CHAPITRE QUARANTE-SEPT

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       Les larmes montent aussitôt. Ça paraissait tellement réel ! Je me redresse, oubliant que je suis sur un matelas gonflable. Le changement de pression fait bouger Maureen, qui ouvre péniblement les yeux.

       -Désolée, chuchotai-je d'une voix étranglée.

       -T'inquiète... marmonne ma cousine. Ça va ?

       -Pas trop.

       J'entends quelqu'un bouger sur le canapé, et la lueur d'un portable éclaire le visage encore à moitié endormi d'Isia. La voix étouffée de Margot nous parvient de sous les coussins :

       -Il est quelle heure ?

       -Onze heures, répond Isia. Faut peut-être qu'on se lève.

       Malgré cette phrase, aucune de nous quatre ne bouge. Je tente de ravaler mes larmes et la boule qui me bloquait la gorge.

       -Louise ? appelle Maureen.

       -Mmh ?

       -Pourquoi ça ne va pas ?

       Margot et Isia se redressent dans le canapé.

       -Qu'est-ce qu'il se passe ? demandent-elles en même temps.

      -Rien... C'est juste que... Le break... Je sais que c'est mon idée, mais ça fait mal, articulai-je. Ça fait trop mal.

       Maureen me prend aussitôt dans ses bras.

       -T'as rêvé de lui ? devine Isia.

       -Ouais. Ça paraissait tellement réel !

       -Il ne vaut pas la peine que tu te mettes dans des états pareils.

      Bien sûr que si, pensai-je sans pour autant le dire à voix haute.

       Il m'aime, il m'aide à avoir confiance en moi, il me fait rire, il m'écoute, il me taquine... Mais il me fait souffrir comme personne quand il déconne. Ou quand la situation déconne entre nous. Je dois garder à l'esprit que ce qu'il s'est passé n'est pas de sa faute. Mais ça ne change rien à la peine, ni à la douleur. Les filles ont raison. Ce break est nécessaire.

       On ne bouge du salon que quand Maman vient ouvrir les volets. On petit-déjeune et on s'habille. L'après-midi passe rapidement : on parle, on rigole, on met de la musique... et j'angoisse pour la soirée qui approche. Nos parents avaient aussitôt accepté qu'on passe la soirée chez Ethan. Ils connaissaient au moins un des garçons et leur faisaient confiance.

       -Comment je m'habille pour ce soir ? demandai-je en fouillant dans mon armoire.

      Les filles me regardent sans comprendre.

      -Comment ça ?

       -Pour ce soir, chez Ethan ! m'exclamai-je.

       -Louise, mets un jean, un tee-shirt et puis c'est tout ! Pourquoi tu te casses la tête ?

       Isia avait posé cette question sans attendre de réponse, car on la connaissait toutes. Pour Robin. Évidemment. Mais depuis notre réveil, les filles avaient eu la délicatesse d'éviter de parler de lui.

       -ON NE VA PAS TARDER À Y ALLER LES FILLES ! nous crie Maman depuis le rez-de-chaussée.

       J'inspire profondément avant de souffler lentement, pour me calmer, et Isia me prend dans ses bras :

      -Hey... Si ça te stresse trop, je préviens Ethan. Il comprendra qu'on ne vienne pas.

       -Non c'est hors de question ! protestai-je. Il doit déjà être hyper stressé sans mes histoires. Robin et moi avons déjà trop fait chier le groupe comme ça. On est assez matures pour se tenir.

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