère se tourne vers moi, et fronce aussitôt les sourcils.

       -Qu'est-ce qu'il se passe ?

       -Rien, tout va bien.

       Je tourne la tête vers le miroir. Mes yeux sont rouges, gonflés et brillants à force d'avoir pleuré. Aïe. Impossible de le cacher à ma mère, qui est une des personnes qui me connaît le mieux.

       -Louise...

       -Ça va je te dis ! la coupai-je en grimaçant un sourire. Comment ça va toi ?

       -Bien.

       Je vois qu'elle est perturbée. Je lui confie tout, d'habitude. Mais là je ne peux plus. Je viens de tout déballer à Maureen, et ne suis pas prête à en reparler. C'est trop dur. Ça fait trop mal.

       Je remonte dans ma chambre en sentant que je vais me remettre à pleurer. Je me sens faible, et je déteste ça. Je m'assois sur mon lit et ferme les yeux en pressant fortement mes paumes contre mes paupières, comme pour repousser les larmes. Mais ça ne sert à rien, et mon visage est à nouveau inondé en moins de trente secondes.

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