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CHAPITRE ONZE

« Quand c'est fini, je me blottis entre ses grands bras et je me laisse gagner par un sommeil sans rêves. »

* * *

Ces jours-là, je consacre l'essentiel de mon temps à comploter pour aller chez Nathan. Ce n'est pas évident de trouver une solution puisqu'avec les cours, les devoirs et le yearbook, nous sommes franchement débordés.

On finit par organiser quelque chose pour le week-end suivant. Ses parents partent à Las Vegas et j'en profiterais pour lui rendre visite.

J'ai l'impression de deviner à l'avance ce qui va se passer chez lui quand on sera seuls. Enfin, j'espère ne pas me tromper. D'un autre côté, qui sait qui arrive quand on partage un lit avec garçon sans être ivre morte ? Pas moi.

Le samedi matin, je prends le métro Express pour aller en ville et ensuite, je marche jusqu'au parc. Là-bas, je retrouve Nathan. La maison de ses parents est assez belle — le jardin est grand et l'herbe est bien entretenue. Les maisons voisines lui ressemblent toutes.

On remonte l'allée. Puis, sitôt qu'on franchit le seuil, il commence à m'embrasser. Je suis surprise qu'il soit aussi direct. Je ne m'attendais pas à ça.

Il retire son t-shirt, m'ôte le mien. Il déboucle sa ceinture, je ne parviens pas à déchiffrer son expression. À quoi pense-t-il ?

Je l'arrête avant qu'il ait terminé de me déshabiller. La bouche sèche, je me rends dans sa chambre et monte sur son lit. Je ne sais plus si j'en ai envie.

Je vois bien qu'il n'est pas à l'aise, lui non plus. Il quitte la pièce, revient avec une canette de Coca, l'ouvre et la boit, assit sur le rebord du lit. Moi, je reste immobile, les couvertures remontées jusqu'au menton et les yeux rivés sur son dos lisse.

— Ça va ? je lui demande.

— Et toi ?

— Je suis un peu nerveuse.

— Moi aussi. (Il boit une gorgée de Coca.) Excuse-moi de t'avoir sauté dessus comme ça.

— Ce n'est pas grave.

Tandis que je le regarde fixer sa canette, j'ai une illumination. Ça y est, j'ai compris : il a peur de ne pas être assez bien pour moi. Je lui dis d'une petite voix :

— Nathan ?

— Oui ?

— Je t'aime.

— Sûre ?

— Oui.

Il se retourne en souriant.

— Bon, d'accord.

Nos gestes sont maladroits. Comment pourrait-il en être autrement ? Et la lumière du jour n'aide pas. On se débat avec nos vêtements. Je galère pour enlever mon soutien-gorge. Nathan s'emmêle les pinceaux dans les jambes de son pantalon — un peu plus et il tombe du lit.

Une fois prêts, on a tellement d'appréhension qu'on s'interrompt. Sa peau, d'habitude so chaude et douche au toucher, me semble froide et je sens lorsqu'il m'embrasse qu'il est hésitant.

Du coup, moi aussi, et rien ne s'enchaîne comme il faudrait. On décide de renoncer — quel désastre ! Il vaut mieux en rire. Et là, miracle ! On commence enfin à se détendre et à se retrouver peu à peu.

Ensuite, c'est parfait. Il n'y a plus ni précipitation, ni doute, ni réticence, ni regret. On est réunis, on se dévore des yeux et c'est incroyable ce qu'on ressent.

Quand c'est fini, je me blottis entre ses grands bras et je me laisse gagner par un sommeil sans rêves.

Addiction | réécriture [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant