CHAPITRE VINGT-SEPT

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       Une fois installés côte à côte dans le fond, je me tourne vers lui et demande :

       -Alors, programme de l'après-midi ?

       -On rentre poser nos sacs à la maison. On va chercher Clarisse. On mange. On attend que Clarisse parte à la danse. On va sur la zone commerciale. On rentre. On mange. On se couche.

       Il avait tout débité sans reprendre son souffle. Je le regarde, amusée.

       -En gros, conclut-il en gardant son sérieux.

       -Bon, parfait alors !

       Il me sourit, et je réalise que je ne peux m'empêcher de lui sourire en retour.

       On rentre déposer nos sacs et on se dirige vers l'école maternelle, qui est à quelques minutes à pied. On attend à la sortie, et je remarque que certaines personnes nous regardent bizarrement. Robin se penche vers moi et chuchote :

       -Je pense que certains croient qu'on est en couple, qu'on a un enfant et qu'on l'attend à la sortie de l'école.

       -Arrête tes conneries ! riai-je en le tapant sur l'épaule.

       -Je suis sérieux, insiste-t-il. À ton avis, de quoi on a l'air de l'extérieur ?

       J'éclate de rire en réalisant la situation. Robin me rapproche de lui en passant un bras autour de mes épaules et se penche pour murmurer à mon oreille :

       -Si je t'embrasse et que tu cries "Ma chérie !" quand tu vois Clarisse, l'illusion sera parfaite !

       Je ris encore et le repousse :

       -Clarisse a cinq ans, ça veut dire que j'aurais été enceinte à onze ans ! Je n'avais pas encore mes règles, et encore moins de petit copain.

       Robin sourit. Une idée me vient soudainement à l'esprit et je fronce les sourcils, le regard dans le vide. Robin touche mon bras et demande :

       -Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

       Je le regarde et commence :

       -Clarisse...

       -Oui ?

       -Sa mère...

       -Elle est décédée pendant l'accouchement, me coupe-t-il doucement.

       -Merde, soufflai-je.

       -Elle s'est beaucoup rapprochée de ma mère. Mathieu dit que c'est parce qu'elle n'a jamais eu de figure maternelle, donc elle s'accroche à ce qu'elle a aujourd'hui.

       -Elle est adorable.

       -Ouais.

       -Et elle t'aime beaucoup.

       Cette fois Robin ne dit rien et reporte son attention sur l'entrée. Je continue en posant ma main sur son bras :

       -Et toi aussi, tu l'aimes beaucoup.

       Il me regarde et tente de plaisanter :

       -Je n'aime que moi-même Louise, laisse tomber.

        Mais pour une fois qu'il reste aussi calme, je suis loin de laisser tomber.

       -Non. Le personnage que tu jouais n'aimait que lui-même, insistai-je. Le Robin que je connais aime sa famille et ses amis. Et donc il aime Clarisse, même s'il préfèrerait mourir plutôt que de l'avouer, le taquinai-je.

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