Addiction | réécriture [TERMINÉE]

TROISIÈME PARTIE

CHAPITRE UN

« Je suis toujours pressée, alors je serre les mains et je me conduis avec la plus grande dignité. »

* * *

Mon père poursuit ses affaires dans le business de l'énergie solaire. Ça a un impact réel sur ma vie. Souvent, quand je rentre à la maison, je tombe sur des gens importants — des investisseurs étrangers, des politiciens locaux, des gens riches qui essaient de devenir encore plus riches. Je suis toujours pressée, alors je serre les mains et je me conduis avec la plus grande dignité.

Des traiteurs apparaissent régulièrement dans l'allée. Parfois, ils fument en cachette derrière les buissons, à côté de la boîte aux lettres. Une vraie machine à expresso (venue d'Italie) — une De'Longhi PrimaDonna Soul — atterrit dans notre cuisine. C'est ce que je préfère. En revanche, je déteste les soirées cocktails. Je n'aime pas les odeurs d'alcool qui montent du salon par bouffée. Ni ces adultes louches à moitié ivres qui déambulent dans le couloir devant chambre.

L'emploi du temps de mon père est imprévisible. Une semaine, il est à la maison dans son bureau à travailler douze heures par jours ; la suivante, il part faire Dieu sait quoi sur la côte Est ou au Japon. Maman et moi, quand on est seules, on a tendance à se réfugier chacune au bout de la maison. J'apprécie ces périodes de solitudes. Je peux rattraper mon retard sur les programmes télés que j'ai enregistrés.

Le premier mardi des vacances de printemps, papa nous demande subitement de préparer nos bagages pour aller à Aspen, dans le Colorado, où il a un rendez-vous d'affaires de dernière minute. Ma mère est toute excitée. Moi aussi, même si je me demande à quoi je vais m'occuper là-bas.

Le vol dure trois heures. Mon sac de cours glissé sous le siège, je tiens un exemple de Sa Majesté des mouches sur mes genoux. J'étais décidée à lire, même si je déteste ça.

Je parviens tout de même à me plonger dans ma lecture pendant un moment... Jusqu'à ce que mes parents m'interrompent... Puis l'hôtesse de l'air... Et qu'on soit enfin obligés à boucler nos ceintures pour l'atterrissage.