Nicky Larson \/ Quel est notre lien ? | TERMINÉE

32 | Traque à Aogashima

Dans le jet, Dave Gibson dormait. Blottis dans le coin de sa place, il ressemblait à un nourrisson venant tout juste de rejoindre le pays des rêves.

Concernant Moon Lim, elle semblait être en appel avec Arata Bertinelli. Ils discutaient tranquillement, sans stress apparent. La coréenne paraissait même totalement paisible ce qui perturbait Hélène Lamberti.

Elle était assise face à elle, près de Curtis Clore qui ne semblait pas leur prêter une once d'attention. Sa tête reposant dans la paume de sa main, il était adossé au hublot et observait calmement les nuages qu'ils survolaient. Son inquiétude pour les futurs événements et les conséquences qu'ils pourraient avoir sur sa bienfaitrice était telle qu'il n'arrivait pas à se vider la tête.

Cela faisait plusieurs minutes que Hélène essayait de poursuivre sa lecture, en vain. Son regard ne cessait d'être distrait par celui qui était à quelques centimètres d'elle.

Moon se leva soudainement. Hélène n'avait écouté sa conversation avec Arata que d'une oreille peu attentive mais elle avait cru comprendre qu'il allait se changer. C'est vrai, ils n'allaient pas tarder à atterrir.

« Vous ne lisez plus depuis un moment, Hélène. »

Chuck inclina légèrement son visage et fixa Hélène du coin de l'œil. Il ne tarda pas avant que son visage ne fasse face à celui du lieutenant qui fût intérieurement surprise car les yeux de Curtis Clore paraissaient plus vert que d'ordinaire. Mais peut-être était-ce la lumière du soleil qui faisait son ouvrage ?

Curtis redressa sa posture, laissant sa tête se soutenir toute seule. Il s'approcha un peu et de demandait ;

« Je peux ? »

Hélène jeta un rapide regard sur le bouquin entre ses mains avant de la tendre à Clore qui attendait.

Il s'étonna lorsqu'il eut lu le titre de l'œuvre ;

« Mémoire d'une Geisha de Yuki Inoue. Je ne pensais pas que vous lisiez ce genre de roman.

- Ce livre n'est pas à moi. Il était dans le sac de madame Lee. Elle a dû oublier de le reprendre lorsqu'elle a échangé nos affaires.

- Tout s'explique.

- Vous insinuez que je n'ai pas une tête à lire des histoires comme celles-ci ?

- Oui.

- Eh bien dites-moi, quel est le type de livre que vous pensiez que je lisais ?

- Des tragédies romantiques... style Roméo et Juliette. Enfin, vous voyez ? Vous avez l'air d'être une fanatique de Shakespeare. »

Hélène affichait une mine sceptique. Non pas qu'elle avait horreur de Shakespeare mais qu'il le décrive comme une fanatique des tragédies romantiques était quelque peu vexant. Ils ne se côtoyaient pas depuis longtemps, c'est vrai. Seulement, la bleutée avait espéré qu'il le percevait d'une manière différente.

Elle se fit toutefois la réflexion que la vision que Chuck avait d'elle ne devrait pas l'inquiéter autant. Alors pourquoi était-ce le cas ?

Celui-ci, d'ailleurs, remarqua la mine pensive de sa collègue. Alors, il poursuivait dans un sourire, comme s'il voulait la rassurer ;

« Je vous taquine, Hélène. Je vous taquine.

- Oh, je vois. Monsieur au-nom-de-famille-inconnu a des tendances comiques. »

Le sourire de Chuck ne fit que s'accentuer lorsqu'il nota le sarcasme d'Hélène. Il pouffa contre son poing. Les joues gonflées de la femme lui donnaient un air si enfantin que ça en était amusant.